Le règne de Justinien apparaît, dans l’histoire de Byzance, comme une erreur aux proportions grandioses. L’erreur fut d’interrompre une évolution normale et nécessaire : alors que l’empire était déjà, pratiquement, devenu empire d’Orient, alors que les empereurs du Ve siècle, s’ils avaient maintenu leurs droits théoriques sur l’Occident, l’avaient en fait abandonné et sacrifié au salut de l’Orient, Justinien dès le début de son règne tourna ses regards et ses ambitions vers l’ouest – vers le passé. Et pour ressusciter cette partie morte de l’empire, il déploya un effort immense, qui épuisa la partie vivante.
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