Les études ne sont pas toujours un long fleuve tranquille. Dans son nouveau roman 'Rita' (Flammarion Jeunesse), Marie Pavlenko aborde un sujet délicat : celui de la précarité et de la pauvreté chez certains étudiants. Ce sont ses proches et autres connaissances qui nous racontent Rita, essayant de comprendre comment il a pu lui arriver ce qui lui est arrivé.
Marie Pavlenko nous explique dans cette vidéo le pourquoi de ce roman jeunesse (à partir de 13 ans), et quels sont les thèmes qui l'irriguent.
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Je suis une orkla, sans foi ni loi, je connais ma place : celle que je prends, jamais celle qu’on me donne.
J’ai l’impression qu’un corps d’homme brisé, peut-être un relent des guerres, justement, est plus acceptable. Une blessure, ça fait warrior. Pour une femme, dans l’inconscient de plein de gens, la féminité écorchée est une monstruosité.
-Ok, je te suivais. Et après ? [...]
-Eh ben, t'arrêtes ! Tu arrêtes tout de suite de me suivre ! rétorquais-je.
-Impossible.
-Comment ça, impossible ?
-Je n'arrêterai pas de te suivre.
-Pourquoi ?
-Parce que. Je te suis. [...]
-Mais... Tu me suis ! Et tout va bien ?
Il resta silencieux, impassible.
-Nan, mais tu t'entends ?! brallai-je. Tu te rends compte de ce que tu me dis ? T'es un grand malade ou quoi ?
J’ai un souvenir très net du choc ressenti lorsque j’ai déchiffré mon premier mot. TA-BLE. À l’instant précis où je l’ai lu en bégayant, une table a jailli dans ma tête. Cette table existait, et en même temps, n’existait pas.
Je croyais connaître le désert mais j’en découvre la complexité. Il est ocre, rouge, orangé, pâlot ou profond, il est illuminé par le soleil et terni par la nuit, il est bas, haut, plat, il est sablonneux ou couvert de caillasses, ses plis se resserrent pour former d’énormes collines, il se déchire, s’ouvre en deux, et de longues crevasses le nervurent avant de se refermer comme des plaies.
-Tu sais que j'ai une porte avec sonnette ?
-Ce que tu peux être rabat-joie parfois... soupira-t-il.
-Mais t'as quel âge ? lançais-je exaspérée.
-Ca dépend. On va dire 24 pour faire court.
Lorsqu’Aurèle a repéré un trou dans un arbre, qu’il a gratté le tronc à la base, et qu’une tête ronde aux yeux jaunes en est sortie, Abi a failli pousser un cri. La chouette les a dévisagés, puis est retournée dans son antre. Ils se sont regardés, tous les six, avec la certitude d’avoir frôlé la Beauté.
L’humiliation est une seconde peau putride dont je n’arrive pas à me défaire.
- L'autre jour, mon père et ma mère étaient tout suintants d'attention l'un pour l'autre, à se faire des mamours, et ce matin mon père se balade avec sa maîtresse. Devant mon lycée ! Quelle plaie les parents, mais quelle plaie...
Ni Victor ni Jamal ne répondent.
Je relève la tête, abasourdie.
- Non ?
Victor jette un rapide coup d'oeil à Jamal et grignote l'intérieur de sa joue. Allons bon, qu'est-ce que j'ai encore dit ?
- Les miens sont morts il y a deux ans, m'éclaire Jamal d'une voix calme. Il ne se passe pas un jour sans que j'espère qu'ils soient encore avec moi pour me faire chier.
(p. 75)
Vivre chez les orklas comporte une multitude d'inconvénients, parmi lesquels la saleté, la promiscuité, la pauvreté. La faim aussi. La mort, beaucoup. Mais on y déniche également des valeurs qu'on ne croise pas ailleurs dans la Cité des Six, comme la solidarité. Oh bien sûr, il y a des sales types, dans mon husta, des traîtres, des fous, des mégères, des ivrognes, des lâches, des méchantes, des pervers, des avares, des avortons, des bavards. Mais on est tous le cauchemar de quelqu'un.