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Editions Le Soupirail [corriger]


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Eko

Ėko, j’ai longtemps cherché si ce nom correspondait à quelque chose de précis en lituanien, autant dire que je n’ai rien trouvé, le lituanien n’étant pas une langue très transparente pour un francophone, et la consultation du dictionnaire lituanien fut assez folklorique. En-tout-cas, nous suivons un narrateur sans nom, mais tout aussi lituanien que notre auteur. Il déambule dans les rues vides de la capitale, nous gratifiant du fil de ses pensées et des réflexions qui l’agitent. Il faut savoir que la nouvelle ayant inspiré ce roman a été écrite en 2019 juste avant la pandémie que l’on connaît, si je devais y croire, je dirais que l’auteur extralucide a été traversé par un éclair de génie tellement la fiction rejoint la réalité encore à venir de cette pandémie.



La longue déambulation de notre narrateur débute en été, au mois d’août, et finit dans l’hiver du mois de décembre. C’est quasiment l’apocalypse dans la capitale française, les Parisiens ont déserté leur ville, ils ont laissé derrière eux appartements encore cafi d’affaires. Notre lituanien Parisien nous décrit avec beaucoup de poésie une capitale qui retourne à l’état sauvage, vidée de toute civilisation, où la nature reprend ses droits. Le dénuement de la ville est propice à l’envahissement de la pensée de l’homme, qui observe et analyse le monde désolé qui l’entoure. C’est une ode philosophique menée par la réflexion sur la nature de l’homme, sa concupiscence qui l’a mené à sa perte. Toute cette œuvre, cette urbanisation à outrance, qui n’a plus aucun sens, dont les fonctions ont dépourvu la ville de son âme, l’inanité de l’accumulation de tout. Dès le début, on assiste à travers les yeux de notre homme un lent processus de destruction, comme si la civilisation était à bout d’elle-même, tout comme la mémoire de l’homme fuit peu à peu.



Le nom du chien, Ėko, m’a interpellée dès le début, c’est la raison pour laquelle j’ai cherché une éventuelle traduction en français. Et puis l’auteur est également francophone, peut-être pourrait-on y voir une homophonie avec notre écho français, le chien comme un écho du narrateur, dans sa solitude et ses errements dans la ville ? C’est en tout cas ce que la traduction en anglais (echo) me pousse à penser. Si la ville est vidée de toute sa consistance – À quoi sert un musée, ici Le Louvre, s’il n’y a plus personne pour admirer ses œuvres d’art ? – le narrateur, lui-même double fantomatique de notre auteur, la repeuple avec les personnages de ses romans, dont certains qui n’ont pas (encore) été traduits en France : Serge d’Un morceau de ciel sur terre, Linda et Gilles du recueil (non traduit encore en français ) de nouvelles Les briquets anarchistes. Il la regarnit de son propre folklore lituanien, là où la fanfare parisienne se mélange aux Skudučiai, une sorte de flûte de pan lituanienne, et aux surtatines (chants folkoriques) de son pays. C’est une capitale vide et revue d’après la culture d’un citoyen lituanien, là où Saint-Martin devient Sventojo Martyno, elle y prend ses consonances du pays balte.



Pour creuser le sujet, il a cette vidéo montrant une discussion dédiée au titre de l’auteur lituanien, introduite par un discours de Son Excellence l’Ambassadeur de Lituanie, Nerijus Aleksiejūnas, au nom et à l’accent très chantant, en présence d’Emmanuelle Viala Moysan, la fondatrice des éditions Le Soupirail. On notera également la magnifique couverture du roman dans sa version originale, qui a su mettre parfaitement en valeur la capitale, ses artères exsangues, baignant dans les couleurs de l’automne propres au roman.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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