Invasion, annexion, construction d’un mur… Pour les droits des Sahraouis
Je commence par un détour. La langue française et le sexisme grammatical construit par l’académie. Ainsi Marie-Jo Fressard est la marraine de prisonniers politiques sahraouis. Et en tant que marraine, elle les parraine…
Des prisonniers politiques, une marraine, un long travail de soutien. L’auteure rappelle que « Le régime monarchique, qui affirme qu’il n’y a plus de prisonniers politiques au Maroc applique l’infaillible recette des dictateurs pour transformer un prisonnier politique en prisonnier de droit commun : une « bonne » torture pour faire avouer un des nombreux forfaits hautement sanctionnables : atteinte à la sacralité du monarque, à la famille royale, à l’intégrité territoriale, à la marocanité du Sahara, outrage au drapeau, caricature, utilisation des expressions Sahara « occidental », « colonisation », qui sont qualifiés d’atteinte à la sureté de l’Etat, etc. »
L’auteure revient sur l’histoire de ce territoire, parcouru par des nomades avant 1884, colonisé par l’Espagne de 1884 à 1972 (depuis les années 50, l’ONU exige la décolonisation de ce pays, qualifié de « territoire non autonome »), de 1973 à aujourd’hui « de la guerre de décolonisation à l’occupation marocaine qui se prolonge » (Espagne, Maroc, Mauritanie)… La stratégie du royaume marocain est expliquée, gagner du temps, renforcer sa position, coloniser les territoires occupés… sans oublier la construction d’un mur de 2 720 kilomètres de long, un mur qui coupe le pays en deux, un mur érigé, doit-on le préciser en violation du droit international.
Une société vivante, la République arabe sahraouie démocratique (RASD), les « fils des nuages ». Marie-Jo Fressard en décrit de nombreux aspects. Elle aborde aussi l’exil et la diaspora, « Hors du Sahara occidental, tout est exil pour les Sahraouis ».
J’ai notamment été intéressé par les pages sur les marrainages/parrainages, les appels téléphoniques, les parcours de vie de prisonniers, les résistances…
Comme l’indique Samuele de l’Apso dans sa postface, Marie-Jo « transmet par ses écrits les vies écorchés d’hommes avides de liberté et d’égalité, mais elle partage aussi volontiers les matériaux et les instructions pour assembler un four solaire pas cher, et la recette des délicieux petits gâteaux à y cuire »
Je reste toujours surpris par le silence de celles et ceux qui soutiennent, à juste titre, les droits des Palestinien-ne-s mais sont bien silencieuses et silencieux sur ceux des Sahraouis. Y aurait-il des colonialismes plus acceptables que d’autres ? Je rappelle que les déclarations des Sahraouis concernant la Palestine sont sans ambiguïté. Nous devons soutenir les un-e-s et les autres contre les pays colonisateurs, là Israël, ici le Maroc… Un livre donc à diffuser, une solidarité à développer.
« Face à l’injustice faite à la nation sahraouie, à ce pays dont les habitants originaires ont une langue, une culture, un gouvernement propre, il y a les petites mains, les croyances, les courages des Sahraouis, et des amis, aiguillant chaque fois que possible les consciences endormies »
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