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La dernière poignée de sable

Un polar super documenté sur une affaire méconnue. Il existe alors une dernière colonie en Afrique? A deux pas de l'Europe? Et avec pour colonisateur le Maroc, destination touristique numéro un?

Nous apprenons énormément de choses dans ce thriller (et merci pour a biblio en fin d'ouvrage). Un voyage là où on ne s'y attend pas!
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La dernière poignée de sable

Un univers démesuré et minuscule



« Appelle-moi Suba. Non pas la conteuse, l’ancienne, la sage, la griotte. Non plus l’historienne ou la narratrice. Juste Suba, qui mêle les voix du passé à celles du présent et du future pour raconter une histoire, dire mon Histoire ».



Suba interviendra à chaque début de chapitre, ponctuant de son histoire, faisant dialoguer les voix qui l’habitent, récoltant et semant des poignée de sable, dressant une tente de repos et de réflexion pour les lectrices et les lecteurs…



Ursula A. nous propose un roman noir, une projection possible ou espérée en 2022, une histoire de meurtre et une double enquête. Sam, ethnologue au sein d’une mission des Nations-Unis, relate à la fois la vie des Sarahouis, les effets de la colonisation marocaine, les imbrications mafieuses et policières… tout en cherchant des pistes, les causes et les responsables de l’assasinat de son ami Vincent.



Le désert, le vent, les tentes, le sable, « Le désert était entré dans la tente comme les autres fois. Le sable était partout, le plus infime espace n’avait pas été épargné », la question des droits des peuples autochtones, le temps d’un meurtre, le Sahara Occidental « dernière colonie restant en Afrique », des femmes et des hommes.



Les règles propres au roman noir, dans la lignée hier de grands écrivains étasuniens ou aujourd’hui d’auteurs et autrices de Scandinavie diffèrent de celles des enquêtes proprement policières. L’insistance mis sur les personnages et les contextes forment la trame de l’intérêt et de la lecture.



« Mon récit tisse Histoire, événements, fables, vérités et mensonges ».



En introduisant plusieurs fois, la voix de l’assassin, l’autrice ponctue son récit, d’un autre récit, la justification de la violence et des exactions policières, l’impunité construite par un pouvoir monarchique, l’usage de moyens crapuleux contre les droits des personnes humaines, le peu de poids de la vie humaine face aux intérêts matériels de ceux qui entendent bien ne pas en être privés.



La mise en mot de la colonisation et de ses effets s’imbrique aux descriptions des logiques criminelles, aux appropriations privatives des ressources naturelles, aux actions de barbouzes, au racisme mesquin, à la vie dans les camps, aux palabres, aux constructions mythiques de la marocanité, aux disparu·es, aux génies de lampe exaspérés…



Comme les autres murs de la honte, le mur de sable sera renversé…



Le titre de cette note est emprunté à Suba.
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Drôle d'occupation pour une grand-mère

Invasion, annexion, construction d’un mur… Pour les droits des Sahraouis



Je commence par un détour. La langue française et le sexisme grammatical construit par l’académie. Ainsi Marie-Jo Fressard est la marraine de prisonniers politiques sahraouis. Et en tant que marraine, elle les parraine…



Des prisonniers politiques, une marraine, un long travail de soutien. L’auteure rappelle que « Le régime monarchique, qui affirme qu’il n’y a plus de prisonniers politiques au Maroc applique l’infaillible recette des dictateurs pour transformer un prisonnier politique en prisonnier de droit commun : une « bonne » torture pour faire avouer un des nombreux forfaits hautement sanctionnables : atteinte à la sacralité du monarque, à la famille royale, à l’intégrité territoriale, à la marocanité du Sahara, outrage au drapeau, caricature, utilisation des expressions Sahara « occidental », « colonisation », qui sont qualifiés d’atteinte à la sureté de l’Etat, etc. »



L’auteure revient sur l’histoire de ce territoire, parcouru par des nomades avant 1884, colonisé par l’Espagne de 1884 à 1972 (depuis les années 50, l’ONU exige la décolonisation de ce pays, qualifié de « territoire non autonome »), de 1973 à aujourd’hui « de la guerre de décolonisation à l’occupation marocaine qui se prolonge » (Espagne, Maroc, Mauritanie)… La stratégie du royaume marocain est expliquée, gagner du temps, renforcer sa position, coloniser les territoires occupés… sans oublier la construction d’un mur de 2 720 kilomètres de long, un mur qui coupe le pays en deux, un mur érigé, doit-on le préciser en violation du droit international.



Une société vivante, la République arabe sahraouie démocratique (RASD), les « fils des nuages ». Marie-Jo Fressard en décrit de nombreux aspects. Elle aborde aussi l’exil et la diaspora, « Hors du Sahara occidental, tout est exil pour les Sahraouis ».



J’ai notamment été intéressé par les pages sur les marrainages/parrainages, les appels téléphoniques, les parcours de vie de prisonniers, les résistances…



Comme l’indique Samuele de l’Apso dans sa postface, Marie-Jo « transmet par ses écrits les vies écorchés d’hommes avides de liberté et d’égalité, mais elle partage aussi volontiers les matériaux et les instructions pour assembler un four solaire pas cher, et la recette des délicieux petits gâteaux à y cuire »



Je reste toujours surpris par le silence de celles et ceux qui soutiennent, à juste titre, les droits des Palestinien-ne-s mais sont bien silencieuses et silencieux sur ceux des Sahraouis. Y aurait-il des colonialismes plus acceptables que d’autres ? Je rappelle que les déclarations des Sahraouis concernant la Palestine sont sans ambiguïté. Nous devons soutenir les un-e-s et les autres contre les pays colonisateurs, là Israël, ici le Maroc… Un livre donc à diffuser, une solidarité à développer.



« Face à l’injustice faite à la nation sahraouie, à ce pays dont les habitants originaires ont une langue, une culture, un gouvernement propre, il y a les petites mains, les croyances, les courages des Sahraouis, et des amis, aiguillant chaque fois que possible les consciences endormies »
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