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Le Magicien Maugraby

Si l'on avait pu explorer le cerveau de Jacques Cazotte au XVIIIe siècle alors qu'il était en pleine création littéraire, le voyage aurait été à coup sûr foisonnant de contes et de rêveries, débordant de merveilleux, farci de diablerie et grouillant de mille mots nourris des Mille et une nuits.



Lorsque j'ai reçu Le Magicien Maugraby, j'ai d'abord admiré l'objet qui déjà rend hommage à cet esprit fertile: ses détails (nombreux), la grande qualité de son papier, les caractères de son titre, et bien sûr les illustrations au stylo à bille de Prisca Milanese (qui accompagneront ensuite ma lecture de mystères et d'images venues d'ailleurs).



Après avoir contemplé ce nouvel objet littéraire de la collection Plurabelle (qui décidément porte merveilleusement son nom), j'ai lu avec attention la note éclairante de Lorenzo Flabbi sur l'histoire du texte et les choix opérés par les éditions L'Orma. Puis j'ai pu en savoir plus sur l'auteur à travers deux courts textes de Gérard de Nerval et Charles Nodier, pour parfaire l'entrée dans l'histoire incroyable de ce fameux Maugraby, présenté en quatrième de couverture comme "la suite maléfique des Mille et une nuits".



"Maléfique"- comme une évidence chez Cazotte- un adjectif dont il semble avoir exploré tous les interstices au cours de sa vie. Le Diable amoureux (1772) est considéré comme un des textes précurseurs de la vaine fantastique développée au siècle suivant. Et du diable il en est à nouveau question ici. Le magicien (Maugraby) en est la figure sombre incarnée.

Cazotte, porté par le goût pour l'orientalisme à son époque- notamment par la publication des Mille et une nuits- imagine une forme de suite plus ou moins proche des célèbres contes orientaux à travers une série de récits enchâssés rapportés par la voix de Shéhérazade.



Maugraby, au service du diabolique Zatanaï, s'est donné pour mission de soumettre les princes et les princesses à la tentation d'être entièrement à son service. Il est le mal incarné et à force de sorcellerie, discours rusés et fallacieux, subterfuges malins et tours de magie en tous genres, il parvient à ses fins et réduit les figures les plus convoitées et les plus respectées à de vulgaires esclaves à son service.

La course du "maudit magicien" semble alors intarissable. Prenant toutes les formes possibles pour mieux duper ses proies (de l'homme/la femme à l'animal), il met à genou les royaumes qu'il traverse, sème le désespoir et persécute à l'envi.

Entre menaces et (fausses) caresses, son esprit machiavélique hypnotise ses victimes, les manipule, pour en faire des êtres aliénés.

Mais on le sait, la folie de la puissance destructrice un jour se heurte à une autre puissance, plus dominante encore, constituant ici l'ultime récit de ce recueil qui est sans doute celui que j'ai préféré, à la lumière des trois autres contes qui l'ont précédé.

Bref, un voyage réussi au pays de la perfidie et de la magie, dans un bel écrin éditorial !
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