Kaplume [corriger]

Roman polyphonique, les voix des « trois » et d'autres personnes gravitent dans cette histoire sans que le lecteur se sente perdu à aucun moment. Chacun apparaît sur le devant de la scène et nous conte son vécu avant de céder sa place à une autre, pour réapparaître plus tard en une sorte de ballet littéraire d'une grande fluidité

Réunis pour la première fois depuis vingt ans afin d'entourer Alain dans ses derniers moments, leurs retrouvailles sur cette terre bretonne, complice de leurs années d'insouciance et de leurs amours, s'avèrent difficiles. Un malaise est tangible dont le lecteur ne perçoit pas l'origine au départ jusqu'à ce que les blessures mal cicatrisées s'ouvrent à nouveau, les failles laissent entrevoir des gouffres et les secrets soigneusement entouis sous les strates des années se mettent à sortir de leurs cachettes. Et croyez-moi, ils sont nombreux à refaire surface...

Julie Desb nous propose un second roman tout en sensibilité comme elle sait si bien faire. Il est loin d'être léger toutefois, les thématiques évoquées sont costaudes. Et pourtant, elle est parvenue à insuffler de l'harmonie, de la poésie et de la beauté jusque dans les pires situations

Mentions spéciales pour la construction impeccable d'une intrigue qui ne perd jamais le lecteur en dépit de sa grande complexité. Pour les magnifiques descriptions de paysages qui nous emmènent en voyage. Enfin, pour la chute ultime qui m’a laissé bouche bée

J'ai trouvé que Juliette Mouquet a décrit avec beaucoup de finesse des aspects de la société sénégalaise, certains codes sociaux, et j'ai bien aimé la quête personnelle (universelle finalement) de Suzanne qui est développée en filigrane tout au long du roman, ses pensées, ses doutes, ses moments de révélation à elle-même, ou de malaise, sans angélisme non plus.

Très chouette !