J’avais eu du mal lors de ma première rencontre avec Saint-John Perse ; beaucoup trop obscur pour ma modeste compréhension.
"Sa poésie est réputée pour son hermétisme, mais aussi pour sa force d’évocation", nous dit Wikipedia.
Lors de cette première rencontre, j’avais calé sur l’hermétisme, qui m’avait caché la force d’évocation.
On la retrouve davantage, heureusement, dans "Éloges".
Éloges qu’il adresse à son enfance guadeloupéenne, restituant admirablement l’atmosphère tropicale, chaleur, moiteur, végétation oppressante.
Beaucoup de sensualité dans ses descriptions pleines de sous-entendus : "Je m’éveille songeant au fruit noir de l’Anibe ; à des fleurs en paquets sous l’aisselle des feuilles."
Beaucoup de beauté dans ses vers libres, avec parfois le petit choc d’une image incongrue, d’un mot insolite :
"Cependant le bateau fait une ombre vert-bleue ; paisible, clairvoyante, envahie de glucoses où paissent
en bandes souples qui sinuent
ces poissons qui s’en vont comme le thème au long du chant."
Hélas, beaucoup aussi de mots qui fâchent, comme de trouver dans la même phrase Nègre, fourbe et vicieux…
… ou ce ton colonialiste avec lequel il exprime son obsession de "jeune maître" pour le corps des domestiques noires.
Je n’ai très probablement pas tout compris. Mais ce qui semble le plus transparent ne me donne guère envie de poursuivre avec Saint-John Perse…
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