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    Senna le 26 décembre 2020
    Vraiment sympa la nouvelle de JML38  . Il y a un petit côté fantastique agréable.
    JML38 le 26 décembre 2020
    Merci SarM et Senna  pour vos retours
    Walex le 26 décembre 2020
    En ce jour particulier, j’ai le plaisir de publier ici même et pour la tout première fois cette BD majeure de ma production, fraîchement mise en couleur et réécrite pour l'occasion.
    Majeure, puisqu’elle a été imaginée et dessinée il y a maintenant tout juste 18 ans, ce qui, je m'en excuse, n'en fait vraiment pas une œuvre très mature....
    Jour particulier, puisqu’elle met en scène probablement un ami qui fête justement son anniversaire aujourd'hui.
    Et probablement un ami, puisqu'après sa lecture je me demande bien quelle sera désormais notre relation (huhuhu :P) !

    http://toutetatom.free.fr/crea/bd/2020-12_letempsdunreve-00.jpg

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    Toute ressemblance avec une ancienne participation n'est, après réflexion, peut-être pas si fortuite que cela...
    SarM le 27 décembre 2020
    Haha ! Walex   Génial !
    Clouffee le 27 décembre 2020
    L’espace et le temps sont élastiques, plus rien n’a d’importance, tout n’est que douceur.

    Au cœur de ce jardin luxuriant, de cette alcôve de végétation aux allures de petite jungle éclairée par la pleine lune, je me sens en paix.

    Les arbres respirent et chuchotent, leurs troncs souples se courbent, leurs branches se lèvent sur mon passage. J’enfouis mes pieds nus dans un tapis de mousse humide et palpitant, caresse des fleurs endormies dont les pétales frémissent sous mes doigts et exhalent leur entêtant parfum. 

    Au fur et à mesure que je m’enfonce dans ce jardin empreint de songes, une rumeur s’élève. Un doux souffle de géant émane de la terre meuble, les feuilles murmurent des souvenirs. Tout autour de moi, les hôtes du jardin se glissent entre les racines, se hissent sur les branchages pour me saluer. Des chats aux yeux scintillants bondissent et ondulent dans l’ombre ; parfois, l’un d’eux tend une patte investigatrice, me gratifie d’une petite tape avant de disparaître sans un bruit. Une nuée de papillons se fraie un chemin à travers l’épaisse végétation dans un même et infime bruissement d’ailes. Tout autour de moi, la nature s’éveille le temps d’un rêve nocturne imprégné de magie.

    Je m’étends sur la mousse recouvrant le sol verdoyant, me repais de sa fraîcheur, de son odeur de terre fertile. Les arbres dansent et s’entrelacent en une valse vieille de plusieurs millénaires ; tout près, je perçois le liseré argenté d’un ruisseau dont le clapotis me berce et me plonge dans une torpeur sereine. A travers les feuilles et les branchages ondulants, je distingue la voûte céleste d’un bleu sombre et limpide piqueté d’étoiles. Comblée, je pousse un soupir et ferme les yeux, souhaitant que ce rêve ne finisse jamais.
    mfrance le 27 décembre 2020
    Bravo Walex    Ceci mérite pour le moins une haie d'honneur !
    Donc, pour ce faire, j'ai convoqué fécondité, féline, félicité, féminine et plein d'autres fées ....
    ah, zut, j'avais oublié que tu ne voulais pas de fées !!!


    JML38   Excellent - Après le monstre des abysses, voici les mines du roi Salomon et son trésor ... tu as le goût de l'aventure et celui de la fraternité !
    mfrance le 27 décembre 2020
    VIVRE ... c'est rêver

    Le temps d'un rêve ? mais ce temps là, monsieur, c'est la vie !
    car c'est dans les rêves que l'on se sent exister,
    c'est dans les rêves que nous partons à l'aventure,
    que nous pourfendons le méchant,
    que nous sauvons l'héroïne,
    que nous épousons le prince ou la princesse,
    que nous devenons calife à la place du calife,
    que nous retrouvons les trésors enfouis,
    que nous inventons le fil à couper le beurre,
    que nous bâtissons les cathédrales,
    que nous découvrons l'Atlantide,
    que nous décrochons la lune,
    que nous tuons la mort ..... et que nous mettons le monde à nos pieds !

    Alexandre le Grand, Jules César, Christophe Colomb, Napoléon Bonaparte, Gengis Khan, Guillaume le Conquérant, tous ces gens là, ce n'est que du menu fretin.
    Aucun d'entre eux n'a pu réaliser la moitié du quart du centième, que dis-je du centième, du millième, parfaitement monsieur, du millième de ce que, moi, j'ai pu construire en rêve !
    Tenez, je vais vous donner quelques exemples.
    A votre avis, qui a écrit la recherche du temps perdu ?
    Comment, qu'est-ce que vous dites ? Marcel Proust ? mais vous plaisantez, monsieur. C'est moi évidemment, ce pauvre Marcel était bien trop occupé à se chouchouter au fond de son lit ou à parader chez la Guermantes ou la Verdurin pour s'atteler à un boulot aussi colossal. C'est en rêve que je l'ai conçue, monsieur, cette inoubliable recherche, parfaitement, et en mangeant des madeleines qui plus est ; ça m'aidait pour l'inspiration, mais ça m'a fait aussi prendre un peu de poids.

    Et les symphonies de Beethoven, qui les a composées à votre avis ? Pas ce pauvre Ludwig, bien sûr, le malheureux, il était sourd comme un pot, comment aurait-il pu pondre de pareils chefs d'oeuvre. Cette musique divine et éternelle, elle est de moi, monsieur, parfaitement ... mais je vous sens sceptique.

    Allons, je vais vous donner encore un autre exemple. Les Pyramides d'Egypte, qui, mais qui donc les a construites ? pas ces malheureux esclaves avec les ridicules moyens à leur disposition en cette lointaine époque, non, non, bien sûr que non !
    C'est moi qui les ai édifiées, parfaitement, car en rêve, on peut déplacer les montagnes et il n'y a qu'en rêve que de tels exploits sont possibles.

    Et des exemples de ce genre, j'en ai des milliers à vous proposer.
    Mais je ne veux pas abuser davantage de votre temps, monsieur, un mot de plus seulement.
    C'est cela l'existence, la vraie vie, car ce que nous dénommons communément la vie, ce n'est rien d'autre qu'une farce parfois hilarante, souvent sinistre, mais ce n'est vraiment rien d'autre qu'une triste farce qui voit l'anéantissement de tous nos espoirs et la disparition de tout ce que nous aimons.

    Aussi, il faut rêver, rêver couché, rêver en dormant, mais aussi rêver debout, en marchant, le nez au vent,
    car le rêve c'est la vie et tout le reste n'est que faribole.
    C'est ce que nous a enseigné Shakespeare et comme il a raison !
    "La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s'agite durant son heure sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus. C'est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien."


    Marie-France Morel
    Senna le 27 décembre 2020
    Excellent Walex. J'admire les personnes qui ont un don pour dessiner

    Pleins de jolis textes, il y en a pour tous les goûts. Comme quoi, les rêves inspirent beaucoup de monde
    SarM le 27 décembre 2020
    mfrance, belle conclusion bien que, j'espère lire encore d'autres textes !
    JML38 le 28 décembre 2020
    Merci mfrance  
    Original et astucieux de laisser Shakespeare conclure.
    agirlinindia le 28 décembre 2020


    CAPE PRESTIGE HOTEL



    Il y avait longtemps que Deepan était parti. Longtemps, pensa -t- elle.


    Ellis reconnu parfaitement la chambre. Le mobilier remplacé depuis, presque à l'identique, par les propriétaires du Cape Prestige Hotel. Le papier peint beige. Le parquet, rayé par endroits. Une petite bibliothèque, éclairée par un rayon de soleil. Un bureau, comme celui où Deepan avait pris l'habitude de s'installer pour travailler, chaque fois qu'il l'attendait. Il travaillait trois soirs par semaine à la réception de l'hôtel pour financer ses études. Toute la pièce, espacée et lumineuse, au 5e étage. La grande fenêtre qui donnait sur Devil's Peak*. Plus loin, on devinait les grues des nouveaux quartiers construits jusqu'à la Montagne de la Table*. Elle glissa dans le fauteuil et la seconde d'après, elle ferma les yeux et se laissa transporter, en douceur dans le voyage de ses pensées. De ses souvenirs. Dehors, un vent chaud s'était levé.


    A quoi ressemblait sa vie après Deepan ?


    Après des tergiversations, sa famille avait approuvé une vague relation avec un jeune chercheur norvégien. Ellis s'était elle-même persuadée qu'un mariage avec Sven représentait un compromis pour tout le monde. Pour elle d'abord. Pour oublier. Un compromis pour sa famille. Elle n'avait jamais vraiment abordé cette question là avec Sven. Puis les enfants étaient nés... et il valait mieux éviter que cette question épineuse ne resurgisse. La question des pourquoi et des choix. Le confort matériel avec Sven, le prestige familial, les vacances dans le park Krueger, les barbecues du dimanche sur la pelouse avec des amis-en couple-avec bébé, la piscine, les éternelles discussions aux sujets lisses et convenus, tout cela avait il un sens ? Tout cela devait-il effacer la fadeur de sa vie ?


    Ce soir, lorsqu'elle serait rentrée après son passage au Cape prestige, un verre à la main sur la terrasse, elle se souviendrait encore une fois de cette citation que son professeur de littérature leur avait demandé de commenter. « La nostalgie survient quand le présent n'est pas à la hauteur des promesses du passé ».


    Qu'avait elle fait de sa vie après le départ de Deepan ?


    Des bribes de souvenirs. Elle quittait le campus pour revenir à Sea Point* deux fois par mois. Son père lui avait ouvert le portail ; Ellis remarqua immédiatement son visage assombri. Elle perçut la tension ; sa mère et son frère Matt l'attendaient à l'intérieur, en silence. Son père se montra inquisiteur et lui demanda sans tarder où elle passait certaines de ses soirées étudiantes. Avait-il été averti ? Prise de cours, n'ayant à aucun moment envisagé que sa famille pouvait être mise au courant de ses absences nocturnes, elle nia. Jusqu'au moment où , excédé, son père sortit de sa mallette un objet qu'il exhiba : La clé n°200 , avec au dos du porte clé l'adresse du Cape Prestige Hotel, qu'elle laissait au fond de son sac de cours. Au bord du malaise, Ellis sentit monter les larmes et la peur.


    Qu'avait-elle fait de sa vie depuis seize ans ?


    Sans Deepan, la motivation perdue, défaite, elle n'avait pu terminer ses études. Van Rutters, le vieux maître de conférence, qui était aussi son professeur d'économie, avait tenté de la convaincre d'achever son cycle. Il s'était montré indulgent. Elle était jeune, elle traversait une épreuve personnelle. La compréhension et la sagesse de cet homme entre deux âges avait permis à Ellis de ne pas sombrer, mais ses forces, l'intérêt pour aller jusqu'aux examens et au diplôme lui manquaient. Elle avait quitté le campus en avril, au grand regret de Van Rutters. Elle avait mobilisé toutes ses forces pour se relever de l'épreuve.



    La famille de Deepan avait vécu l'humiliation de cette relation mixte dans une grande pudeur et dans l'isolement. Meurtri par la séparation forcée, Deepan s'était envolé quelques jours après vers la communauté indienne de Bristol. Il y terminerait ses études de médecine. Il n'y eut plus ni lettre, ni téléphone.


    Depuis le départ de Deepan, Ellis revenait parfois au Cape prestige. La chambre n°200 qui avait abrité leurs trois ans d'amour. Mais là , il s'était écoulé quelques années depuis son dernier pèlerinage secret et solitaire.


    C'est Matt qui avait pris l'appel cet après midi là. Allongée à l'ombre, elle résistait à la chaleur de ce début d'après midi, après un repas chez ses parents. Matt profita d'un moment où Sven et les parents s'étaient éloignés et s'approcha pour lui glisser dans la main un morceau de papier. Surprise, Ellis déchiffra un numéro de téléphone griffonné par son frère.

    « Tu te souviens de Van Rutters, ton prof ? »

    Ellis acquiesa. « Il vient d’appeler » poursuivit Matt. « J'ai préféré être bref, parce que les parents sont là et auraient pu jouer les curieux ».

    «  Ca fait des années qu'on n'est plus en contact. Je m'en veux un peu. Van Rutters fait partie du passé. Qu'est ce qu'il voulait ? » demanda Ellis.

    « Il voulait te parler... » Matt leva les yeux vers Ellis. « Elly.... Deepan est ici. C'est Van Rutters qui appelait de sa part. Rappelle-le dès que tu pourras ».


    Qu'avait fait Deepan pendant toutes ces années ?



    Deux jours après, de passage à Sea Point, Matt lui remit une enveloppe. Ellis y découvrit la clé de la chambre n°200. Et une photo que Deepan avait prise au Cape prestige Hotel. Ellis y apparaissait. 1978, ses cheveux blonds défaits, sa chemise rouge à manches courtes et son rouge à lèvres assorti, le collier de perles et le pendentif étoilé. Deepan avait gardé ce cliché pendant des années. Au dos, Deepan avait inscrit un numéro de téléphone, et juste ces mots : « je t'attends. Viens vite ».


    ***


    Devil's paek , La Montagne de la table et Sea point sont des quartiers de la ville du Cap.


    piccolanina le 28 décembre 2020
    Senna le 28 décembre 2020

    À chacun de ses pas, le monde entier se tournait vers lui. Il inspirait l’aisance et la force par son charisme. Au cours d’EPS ? C’était lui que l’on choisissait en premier. Dans la cours avant de rejoindre la salle, tout un groupe d’élèves s’était constitué auprès de lui et son humour faisait rire l’assemblée.
    Son cœur s’emballa lorsque la belle et délicieuse Coline s’approcha. Ses longs cheveux d’un noir profond dansaient au gré du vent. Tout émanait d’elle la grâce. Il adorait tout d’elle, même sa démarche où chaque pas se faisait avec délicatesse comme si ses pieds caressaient le sol. Elle lui sourit. Quelques mots et les deux mains se rassemblèrent. Puis, leurs lèvres se touchèrent. Il commença à caresser son délicat visage.

    L’enfant émanait de son songe quand il reçut sur le visage un caillou. Il n’était rien aux yeux des autres. Il ne put esquiver un second projectile. Le message était clair : il était indésirable sur ces terres et devait partir. L’adolescent boutonneux se leva d’un pas nonchalant. La dure réalité avait chassé la douce illusion d’une chimère qu’il s’était créée. Il se dirigea vers le bâtiment. Une fois dedans, il gravit l’escalier. Durant l’interlude des études, la montée était presque déserte et il croisa quelques élèves. Il passa le premier étage où exerçait Monsieur Holoir, professeur d’Histoire-Géographie. Les yeux rivés au sol dans sa détresse, il n’adressa pas un regard et poursuivit sa marche. Pourtant, il se souvint de chacun de ces cours où l’enseignant l’avait pris comme souffre-douleur. Il ne s’était pas passé une seule fois sans que l’homme ne l’humilia par ses paroles blessantes devant un oratoire exulté. Une goutte perla et glissa sur son visage, laissant une note salée sur ses lèvres.
    Il atteignit le second palier, ici se trouvait son petit havre de paix. Monsieur Bignol enseignait la biologie. Il imposait le respect par sa simple présence. Durant une heure ou deux, il déversait son savoir, l’assistance restait muette. L’adolescent recevait tel un calice, ce nectar de sciences.

    Il parvint au troisième et dernier étage, de là il pénétra dans un couloir. De chaque côté des salles. Il en choisit une. Des peintures, des dessins, des œuvres étranges… les arts plastiques. Il se dirigea vers une fenêtre qu’il ouvrit et enjamba.
    Au bord du vide, le regard dans le néant, la foule s’était tue et s’était tournée vers lui. Pour une fois, il serait enfin reconnu. Il suffisait d’un pas et il échapperait à son enfer. Il ferma les yeux et il ignora combien de temps il restait ainsi. Il se décida à se jeter.
    Une solide main vint le retenir. Il fut projeté au sol. Lui qui pensait voir sa carcasse s’écraser autour des élèves et éclabousser de son sang la marée humaine. Il s’attendait même à ressentir une douleur physique qui chasserait ces plaies psychiques. Au lieu de cela, il se retrouva allongé sur le carrelage. Au-dessus de lui, il vit le regard sévère de Monsieur Bignol.

    Plusieurs années se sont écoulées depuis sa tentative de suicide. Il devint désormais un brillant biologiste. Lorsqu’il reçut son prix Nobel de médecine, ses premières pensées revinrent au visage de Monsieur Bignol, lui qui lui avait déversé tout son savoir. Comme il aurait tant aimé que ce professeur émérite soit là.

    Lilydepp le 28 décembre 2020
    SarM  Merci pour votre retour encourageant. J'ai lu votre texte. Un bel extrait, qui prend tout son sens à la fin. Une conclusion inattendue, poignante. Bravo.

    agirlinindia  J'ai bien aimé votre texte, l'émotion est présente, on est d'emblée transporté.
    Senna  Récit très émouvant, subtilement écrit. Chapeau.
    Walex le 29 décembre 2020
    mfrance a dit :

    Bravo Walex    Ceci mérite pour le moins une haie d'honneur !
    Donc, pour ce faire, j'ai convoqué fécondité, féline, félicité, féminine et plein d'autres fées ....
    ah, zut, j'avais oublié que tu ne voulais pas de fées !!!


    Merci mfrance  ! Et tiens, d'ailleurs, tu m'as donné là de belles idées, et à l'occasion (et sans doute après concours), je reprendrais bien ces quelques mots pour améliorer les dialogues de la petite fée, merci ! ;)
    franceflamboyant le 29 décembre 2020
    Quelle belle surprise, Walex !

    mfrance et Senna : je viens de lire vos deux textes. Ils sont singuliers.

    Beaucoup de textes non lus pour moi donc des lectures à faire...
    IdylTale le 29 décembre 2020
    Bonjour, voici ma petite contribution !

    Je fais souvent ce rêve où je suis forte, indépendante et intrépide. Je brave tous les dangers, rien ne peux m’arriver !

    Il fait chaud, j’avale les kilomètres, je roule sans penser à ma destination finale, je n’en ai pas, je suis libre, libre de faire ce que je veux, d’aller où je veux.

    Sentir la chaleur du soleil sur ma peau me rend heureuse tout en écoutant Let’s Love à fond dans mes oreilles, je l’écoute en boucle en ce moment, ce son m’inspire tellement.

    Je décide de m’arrêter me rafraîchir un peu, dans un petit village où il y a une superette. Je m’achète quelques canettes de Soda bien fraîches, des fruits secs et une carte de la région. Je vois qu’il y a un point de vue pas loin, je choisis d’y aller, c’est un peu haut mais je ne me démonte pas, je grimpe. L’ endroit est désert, où sont passer les gens ? Peut être qu’il n’y a pas beaucoup d’habitants ou qu’ils ont autres choses à faire que d’aller se promener.

    J’y suis, la vue est splendide, vertigineuse ! Je domine tout le village et les autres alentours, tout est si petit ! Il faut faire attention, il y a juste une toute petite barrière en bois où se tenir, on peut glisser et tomber facilement dans ce trou géant. Je commence à boire une gorgée de Soda, ça pétille dans mon palais!

    J’entends des cris derrière moi, je sursaute et je fais tomber ma canette, j’essaie de la rattraper, je me penche trop en avant et je glisse, mes muscles se tendent et je m’agrippe à un arbre, il est là rassurant, je reprend mon souffle, me relève et je parviens à me hisser jusqu’au chemin.

    Il ne faut pas avoir peur, je vous l’avait dit que rien ne peux m’arriver !

    Il est temps de reprendre la route et c’est toujours au moment où je redémarre que je me réveille.

    C’est à cet instant que je prends pleinement conscience de la réalité, en pleine face !

    Je suis loin d’être courageuse que dans ce rêve, je suis une petite bulle d’ eau glacée qui peut crever à tout moment.

    Le temps d'un rêve
    Yemanya le 30 décembre 2020
    Bonjour,
    un petit texte sur le thème " le temps d'un rêve"

    les souvenirs 

    le soleil réchauffe doucement mon visage. j’aime ce moment, avant de me réveiller, quand le soleil baigne la chambre d’une douce chaleur. Je m’étire et je paresse, en appréciant l’odeur de café chaud et de pain grillé qui me caresse les narines.

    j’entends le satin de ta robe frôler les draps quand tu t’approches, je veux garder en mémoire ses sensations, pour toujours. Le contact de tes lèvres sur ma joue, la douceur de ta main sur mon front, ton parfum de vanille…

    Je nous revois courir dans le jardin, les cheveux au vent, un coquelicot sur l’oreille, l’herbe verte nous chatouillant les mollets. Nous tournions sur nous-même jusqu’à tomber au sol, en éclatant de rire, prises de vertige, respirant à pleins poumons l’air de la campagne.

    J’aimais tant grimper aux arbres et faire le cochon pendu, te souviens-tu ? Mamie nous houspillait car nous allions tomber, nous écorcher, nous rompre le cou !!! Et nous, nous montions plus haut pour attraper les cerises au bout des branches, les genoux écorchés, les jupes à rapiécer et le chemisier taché du jus des fruits carmin.

    Après nos aventures, Mamie nous avait préparé notre goûter, ce chocolat chaud avec des tartines, dont nous raffolions, ou quelquefois les croissants chauds de la boulangerie du coin. Je me rappelle que tu aimais dérouler ton croissant pour le tremper dans le chocolat, alors que, moi, je le dévorais à pleines dents.

    Tu es toujours là, petite sœur, la première à venir me rappeler tous ces souvenirs alors que je sommeille encore et tant que je sommeillerai…

    Dans la chambre verte et blanche de l’hôpital, Marie est passée, comme tous les jours, avant d’aller au bureau, embrasser sa grande sœur. Elle a mis la jolie robe en satin rose qu’Hélène lui avait offert et le parfum qu’elle aimait. Et elle commence à parler de leurs souvenirs...
    Darkhorse le 30 décembre 2020

    Le visage d’un dieu

                Ma grand-mère m’a donné rendez-vous ici il y a dix ans, mais les vitraux de la petite chapelle sont vides de son reflet. Mes parents m’ont empêchée de croire aux boniments de cette vieille femme que tout le monde a toujours délaissée, effrayés par sa marginalité, par ses croyances dérangeantes.
    Il y a dix ans, elle me convoquait en ce lieu après qu’une partie de mon corps m’ait quittée. Il y a huit ans, c’est elle qui me quittait. Et j’ai dû attendre d’être assez grande pour venir seule là où elle promettait de me guérir.
    Ce n’est pas dans cette chapelle qu’elle voulait que je me rende, et pourtant cet endroit est bien le bon.
                « Derrière la chapelle, se trouvent les ruines d’un ancien temple. Elles ne sont plus visibles, enfouies sous l’œuvre du temps, mais quelques pierres du mur d’enceinte résistent et persistent à délimiter le souvenir de ce lieu de guérison. Il faudra nous y rendre, ma petite Lucie, et y pratiquer l’incubation. »
    C’est ce qu’elle me dit à l’époque, mais elle ne fut pas autorisée à accomplir ce rite. Au lieu de ça, mes parents optèrent pour la médecine moderne, tout un tas de traitements et de consultations qui n’eurent aucun effet. Je suis toujours dans le même état, fragile, dépendante et accablée d’un désespoir figé.

                En faisant le tour sur une allée de gravier, j’aperçois derrière l’édifice un muret dormant au milieu d’une végétation libre. Des blocs empilés mais prêts à tomber comme les dents d’un vieillard forment un angle, une équerre de pierre laissée à l’abandon et qui s’ouvre sur un carré d’herbe. C’est là-bas qu’il faut que je m’allonge à la nuit tombée sous une lune gibbeuse.
    Le terrain en pente, m’aide, m’invite à glisser dans la maison oubliée, cachée par la maison fréquentée. La flèche altière de cette dernière s’étire en ombre sur le sol avec l’arrivée de la lune, mais il est trop tard pour qu’elle m’interdise l’accès. L’herbe délimitée vacille de reflets pâles agités par le souffle d’un zéphyr traînard. L’image pure de la scène déploie une influence onirique. Superbe.
                « C’est en réalité dans le rêve que tout se passe. »
    Oui grand-mère, je vais entrer dans le rêve.
    Je m’allonge alors sur le dos, chatouillée par les brins folâtres. Je croise les mains sur ma poitrine, et j’attends.
    Mais rien ne vient, aucun sommeil ne m’embarque et je prends alors mon mal en patience. J’écoute les murmures de la nuit parler de choses et d’autres et je regarde les étoiles palpiter leur halo lointain tandis que partout surgissent des odeurs noctambules. Le moment est doux, empli d’une chaleureuse magie.
    Et le sol se met à trembler tout autour de moi ; c’est comme si soudain un tapage se réveillait de sa sieste en sursaut, que la terre s’énervait et se tordait. Je me redresse en position demi-assise et une structure en bois se matérialise : des poteaux, une charpente, un squelette simple dénué de chair, ouvert sur l’extérieur. Un toit carré me prive de la présence du ciel et, tel un chapeau, apporte la touche finale au costume sacré. Je crois reconnaître la porte d’entrée qui m’invite à sortir et je passe son cadre de pierre servant de chambranle.
    Dès que je pose un pied dehors, un menhir jaillit devant moi en atteignant une hauteur intimidante. Puis plusieurs autres suivent, alignés les uns derrière les autres. Il y a deux rangées qui s’éloignent en perspective en face de mes yeux éberlués. Sur chacun de ces énormes menhirs, d’étranges lignes entremêlées forment des arabesques étourdissantes, et des animaux, des hommes et des femmes, des plantes et des chimères luisent alors comme des veines de cristal infusées de reflets sélénites.
    C’est un passage, un corridor qui s’est formé à la clarté de la lune et je veux l’emprunter. Je marche avec légèreté, fascinée, et tout au bout de ce corridor, un loup m’attend. C’est plutôt une louve, je le vois à la tendresse cachée dans ses yeux. Elle s’engage et disparait en miroitant au bout du passage. Je la suis.

                J’ai toujours aimé courir et je ne m’en prive pas. Je me cale sur la foulée de la louve et nous traversons avec facilité la surface réfléchissante d’un lac paisible éclairé par une pleine lune.
    La louve s’arrête, puis se retourne.
               « C’est en réalité dans les rêves que tout se passe. »
    Grand-mère ? Est-ce cette posture indomptable ou ce regard sauvage qui me la rappelle ? Même cette fourrure brille comme ses mèches de cendre.
    Mais elle ne me laisse pas le temps de la questionner, nous repartons à une allure folle et fière, seuls êtres semblant parcourir ce monde aux multiples paysages. Sans prévenir, le soleil s’est levé en dégainant sa radiance telles les lances éclairées de Zeus et réveille maintenant une exubérance protéiforme, une nature aussi variée qu’une imagination galopante peut créer. L’eau et la terre se mêlent aux végétaux et animaux de toutes sortes et moi je continue à courir parmi ce débordement de vie avec un émerveillement total.
    C’est au pied d’une somptueuse montagne aux flancs délicatement dessinés que s’arrête à nouveau la louve :
                « Monte toujours plus haut, Lucie, prends ton élan et ne t’arrête pas avant d’avoir contemplé le visage d’un dieu. »
    La louve me quitte sur ces paroles énigmatiques et j’entreprends alors mon ascension, pas après pas, les muscles très vite éreintés par l’élévation du relief.
    Je traverse des bois de pins sylvestres qui se clairsèment pour ne laisser que de vastes prairies rocailleuses où règne un fort vent hurlant. D’autres monts m’entourent et veillent de manière quelque peu indifférente sur mon avancée, à la manière de gardiens millénaires dont la force du serment s’est étiolée.
    La fatigue ne m’arrête pas. Je guette. Je prête une attention de tous les instants au moindre détail, à chaque trait et à chaque impression qui me rappelleraient la forme d’un visage. La ride d’une fissure, la fossette d’une crevasse, les cils d’une botryche lunaire, la barbe hirsute d’un gang de chardons ou encore la langue pendante d’un glacier… Je ressens néanmoins une solitude implacable, le sentiment de chercher vainement une illusion inatteignable. Mais je lutte, avec toute mon énergie je continue à lancer mon corps en avant, toujours plus haut, à motiver la cadence de mes pas obstinés, jusqu’à atteindre le sommet.
    Des blocs escarpés m’accueillent de leur insolence éternelle et je dois escalader à en perdre appui, me hisser à m’en meurtrir les doigts. Pour parvenir enfin à me tenir tout en haut, à l’apogée de cette montagne. Je peux presque toucher la coiffure vaporeuse des cieux et le soleil descend timidement, comme impressionné par ma hauteur. La lune vient à sa rencontre, apparaissant sur la même ligne, un peu au-dessus de l’horizon. La vallée en-dessous étire ses commissures dans un grand sourire tandis que les deux astres se fardent de nuances pastel.
    Je le vois alors, le visage du dieu. Immense et ultime, d’une évidence unique, à la fois profond et concret. Je me rends compte que derrière cette apparition se trouve encore une pléthore d’espaces à explorer, d’infinies découvertes à se réjouir. L’instant lui-même semble se déformer pour durer interminablement comme s’il me retenait pour que je continue à l’admirer, encore…

                C’est ainsi que je me réveille, accompagnée par cette vision qui m’imprègne. J’essaie de ne pas l’oublier, mais elle fuit quand même tel un présent qu’on ne m’accorde pas de garder.
    Cependant, j’ai compris l’essentiel.
                « C’est en réalité dans mon rêve que tout se passe. »
    C’est là-bas que je retournerai chaque fois que je voudrai retrouver l’usage de mes jambes et me fatiguer à marcher, courir et monter dans les espaces insoupçonnés de mon imagination.

               Mon fauteuil roulant m’attend près du mur d’enceinte et je rampe vers lui l’esprit tranquille, rassurée et plus optimiste.
    Je m’éloigne en laissant l’image de l’ancien temple replonger dans l’oubli. Mais moi je garde en mémoire le visage rêvé de la panacée.
    mfrance le 30 décembre 2020
    Darkhorse  on sent vraiment l'influence de Lovecraft dans tes écrits.
    Beau et étrange rêve ... et chute émouvante





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