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    Darkhorse le 28 septembre 2021
    Danke schön mfrance  Si je n'ai jamais lu Anne Rice, je connais bien sûr les adaptations cinématographiques et surtout le fascinant Entretien avec un vampire.
    J'ai voulu créer une ambiance gothique, voilà pourquoi l'opéra et le manoir, mais je pense que ce n'est pas très bien réussi. Je retravaillerais sûrement ça un jour en rallongeant cette nouvelle.

    Merci franceflamboyant et ravi de t'avoir envoûtée ! Rassure-toi, tu t'es bien démarquée ce mois-ci

    Merci JML38, on peut tellement jouer avec tout avec l'imaginaire !
    EveLyneV le 29 septembre 2021
    Je propose un nouveau texte :

    L’absent
     

    — Allo, bonjour… J’ai frappé chez vous, vous m’avez pas entendue ? Je vous appelle parce que je vous vois pas ces jours-ci. Je sais bien que vous sortez plus trop, mais vous pouvez quand même aller à dix kilomètres autour de l’immeuble… Vous avez un masque ?  c’est obligatoire, vous savez, je peux vous en donner. Et puis, votre boîte aux lettres, il faudrait la vider de temps en temps… Les résidents se fâchent, parce que le facteur met votre courrier dans les leurs… Et ils vous le déposent sur votre palier devant la porte… Vous le prenez pas ? Si vous me le demandez et m’ouvrez, je peux vous l’apporter… Vous savez bien que j’ai plus la clef, depuis longtemps… il faut se dire les choses maintenant, ça fera pas de mal… votre garnement faisait tellement de sottises, il écrivait sur les murs, crachait et jetait de la terre dans les escaliers et puis quand je le surprenais, il mentait ou m’insultait… ça se fait pas des choses pareilles, non ? c’est comme ça qu’on se parlait plus, déjà avec votre pauvre dame, Dieu ait son âme, et puis vous, après… c’est bien dommage… Enfin, quand vous êtes revenu… Dix ans à peu près que vous avez été absent, non ? Pendant ce temps-là, je peux vous dire que votre gars, il en a fait des pires encore et sa pauvre mère, elle y pouvait rien, je la voyais si mal… elle nous faisait bien de la peine… ah sa maladie, on sait d’où qu’elle venait… se tracasser comme ça tout le temps... c’est bien triste, enfin, maintenant vous êtes là et tout seul… Je dis que j’ai plus la clef de votre appartement, et je devrais, parce que si y avait un problème grave, il faut que j’entre, vous savez une panne, une fuite ou n’importe quoi, enfin vous comprenez, ce qu’on appelle dans les assurances, les aléas de la vie… Je me dis que vous êtes peut-être parti, je me demande bien où… alors vous écouterez  à votre retour… Parce que moi, je m’en vais, c’est la retraite ! Depuis le temps que j’attends, c’est qu’on rajeunit pas… Tout de même, entre nous, je peux vous le dire, vous auriez pu participer à la quête, les autres m’ont offert une chaise longue, pour reposer mes pieds après les milliers de kilomètres dans les couloirs de l’immeuble depuis toutes ces années à vous servir tous… Ah ! j’ai marché… Et puis, je serai pas remplacée… Alors, je vous dis ça parce que le livreur, il devra monter à l’étage et plus rien déposer à la loge… Vous y penserez à ça ? Et je vous fais mes…

    L’enregistreur, à bout se souffle, se coupa.
     

    Dans la chambre, le vieux père, allongé, ne bougeait pas. Certes, en raison du confinement, il ne sortait guère, afin d’être protégé du virus, lui avait recommandé son fils, installé à des milliers de kilomètres, depuis si longtemps. Ce garnement lui reprochait ses années d’absence et le gardait à distance, volontairement. Le vieillard ne connaissait pas la mère de ses petits-enfants ni les gamins et il regrettait de n’avoir pu s’occuper d’eux, les emmener à l’école, dans le parc... Il n’avait pas plus tenu le rôle de grand-père que celui de père. Il s’était éclipsé pendant plus d’une décennie en raison des mésententes avec sa femme, et puis le gosse qui n’arrêtait pas de faire des siennes… Lui-même avait grandi sans père, et il ignorait comment réagir… Au moins,  il avait respiré et vécu en paix. Enfin, pas vraiment… Sa conscience le taraudait et le ramenait constamment à cet abandon, il se souvenait de son propre passé, laborieux, douloureux… alors il était revenu. À ce moment-là, on ne contrôlait plus l’adolescent. Et la maladie affaiblissait la mère et l’emportait, peu à peu.

     
    Un soir, une forte douleur avait traversé le thorax du père. Il avait rejoint son lit, tendu son bras vers le téléphone afin d’appeler à l’aide, mais il lui manquait une dizaine de centimètres… Combien de fois avait-il pensé à rapprocher la prise, sans le faire ? Le temps lui parut interminable même si cela ne dura qu’un instant… Il regarda la seule photographie de la famille de son fils, tous sérieux devant l’appareil, qui datait. Il s’attarda sur le portrait de sa femme, âgée de vingt-cinq ans et des yeux encore rieurs, qui affirmait : « on doit être bien là-haut, personne n’en revient ! ». Après des années de souffrance, elle avait perdu sa gaieté et son humour, pourquoi ?

    Dépourvu de forces, sans souffle, ses yeux, à lui, écarquillés, affichaient un air étonné de s’être laissé surprendre chez lui, où il se croyait en sécurité. Délaissé, il reposait.

     

     

     

     

    Big-Bad-Wolf le 29 septembre 2021
    Bonjour à tous les participants ! Voilà un sujet qui est propice à de nombreux textes très émouvants... Voilà pour ma participation mensuelle !

    Ton père est un voleur.


    Il y a longtemps, dans le royaume de Hùldrn, vivait un voleur. Ce n’était pas la vie qu’il avait voulu embrasser, mais c’était celle que les dieux avaient tracée pour lui. Alors, il s’en accommodait. Orphelin très jeune, élevé dans la rue par des adolescents plus âgés, il dut devenir agile de ses doigts pour vivre. Au bout de quelques rudes années d’entraînement dans sa jeunesse, il devint assez leste pour subtiliser vivres et marchandises dans un vol à l’étalage, ou une bourse à une ceinture en bousculant quelqu’un. Somme toute, rien de plus que ce que les autres jeunes de son âge étaient capables de faire pour survivre.

    Le voleur grandit pour devenir un jeune homme toujours versé dans l’art du crime. De tous les tire-laine, il n’était assurément pas le plus habile. Tout au plus parvenait-il à faire sa part pour garder sa place dans sa bande. Non pas qu’il n’ait pas la volonté de faire mieux. Il n’y arrivait tout simplement pas. La malchance, assurément. Un léger manque de talent également, peut-être. Là où les plus doués semblaient capables de dérober la hallebarde d’un garde en faction, lui se limitait à des larcins plus modestes. Il essayait de faire mieux, bien entendu. Mais après plusieurs séjours de quelques nuitées en cellule, il avait largement revu ses prétentions à la baisse.

    Cela dura un temps. Le voleur avait pris le parti de se satisfaire de ce qu’il avait, et en avait fait sa philosophie de vie. Jusqu’au jour où advint ce qui fait perdre la tête à bien des hommes : il rencontra une femme. Sans doute n’était-elle pas plus exceptionnelle que lui, simple fille de salle dans une auberge de la ville. Pourtant, dès l’instant où il eut posé les yeux sur elle, le charme opéra, et il n’y eut plus qu’elle dans son esprit. Dès lors, le vaurien se mit à passer de plus en plus de temps à l’auberge, à chaque instant où le vol lui en laissait l’occasion. Les semaines passèrent, puis les mois. Ses efforts payèrent, car il parvint à ravir le cœur de sa belle. Il aspirait toutefois à lui offrir une vie stable et honnête. Un but qu’il se consacra tout entier à atteindre.

    Au bout d’une année de labeur acharné, il eut réuni en parts de larcins de quoi payer la dette qu’il avait envers sa bande, pour le prix de sa sécurité et de sa subsistance. Le voleur quitta le groupe de tire-laine pour des lendemains meilleurs. Il épousa la jeune femme qu’il aimait et choisit de s’installer avec elle dans un petit logement modeste de la ville. Pour entretenir son nouveau ménage, le jeune homme trouva un honnête travail en tant que docker sur le port. Un emploi harassant, mais qui lui assura une période de stabilité et de bonheur.

    Malheureusement pour lui, son labeur ne lui dispensait que des revenus modestes, qui suffisaient tout juste pour que sa femme et lui puissent vivre. C’était loin du bonheur et de la vie qu’il avait voulu bâtir pour elle, même s’ils pouvaient s’en contenter tous deux. La donne changea lorsque son épouse lui annonça attendre un enfant. Avec une bouche supplémentaire à nourrir, les revenus du couple pourraient ne pas suffire. Pour le jeune homme, il était hors de question que son enfant connaisse la misère comme lui-même l’avait fait durant son enfance. La seule solution qu’il connaissait était simple. En plus de son travail sur les quais, il retomba dans le crime et se remit à voler pour assurer à sa famille un train de vie plus confortable.

    Lorsque sa fille vint au monde, le voleur se considéra comme l’homme le plus chanceux du monde. Elle devint pour lui son plus précieux trésor, bien plus encore que ce qu’il parvenait à dérober. Pour elle, il fit la promesse qu’il deviendrait le meilleur voleur du monde, afin de lui offrir une vie d’opulence. Pour lui qui n’avait jamais été qu’un voleur médiocre, il s’agissait de redoubler d’efforts. Il ne ménagea pas sa peine, s’entraînant sans relâche à crocheter des serrures, travaillant la dextérité de ses mains et de ses doigts, mettant son corps à l’épreuve pour décupler son endurance et son agilité. Cela lui prit plusieurs années, au cours desquelles il ne recula devant aucune épreuve, aucun défi. Nul séjour en cellule ne vint entamer sa détermination. Mais lorsque ses efforts commencèrent à payer, il ne fut que plus motivé à poursuivre dans cette voie.

    Le train de vie de sa famille avait commencé à changer. Ils purent laisser leur petit logement pour quelque chose d’un peu plus grand, et de plus confortable. Le voleur se considérait comme comblé de voir sa fille grandir sans connaître la faim ou le manque. Le destin choisit toutefois de lui enlever quelque chose d’éminemment précieux, comme s’il voulait punir l’homme de jouir du fruit d’un travail malhonnête.

    Une épidémie de peste rouge s’abattit sur la région. Si le voleur et sa fille furent miraculeusement épargné, son épouse succomba au mal en l’espace de seulement quelques jours. Cette perte fut un grand déchirement pour lui, mais il ne put se laisser aller à son chagrin. Il avait la responsabilité de sa fille, et il prit la décision de quitter la ville. Plus que jamais déterminé à faire de la vie de son enfant un vrai paradis, il redoubla encore d’efforts et de talent pour s’améliorer encore. Leur vie devint itinérante, car le voleur avait ouvert ses horizons et étendait ses rapines à toute la région. À mesure que sa fortune se faisait, il acheta des maisons dans diverses villes, où il logeait périodiquement avec sa fille. Pour elle, il paya les meilleurs précepteurs, veillant à ce qu’elle ait la meilleure éducation. Il n’oublia pas de lui apprendre très tôt des astuces de voleur, tenant à ce qu’elle puisse s’en sortir s’il lui arrivait quelque chose.

    Lorsque sa fille eut six ans, le voleur avait atteint son but. Désormais connu pour son talent et recherché pour ses crimes, il préservait son identité avec brio et se cachait derrière un pseudonyme que le peuple lui avait attribué. Il était désormais le meilleur voleur de la région, si ce n’était du royaume. Sa vie était confortable et opulente, mais il veillait à ne jamais montrer aux yeux de tous à quel point il était aisé. La vie l’avait rendu prudent. Un jour, peut-être que ce fut l’orgueil, peut-être que ce fut pour réussir le plus beau coup de sa carrière et se mettre à jamais à l’abri du besoin, mais l’homme décida de cambrioler la demeure d’un mage au service du roi. Celui-ci avait pour réputation d’être excentrique mais de confiner au génie, et d’être rémunéré en conséquence.

    Une nuit, le voleur se rendit au manoir du mage. Il dut déjouer la présence de gardes et éviter un certain nombre de pièges magiques avant d’espérer pénétrer dans la tour où le magicien avait élu domicile. Son coup avait été programmé avec une grande précision, préparé pendant des semaines. Le maître des lieux était absent, retenu ailleurs par quelque affaire politique. Cela permit au voleur de mettre facilement la main sur des objets précieux et même sur quelques objets magiques qu’il comptait revendre pour en tirer un bon prix.

    Il avait déjà fourré bon nombre d’objets dans son vaste sac, lorsque son attention fut attirée par une bouteille de verre bleuté, déposée sur la table de travail du mage. Outre l’élégance du récipient, c’était ce qu’il contenait qui captiva le voleur. Des volutes troubles mais aux lueurs fascinantes bougeaient lentement à l’intérieur. L’homme tendit la main avec une certaine réserve, avant de se saisir de ce nouveau butin. Craignant de la briser, il la conserva à la main lorsqu’il quitta le lieu de ses rapines. Ce ne fut qu’une fois en sécurité, loin de là sur un toit d’où il pouvait surveiller les rues, qu’il se décida à se laisser aller à la curiosité.

    Le plus sage aurait sans doute été de laisser le bouchon de verre soigneusement arrimé au récipient, et de le vendre tel quel à un receleur d’objets magiques. Après tout, il n’avait pas la moindre idée de la nature de ce que contenait la bouteille. Il voulut néanmoins en savoir plus. Les lueurs des volutes étaient captivantes, mais gâchées par la couleur bleutée du verre. Il voulut les voir sans ce filtre, et décida donc d’ouvrir le bouchon. Aussitôt qu’il l’eut fait, les volutes se jetèrent hors de la bouteille dans un tourbillon furieux qui monta jusqu’aux cieux. Le voleur tenait la bouteille à deux mains tandis qu’elle vibrait et tremblait, incapable de la lâcher. Le phénomène ne dura que l’espace de quelques battements de cœur, et les volutes réintégrèrent le contenant aussi vite qu’ils l’avaient quitté.

    L’homme s’empressa de remettre le bouchon puis leva les yeux vers le ciel, le cœur battant, ne sachant trop ce qu’il s’attendait à trouver. Le ciel, auparavant piqueté de l’éclat de milliers d’étoiles, n’était désormais plus qu’une toile d’un noir d’encre. Seule la lune éclairait encore la nuit. Lorsque le voleur plissa les yeux pour regarder à l’intérieur de la bouteille, il en eut le souffle coupé. Des milliers de points lumineux et argentés scintillaient dans le contenant de verre, avec un éclat d’une pureté à nulle autre pareille. Avec stupéfaction, le voleur comprit qu’il avait libéré un sortilège qui emprisonnait les étoiles du ciel. Au-dessus de la ville, les ténèbres régnaient.
    Big-Bad-Wolf le 29 septembre 2021
    S’il se dit que l’objet devait désormais avoir une valeur encore plus grande, sa décision fut toute autre. Il rentra chez lui à pas de loup avec son butin et sa précieuse bouteille. Son arrivée discrète tira toutefois sa fille de son sommeil. Avec un sourire, il s’approcha de la petite pour lui offrir la bouteille aux étoiles. Après tout, quel cadeau plus princier pouvait-il lui faire que celui-ci, avec cette myriade d’étoiles qui brillaient de mille feux polaires ?

    Le voleur recommanda à sa fille de ne pas ouvrir la bouteille. Celle-ci, subjuguée par la beauté de l’objet, obéit. Durant une semaine, elle s’endormit en étant comme hypnotisée par les étoiles qui ne brillaient que pour elle. Mais sa curiosité finit par prendre le dessus, et bientôt, elle n’y tint plus. La fillette profita de l’absence de son père durant une nuit pour retirer le bouchon qui retenait les étoiles prisonnières. Celles-ci se déversèrent alors hors de la bouteille, mais loin de réintégrer le ciel, elle se mirent à tourbillonner un instant dans la petite chambre, désormais éclairée de mille éclats. Quand ce tourbillon prit fin, les étoiles foncèrent vers l’enfant qui ouvrait des yeux ronds. Sans le moindre mal, elles s’engouffrèrent dans ces superbes iris bleus, venant s’y fixer pour les sublimer et les parer de l’éclat qu’on aurait sans mal pu comparer à celui d’un diamant.

    Une fois son père rentré, la fillette lui raconta sa mésaventure. Mais le voleur ne put s’empêcher de sourire, voyant désormais face à lui se matérialiser ce qu’il avait toujours su. Sa fille était son plus beau trésor. Depuis ce jour, une fille parcourt ce monde en emportant avec elle les milliers d’éclats d’un ciel d’été étoilé. Et le ciel au-dessus de la ville n’a plus jamais connu d’autre lueur nocturne que celle de la lune.



    ***



    - Ton père devait être un voleur : il a volé toutes les étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux.

    Namaë ne put retenir un petit sourire en coin qui vint étirer la commissure de ses lèvres. Elle joue distraitement avec l’anse de sa chope avant de la porter à ses lèvres pour boire une gorgée. Puis, amusée, son regard vint se poser sur le beau parleur qui tentait de la séduire.

    - Allons, je suis sûre que tu dis ça à toutes les filles que tu croises.

    L’homme ne répondit rien, bouche légèrement entrouverte, hypnotisé par les yeux d’un bleu profond de la jeune femme. Dans ses iris semblaient scintiller une myriade d’éclats d’argent. À moins qu’il n’aie définitivement trop bu ?

    Namaë glissa une pièce sur le comptoir à destination du patron, avant de se faufiler sous le nez de son prétendant hébété. Avec une agilité certaine, elle se glissa entre les tables et les clients de l’auberge pour se diriger vers la porte. Une fois dans la rue, le brouhaha des conversations s’interrompit dès que la lourde porte se fut refermée derrière elle. Le calme nocturne l’enveloppa comme une chape bienfaitrice. La jeune femme fit quelques pas dans la rue en s’éloignant de l’établissement. Tout en marchant, elle fit disparaître dans les replis de sa cape la bourse habilement subtilisée à son prétendant.

    Levant les yeux vers le ciel, elle apprécia le noir d’encre de la nuit. Il y avait longtemps déjà que plus une seule étoile ne brillait au-dessus de la ville. La lune était l’unique astre à daigner éclairer les habitants d’Etton durant la nuit. À vrai dire, Namaë ne se souvenait pas d’avoir une seule fois vu des étoiles dans ce ciel. Et pour cause, elle avait une petite idée sur la raison de ce phénomène. Sans doute bien plus que les prêtres et autres prophètes qui avaient tonné durant des années à propos de l’ire des dieux et de leur volonté de punir une ville en proie aux excès. Ce n’était pas pour rien qu’on la surnommait depuis lors Etton-sans-étoiles ou Etton-honnie-des-dieux.

    Un petit gloussement s’échappa des lèvres de Namaë, alors que celle-ci rabattait sa capuche sur sa tête, dissimulant son visage et sa longue chevelure noire aux yeux de tous. La nuit était encore jeune et pleine de promesses. Elle avait fort à faire, avant que l’aube ne poigne.
    SarM le 30 septembre 2021
    Chanson d'une conception



    A l'orée d'une forêt, je les ai rencontrés
    Ils étaient toute une troupe qui allait festoyer
    Appelés par le sire de notre belle cité
    Pour jouer de la musique au mariage princier.

    Moi, simple paysanne, les ai accompagnés
    Leur désignant la route qui menait au palais
    A leurs éclats de rires je les ai remarqués,
    En tous points identiques, les jumeaux m'ont charmée.

    Des deux, il me revient, que j'avais préféré
    Lui qui était sans doute le moins prêt à aimer
    Mais qui avait des dires qui me faisaient rêver
    Il était sympathique, respirait la gaieté.

    En chemin nous avons décidé d'arrêter
    Le reste de leur groupe n'a cessé d'avancer
    Quand retentit la lyre, mon cœur s'est arrêté,
    Le jumeau romantique venait de m’envoûter.

    Assis au pied d'un chêne, nous avons rêvassé,
    Écoutant la rengaine de son doux chant léger
    Et moi à perdre haleine, je le dévisageais
    Et je sentis la peine de celui négligé.

    L'amour est ainsi fait que je n'ai pu trancher
    Les deux étaient parfaits, me suis laissée porter
    Nous avons fait la paix et n'avons plus parlé
    Et comme il faisait frais, nous sommes réchauffés.

    Ainsi mes deux enfants voilà comme vous êtes nés
    A vos questionnements, je ne peux assurer
    Duquel des deux amants vous êtes l'héritier
    Des deux assurément dans vos veines vous avez.
    Cathye le 30 septembre 2021
    Bonjour à toutes les belles plumes. Voici ma participation.

    Un papa d'amour et d'eau

    Ces derniers temps, il me prit l’idée de soulager les étagères de notre bibliothèque qui manquent s’écrouler sous le poids des ouvrages, tant par leur nombre que par le volume de certains, qui s’accumulent au fil des ans, voire même des mois.
    Parce que chaque livre s’associe toujours à une émotion, à un bonheur ou à un coup de cœur, trier ne fut pas chose aisée. Lesquels conserver, lesquels jeter, j’entends par là vendre ou donner.
    Chemin faisant, ou plus exactement, au fur et à mesure du rangement, je redécouvris quelques pépites datant du siècle dernier, voire même du début pour quelques unes.
    Dans la famille, la lecture demeure le seul moyen privilégié pour améliorer le vocabulaire et le raisonnement, véhiculer culture et connaissances, développer mémoire et imagination. La diversité reste impressionnante. Pourtant, si les sciences ou autre matière intellectuelle se taillent la part du lion à hauteur des yeux, des ouvrages moins » terre à terre » s’alignent un peu plus haut. Ainsi, quelques vilains p’tits esprits se délectent de contenu subversif, tandis que d’autres se plongent dans les univers fantastiques et notamment celui du monde du silence.
    Dans la branche paternelle, depuis plusieurs années, chacune des vacances scolaires ou d’été se passe régulièrement en bord de mer avec parents, oncles et cousins, grands amateurs de navigation mais suffisamment formés aux règles de l’art pour s’aventurer plusieurs jours à quelques milles des côtes. Un pur bonheur pour nous les gosses de nous baigner au large et nous amuser à nous faire peur en imaginant une créature indésirable dans les profondeurs.
    Cependant, c’est essentiellement aux côtés de mon père que je me forgeai mes plus beaux souvenirs.
    Il devint, pour moi, intarissable sur tout ce qui touche à l’eau.
    Avec lui, je découvris des îles aux trésors, des criques, insolites, inconnues, sur lesquelles pique-niquer relève de l’aventure, des paysages de pins parasols au vert percutant les roches rouges ou crémeuses, des villages cachés, perchés sur des collines. 
    Sa patience, à toute épreuve, répondit à mes multiples questions.
    Il m’apprit à lire les vagues et les nuages, à « sentir » le vent et mesurer ses conséquences. Il me montra de quelle façon prendre soin de la mâture tout en déroulant au plus vite la voilure ou à quel moment faire vibrer les chevaux.
    Il m’expliqua les rivières, les cascades, les différentes saisons pour pêcher les poissons ou les crustacés, pourquoi les ours ne se gèlent pas quand ils se déplacent sur la banquise ou se laissent tomber dans l’eau glacée, pourquoi la pluie glisse sur les plumes des oiseaux ou des palmipèdes.
    Mais jamais pourquoi les dauphins ont toujours le sourire.
    Il m’enseigna également les îles lointaines et les continents décrits dans les livres d’images qu’il acheta pour satisfaire ma curiosité.
    Mais de son livre préféré, sur lequel je viens de mettre la main, surprise de son état de fraîcheur, il me revient en mémoire les histoires merveilleuses qui y sont écrites.
    Ainsi, Il me raconta la Polynésie et ses atolls, sa végétation luxuriante qui déborde de partout et tombe dans le Pacifique, ses splendides couchers de soleil sur les montagnes à pic. Il me fit rêver de ses vallées inexplorées, parfois noyées dans une pluie d’orage qui lève une brume légère après son passage, de ses cocotiers qui scintillent dans les nuits de pleine lune, de ses lagons dans lesquels votre reflet se peint en turquoise.
    Alors, dans mon sommeil, les vahinés dansent au son de l’ukulélé et le parfum des fleurs de tiaré qui ornent leur magnifique chevelure chatouille mes narines.
    Et toujours au réveil, le cœur chaviré, toujours la même question « dis papa quand est-ce qu’on va à Tahiti » ?
    Lentement, avec un sourire rempli de nostalgie, les larmes au bord du cœur, j’ai rangé Mémoires salées de Monsieur Olivier de Kersauson à la place qui lui revient de droit.
    Pour toujours.
    Darkhorse le 02 octobre 2021
    Une revisite de conte délicieusement noire, secondo.

    Impressionnant le nombre de sonorités "per" dans tes deux poèmes, Sflagg.

    EveLyneV, excellent ce monologue au début de "L'absent". Il y a une terrible solitude dans ce texte.

    Big-Bad-Wolf, voilà d'où elle vient, l'expression préférée de tous les dragueurs du samedi soir 
    Une idée bien développée qui nous met plein d'étoiles dans les yeux !

    Cathye, des livres pleins d'iode et de paysages, dont les mots et les images convoquent des aventures transmises par un père amoureux de la mer.
    Big-Bad-Wolf le 02 octobre 2021
    Darkhorse   Merci à toi pour ton retour !
    EveLyneV le 02 octobre 2021
    Darkhorse : merci.
    Sflagg le 02 octobre 2021
    Merci Darkhorse, après le plus dur ce n'est pas de trouver des mots commençant avec per ou le contenant, mais d'en trouver qui ont une fin qui se rapproche d'autres mots existants.
    Darkhorse le 02 octobre 2021
    Sflagg a dit :

    Merci Darkhorse, après le plus dur ce n'est pas de trouver des mots commençant avec per ou le contenant, mais d'en trouver qui ont une fin qui se rapproche d'autres mots existants.


    C'est d'autant plus réussi !
    Cathye le 03 octobre 2021

    Cindaie : texte poignant de vérité sur une condition tellement décriée et refusée mais remplie d’espoir. Et d’actualité. Quand à la fin j’aurais préféré ne pas la lire. Beau texte

    Pippolin : bref mais prenant - leçon très dure mais la perversité parfois des adultes n’a pas de limite.

    Vibrelivre : des mots percutants sur des métaphores toutes aussi puissantes. Triste mais tendre

    Lefrançois : quelle belle réflexion sur la machine…qui j’espère ne remplacera jamais la main de l’homme

    Charlene_bzh : un manquement terrible

    JML38 : un renversement de situation que j’adore !!!

    AgnesdeC : un Dad absolument inconscient de ses actes 

    EveLyneV : un texte d’actualité aussi sur la responsabilité.  mfrance : pas si irréaliste que ça mais une chute émouvante.  Darkhorse : l’important est que tu ne te sois pas noyé  Merci de ton appréciation. J’ai lu ton texte que je dois relire car pas tout compris mais déjà un grand bravo pour ton imagination débordante. Il est vrai que vampire et opéra vont de pair mais pour moi un peu obscur. Et ce n’est pas parce que tu crois ne pas l’avoir réussi. Non non, j’ai la comprenette difficile.

    Big-Bad-Wolf : un conte qui nous en met plein les yeux….

    SarM : joli poème très évocateur pour un amour compliqué 

    Secondo : un méli-mélo bien réussi - l’ogre, les petits poucets, les loups du petit chaperon rouge…

    Franceflamboyant : texte très fouillé, comme à l’habitude, un peu à la Aldous Huxley et son monde parfait. Malgré tout le naturel revient toujours au galop et il y aura toujours des pères et des papas.

    MaminouG : une tendre évocation 
    Nc1954 : j’ai bien aimé aussi le doute, l’inquiétude…





    Darkhorse le 03 octobre 2021
    Cathye a dit :

     
    Darkhorse : l’important est que tu ne te sois pas noyé  Merci de ton appréciation. J’ai lu ton texte que je dois relire car pas tout compris mais déjà un grand bravo pour ton imagination débordante. Il est vrai que vampire et opéra vont de pair mais pour moi un peu obscur. Et ce n’est pas parce que tu crois ne pas l’avoir réussi. Non non, j’ai la comprenette difficile.

    Je continue mes lectures.




    Mme Darkhorse a eu du mal à comprendre aussi Je vois quel moment n'est pas assez clair.
    Mais bon, j'aime bien que ça reste un peu obscur
    Cathye le 03 octobre 2021
    Darkhorse : alors ne change rien. Mais j’y retourne quand même maintenant que j’ai réussi à tout lire.
    Cathye le 03 octobre 2021

    Aïe aïe, il faut quand même être initié en musique et notamment celle de Schumann (et tu l’es je pense), Et ne pas lire que des romans à l’eau de rose 🤪
    J’avoue avoir du mal à comprendre et à relier le premier chapitre aux autres. Sauf que chez les vampires, c’est aussi le père qui commande 🤗 
    Malgré un texte très original et au demeurant intéressant, je reste dans l’obscurité. Brrrr, je vais chercher mon foulard pour cacher mon cou😂

    Darkhorse le 03 octobre 2021
    En tout cas merci de t'y intéresser autant, Cathye  
    Schumann n'est pas vraiment ma tasse de schnaps en fait (mais je suis très ouvert, comme Sflagg, quand on parle de musique), mais vu que c'est un compositeur allemand dont l'activité est antérieure à l'histoire, ça collait. Et de plus, ses Kinderszenen, "Scènes d'enfants", vont bien avec le thème. Musicalement c'est joyeux par moments et plus doux et plus triste par d'autres, notamment la pièce Träumerei, qui est très poignante. Je l'ai découvert pour écrire cette nouvelle et j'ai beaucoup aimé sa musique. J'ai trouvé que ces Scènes d'enfants avaient un côté cynique aussi avec le thème du vampire.

    Les chapitres remontent dans le temps (voilà pourquoi IV, III, II,...) et amènent à comprendre, enfin selon moi, pourquoi Gudrun tue son père, qui est le seul père qu'elle ait connu, mais qui n'est pas son vrai père

    C'est vrai qu'on s'y perd !
    MaminouG le 04 octobre 2021
    Bravo à tous, je trouve vos textes magnifiques dans leur diversité. Ce défi est vraiment qui nous donne à écrire. Je n'ose mettre des noms tant j'ai aimé tout ce que vous avez écrit. Merci pour ce partage.
    EveLyneV le 04 octobre 2021
    Darkhorse : j'ai répondu vite un "merci", sincère. Oui, une solitude que trop de gens connaissent. Parfois, elle transpire dans certains des textes que je lis attentivement en fin de mois.
    Cathye : le thème de la responsabilité... n'est plus traité par notre époque.

    À tous : La richesse de vos productions est étonnante et montre que "l'écriture" est une activité qui perdure. Merci.
    franceflamboyant le 04 octobre 2021
    Pas encore parcouru tous les textes.
    Belle remarque EveLyneV. Et de plus, remarque fort juste.
    Cathye le 04 octobre 2021
    EveLyneV a dit :


    Cathye : le thème de la responsabilité... n'est plus traité par notre époque.

    Traité, peut être pas mais vous l'évoquez quand la maitresse découvre ce qui se passe chez Lisa. Et j'ai apprécié.





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