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    FlorinNogueira le 13 juin 2022
    Bonjour à tout le monde ! Je suis Florin et j'ai le plaisir de vous dire que j'animerai le défi d'écriture jusqu'en septembre.

    Pour le premier défi que je vous propose, il s'agit pour moi de commencer par le commencement, pourquoi pas alors l'incipit d'un roman? 
    Un roman et pas des moindres ! Je vous propose de réécrire, à votre façon, l'incipit de L'Étranger d'Albert Camus. Pour cette réécriture, vous serez totalement libres de vous approprier le texte, de développer votre écrit dans le style qui vous plaira afin qu'il vous soit propre, à partir du moment où le récit reste le même, dans les grandes lignes, et qu'aucune des phrases qui apparaissent dans votre texte ne soit identique à celles d'Albert Camus.

    Voici l'incipit de L'Étranger, à réécrire jusqu'à l'endroit où il s'arrête ici, mais pour celles et ceux qui le désireraient, vous aurez tout à fait la possibilité de poursuivre un peu plus loin la réécriture du récit.

    « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’Alger. Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : « Ce n’est pas de ma faute. » Il n’a pas répondu. J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.
    J’ai pris l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m’a dit : « On n’a qu’une mère. » Quand je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte. J’étais un peu étourdi parce qu’il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.
    J’ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c’est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l’odeur d’essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J’ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand je me suis réveillé, j’étais tassé contre un militaire qui m’a souri et qui m’a demandé si je venais de loin. J’ai dit « oui » pour n’avoir plus à parler. »

    Vous êtes libres de choisir le temps du récit, le lieu où vous situez l'intrigue (par exemple, si vous voulez que l'histoire prenne place ailleurs), l'époque (par exemple, si vous voulez que le récit prenne place dans un contexte historique particulier ou bien dans un futur dystopique), le genre romanesque auquel vous souhaitez apparenter votre récit (si vous souhaitez réécrire l'incipit avec le rythme d'un polar ou bien par exemple comme un roman du XIXe siècle), d'adopter le ton que vous souhaitez utiliser, de développer de la manière dont vous voulez les éléments présents dans l'extrait, d'élaborer des descriptions alambiquées... Vous avez carte blanche pour adapter l'incipit à votre sauce, du moment qu'il est bien à votre sauce !

    La taille et la forme de votre contribution sont libres, cependant, nous ne prendrons en compte pour le défi que le premier texte que vous posterez ici en répondant ci-dessous. Comme chaque mois, le gagnant ou la gagnante remportera un livre et vous avez jusqu’au 13 juillet minuit, pour nous soumettre votre texte !

    J'espère que le défi vous plaira, à vos stylos, vos plumes ou vos claviers et à bientôt !

    EveLyneV le 13 juin 2022
    Bonjour Florin,
    Nous attendions avec impatience.
    Ai-je bien compris ? Il nous faut réinterpréter l'incipit de Camus sans réutiliser ses mots ?
    Je vous remercie.
    Cathye le 13 juin 2022

    Bonjour, bienvenue FLORIN 
    Défi intéressant mais qui se fera sans moi. En voyage pour trois semaines. 
    À bientôt de vous lire les belles plumes.

    FlorinNogueira le 13 juin 2022
    EveLyneV a dit :

    Bonjour Florin,
    Nous attendions avec impatience.
    Ai-je bien compris ? Il nous faut réinterpréter l'incipit de Camus sans réutiliser ses mots ?
    Je vous remercie.


    Bonjour EveLyneV ,

    C'est bien cela ! Il s'agit de vous réapproprier cet incipit pour écrire le vôtre .
    JML38 le 13 juin 2022
    « Salut Marco ça roule.
    — Salut Aziz. Pas trop non. Bad news. C’est ma daronne. Elle a tiré sa révérence.
    — Quand ça ?
    — J’sais pas vraiment, j’ai eu un coup de fil pas très clair de l’Ehpad ce matin. J’ai pas vraiment compris si c’était arrivé hier et qu’on me prévenait qu’aujourd’hui, ou si elle est décédée dans la nuit ou ce matin. Ils avaient l’air un peu débordés. Ce qui n’est pas étonnant avec cette saloperie de virus. Quoi qu’il en soit, il faut que je fasse le voyage.
    — Il est loin cet Ehpad ?
    — Une bonne centaine de bornes. Je vais prendre un OUIGO. Je vais essayer de faire l’aller-retour en quelques jours pour assister à la cérémonie qui a lieu demain et régler les formalités avec la maison de retraite. Il y a de la famille là-bas mais j’étais le référent auprès de l’administration.
    — Et ton boulot ?
    — Mon boss n’est pas jouasse que je le plante à l’improviste. Il tire la gueule grave en raison du taf qu’on a actuellement avec toutes les demandes de nos clients. Mais qu’est-ce que j’y peux. Quand je lui ai dit que c’était un cas de force majeure, il n’a rien moufté. Mais qu’il n’ait même pas eu un mot sympa, ça m’a foutu les boules. Je crois qu’il n’a pas percuté qu’on parlait de la mort de ma mère. Ça ira peut-être mieux à mon retour, à moins que je décide de me casser de sa boîte.
    — Les potes vont être tristes pour toi. Ce serait cool qu’on se retrouve autour d'un couscous chez Slimane avant ton départ. Une daronnne, on n’en a qu’une, tout le monde va vouloir te dire un mot et t’accompagner en pensées.
    — D’accord. Si l’un de vous pouvait me prêter au moins une cravetouse sombre, histoire de marquer le deuil.
    — T’inquiète. On va te trouver ça. On va même de procurer un costard. Elle va être fière de son fils ta maman ».

    J’ai réussi à ne pas rater le départ du train. Je me suis installé, éreinté et en sueur d’avoir couru sous le cagnard. Puis, bercé par le rythme lancinant du TGV, le regard porté vers les nuages, mes yeux se sont fermés face au soleil déclinant. À mon réveil, je me suis aperçu que j’avais pioncé comme un loir et que j’étais quasiment arrivé à destination. Une petite fille se trouvait à côté de moi, presque contre moi. Elle me toucha délicatement le bras et me sourit en demandant d’une petite voix timide.
    —Tu viens d’où, Monsieur ? Et tu vas où ?
    J’ai répondu, en lui souriant à mon tour.
    lynceejustepourvoir le 15 juin 2022
    Elle est morte, décédée dit le télégramme de l'asile. Qu'on l'enterrera demain maman, et les " sentiments distingués ". Morte hier sans doute.

    Marengo, quatre-vingt kilomètres d'Alger, l'autobus de quatorze heures, deux jours de congés extorqués à mon fâché patron qui n'y croira que le deuil entamé et arboré, maman morte officiellement. Je n'aurais pas dû me justifier, en avoir l'air " Ce n'est pas moi, c'est ma mère ", ai-je dit, imbécile sous-fifre. Il aurait pu me présenter ses condoléances. J'y serai dans l'après-midi, je pourrai veiller. De retour après demain, il sera calmé, sous l'évidence.

    Ma table habituelle chez Céleste, proche de la gare routière. " On n'a qu'une maman.  " m'ont-ils servi en me raccompagnant  sur la rue, en peine pour moi. Emmanuel, récemment endeuillé,  me prête les noirs accessoires : cravate, brassard. Les étages m'ont étourdi, la course à l'autobus aussi. Vapeurs d'essence et cahots sous le soleil au zénith et ses réverbérations, je me suis endormi. Tassé, tout contre un qui engage : " Vous venez de loin ?" Un militaire à sourire, que j'aperçois ouvrant les yeux dessus. Presque arrivé, j'acquiesce d'un simple " oui " ; qu'avorte cette conversation.
    Romaneric le 15 juin 2022
    Demain mon père sera mort. Ou peut-être après-demain, je ne sais pas encore. J’ai reçu un mail de l’ EHPAD ; totalement désorienté, ils ont dû l’attacher toute la nuit. Cela ne veut plus rien dire, il faut en finir. Je lui ai promis. L’établissement des Cèdres est à une heure trente en voiture. Je prendrai ma journée. De toutes façons, avec le télétravail, personne ne verra la différence.

                 Je suis passé chez Luc, mon ami véto. Je lui en avais déjà parlé, il est d’accord. Il me soutient et comprend la promesse que j’ai faite. Il se souvient de mon père quand il s’occupait tout seul de l’exploitation agricole. Je lui ai dit : “Tu ne le reconnaitrais pas ”. Il a hoché la tête et a été fouillé dans son frigo. Il m’a tendu une seringue que j’ai mise dans mon sac à dos. Je suis resté quelques instants silencieux. J’ai voulu le remercier mais je me suis dit que ce serait bizarre. On se verra après. Il viendra à l’enterrement. Je crois qu’il admirait mon père.

                J’ai pris la départementale. C’est plus long mais je n’aime pas les autoroutes. Le ciel était bleu et il faisait chaud. Je me suis dit que ce serait le temps idéal pour partir à la mer. Je me suis arrêté prendre de l’essence dans une station service d’un village. Le pompiste m’a souri et m’a demandé si je partais en vacances. Comme je ne savais pas quoi répondre, j’ai dit “oui” et j’ai tendu ma carte bancaire.
    karmax211 le 15 juin 2022
    Bonjour,

    ma mère est morte du COVID le 26 mars 2020 dans un EHPAD de Vence (AM), moins de deux semaines après y avoir été placée par l'hôpital où elle avait été admise quelques semaines plus tôt. Je ne sais rien de ses derniers instants ; je n'ai pas été informé. Je n'ai pas pu assister à ses obsèques ( confinement obligeait )... pour faire court, il y a un litige en cour entre moi, la directrice de l'EHPAD et les services sociaux. Ce thème ne m'incite pas à écrire autre chose que les paroles écrites après sa mort, mises en musique et interprétées par Henri Franceschi. Si vous voulez l'écouter, je mets le lien à votre disposition. Bonne écoute et un bel été ! 

    Des mots soufflés en ce jour à ma mère pour qu'ils aillent l'effleurer... quelque part, là où elle est... peut-êre 😢💔
    Merci à Henri Franceschi pour sa très sensible et très juste contribution musicale et vocale 🙏🙏🙏

    " Ton parfum doux comme un secret " Texte de Patrick Peronne ,musique d'Henri Franceschi et le texte - YouTube
    https://youtu.be/-Z12elcY1F8
    Snoopythecat le 15 juin 2022
    Bonjour Florin,

    J'aimerais savoir si la mort doit absolument être présente dans le récit.
    J'aimerais également savoir si on peut traiter le thème avec humour.

    Merci beaucoup.
    DONZEL le 15 juin 2022
    Il peut être midi, même pire, puisque le soleil éclabousse d'une lumière cruelle ce jour qu'il maudit entre tous par une fin de matinée banale 
    .me voici hébété, sous le choc, et totalement dépourvu de toute  réaction. Il y a eu quelques phrases, courtes, heurtées,  définitives à mes oreilles, de cela quelques secondes ou minutes ou plus,
    je ne sais plus ; assommé, je tente de les repenser  Je le sais, et le soleil me le confirme de sa signature meurtrière, ces paroles  resteront gravées à jamais dans ma tête ; le sang tambourine dans tout mon corps,  un tempo fou qui martèle à l'infini cette formule sans appel, à l'image d'un scalpel qui cisèle d'une précision extrême, cette vérité là
    Trop simplement énoncée, abrupte et déjantée pour d'autres que moi moi-même seul à devoir comprendre : maman est morte,
    Morte
    Seule, sans personne qui aurait pu saisir sa main, la retenir encore, personne, non 
    À la vérité, pas même moi, qui aurais tant voulu la rattraper  dans la spirale atroce
    la raccrocher à moi, un peu de temps encore, pour qu'elle m'écoute, enfin .
    Pour que soient conjurées les périodes fatales des erreurs, autant de montagnes d'incompréhension de quiproquos qui nous avaient séparés pour trop longtemps de temps
    Il n'est plus temps d'espérer 
    Le temps à passé
    Et il m'entraîne déjà


    roquentin le 15 juin 2022
    L`étranger  
    Avant  de payer mes deux bières en faisant tressauter mes pièces de monnaie sur le zinc, je me le rappelai: maman est morte. Je voyais les messages sur les réseaux depuis quelques jours. RIP Nicole, c'est toujours les meilleures qui partent en premier, une bonne personne, etc.
    Cela me laisse sans voix. Comment ai-je pu passer à côté du décès de ma mère... Les autres personnes parviennent même à anticiper cela.
    J'ai dû compiler les messages d'adieu et de condoléances pour retrouver la date exacte. Une fois la date repérée, je suis allé voir à sa maison, celle où j'ai grandi en partie, par intermittence, à Sauvereux.  Elle n'y était plus, évidemment. Son frère et ses cousins avaient fait enlever le corps, je suppose qu'ils avaient appris le décès par des voies plus humaines que les réseaux sociaux.
    J'ai ensuite entrepris d'organiser les formalités avec la municipalité, les pompes funèbres, la famille et le fleuriste local. Choisir les fleurs était facile. L'oncle Jean-Marc m'avait informé du fait qu'elle détestait glaïeuls et lys, j'avais juste à éviter ces deux types de fleurs. Pour les sandwichs après le cimetière, c'était plus compliqué. Jean-Marc ne savait pas trop, de toute manière, ce n'est pas maman qui aurait à les manger, il fallait que cela plaise néanmoins à la famille et aux proches. Je les connaissais mal, j'ai opté au hasard pour le jambon braisé, du brie pas trop crémeux, de la salade de thon. Puis voilà. Au final tout le monde était content, j'ai pu reprendre ma vie et ses habitudes.
    J'ai réservé un tennis avec mon ami Jacques. Avant de monter sur le court, il m'a adressé ses condoléances et il m'a plus longuement montré son soutien après que l'on ait joué. Cela a un peu gâché mon après-midi que je voulais consacrer à mon ami et au sport, mais voilà, je comprends aussi que chaque personne ressente le besoin de faire bonne figure.
    DONZEL le 16 juin 2022
    Bonjour Florin, 
    un petit rappel d'essai personnel composé sur ce thème choisi de drame vu sur mode anodin dans l'œuvre reconnue et à juste titre célèbre de "l'Etranger" .
    dans l'attente impatiente de billets littéraires à remarquer bientôt jusqu'à la date du 13 juillet
    Ce temps ne me sera pas étranger mais synonyme d'AMI
    djdri25 le 16 juin 2022
    Bonjour,

    Super défi ! A bientôt.
    raissajoly le 16 juin 2022
    Bonjour,
    Défi très intéressant. Je n'ai pas l'habitude d'y participer mais celui-ci m'inspirera peut-être.
    Merci et à bientôt.
    jcjc352 le 16 juin 2022
    Occupé à faire le ménage au temple parmi ces marchands qui l’ont transformé en vide grenier, l’annonce me prit au dépourvu.

    D’abord la lumière flash ensuite la voix tonitruante

    - Fils ta Mère est auprès de moi à ma droite Clamsée la mémère! Oui Aujourd’hui! Peux-tu venir la retrouver car elle commence à me les briser menu. Presses toi car je n’ai pas trouvé ton père hé hé hé! Je veux dire son mari! Enfin! Oui je sais! mais non... ton père...le biologique voilà car l’officiel c’est moi … oui c’est certain bien que ta mère fasse la moue »

    - Oui père mais j’ai du taf. Je travaille sur mon « sermon sur la montagne» et Matthieu n’est pas satisfait de ma première mouture il croit qu’il aura du mal à faire passer ça dans ses évangiles. « Je lui ai même dit : « Ce n’est pas de ma faute. »… Il n’avait pas l’air content mais il m’a donné congé… et je suis trop jeune pour…30 ans... enfin tu comprends...bon peut-être à Pâques… en fin de semaine ...le vendredi?

    - Pour le déplacement il faut voir, Fils, l’autobus de deux heures est toujours bondé et avec cette chaleur ça va t’énerver et tu risques de faire des bêtises! Oui tu connais la parabole des quatre coups brefs !  lâche moi Femme… Non... Ta mère veux que je te la passe.. Non on ne joue pas avec l’Esprit Saint. Je disais vois avec Pilate il est compétant il va te trouver un moyen rapide et expéditif . Oui si tu es gêné par les «cahots, odeurs de sang et la réverbération de la route du ciel » tu pourras dormir tout ton soul

    Ah au fait Je te présente mes condoléances mais bon pour moi «pour le moment, c’est un peu comme si ta mère était toujours vivante.» On ira manger chez Saint-Pierre N’oublie pas ta couronne

    A deux heures le trajet fut bref, très  même. Il faisait très chaud. On a mangé au « Repas Céleste » avec Père, Mère et Saint-Pierre et puis je me suis assoupi
    jcjc352 le 16 juin 2022
    คุณทําได้ดี!
    agirlinindia le 16 juin 2022
    bonjour

    je remercie d'abord Florin pour cette consigne qui sort de l'ordinaire ! Ca m'a ravie. Voici ma contribution:

    ****



    « Henriette est morte».
    Ces simples mots de Fonscolombe m’ont précipité dans un abîme de tristesse.

    Citoyen de la République de Venise, je vendais des renseignements stratégiques à la monarchie française, qui guerroyait de façon incessante. La transaction devait avoir lieu dans une petite auberge de Briançon. L’émissaire français se faisait attendre. Soudain, Jean Baptiste de Fonscolombe est apparu, sans que je comprenne qu’il s’agissait de lui. Il s’est assis devant moi qui tentais de garder mon sang froid et ma concentration sur la négociation à venir. Son visage précocement vieilli trahissait son malaise. Fonscolombe a d’abord dit « Oublions le passé. Nous sommes là pour autre chose », mais les souvenirs étaient déjà partis à l’assaut, ne me laissant pas de répit. Il y aurait toujours l’ombre d’Henriette entre Fonscolombe et moi.

    J’avais rencontré Henriette à Parme, autrefois. Moi, je sortais à peine de l'adolescence. Elle était une femme, aventurière joyeuse, initiatrice, camouflée sous des habits masculins pour voyager incognito. Nous avions partagé plusieurs mois d’un parfait amour, mais Henriette avait été rappelée à l’ordre par sa famille et promise à un riche collectionneur d’art de Manosque, Jean baptiste de Fonscolombe. Un matin d’automne, au réveil, je me trouvais seul à contempler la brume qui descendait sur les collines de Provence. Ma brûlante maîtresse avait disparu. Prétextant son enlèvement, j’avais provoqué Fonscolombe en duel à l’épée, au terme duquel il m’avait laissé presque mort. Après cet épisode honteux, Henriette m’avait rendu visite au couvent Saint Damien où je recevais mes soins, pour me confirmer qu’elle avait entièrement consenti à ce mariage et que notre amour était un épisode merveilleux mais révolu. Rétabli physiquement mais anéanti par cette révélation, je suis parti sur les routes d’Europe, menant une vie de débauche et d’intrigues en tous genres, pour l'oublier. Et pourtant ...


    Le regard de Fonscolombe n’était plus le même. Il était métamorphosé, chargé d’un poids inconnu. « Signore Casanova, je sais à qui vous pensez. Mais Henriette est morte », dit-il, amer, me laissant abasourdi à mon tour. Un sifflement puissant a envahi mes oreilles, empêchant ainsi le flot de paroles de Fonscolombe de parvenir jusqu'à mon esprit. Je me suis levé, luttant contre le vertige, ajournant cette négociation pour me rendre séance tenante sur la tombe d’Henriette. Peu m’importait que les Doges de Venise et Fonscolombe s’offusquent de ma soudaine défection. J’ai griffonné quelques mots à l’attention de mes amis Guardi et Micheletti à Venise, qui comprendraient certainement et m’accorderaient leur soutien auprès du gouvernement.

    Au moment de monter à cheval, la jeune aubergiste qui s'était entichée de moi s’est approchée pour me dire : « Giacomo, on n’a qu’un seul véritable amour dans une vie », avant de me laisser partir au galop, les yeux humides. Plus tard, installé dans la berline à destination de Manosque, j’ai songé avec stupeur à quoi pouvait ressembler un monde froid, irréel, où l’objet de mon amour n’existait plus, avant de m’assoupir. Je me suis réveillé dans une voiture encombrée et bruyante. De jeunes soldats français profitaient du voyage pour s’enivrer et jouer aux cartes. L’un d’eux s’est tourné vers moi tout sourire pour demander : « Vous venez de loin ? ». «Oui » ai-je répondu, sur mes gardes, en dissimulant mon accent vénitien.


    Ré-écriture de l’incipit de l’Etranger de Camus, librement inspirée de la vie de G. Casanova
    aureliesuty le 16 juin 2022
    On m’annonce que ma mère est morte, comme ça, sans prendre de gants !

    En plus je dois prendre le bus pour aller assister à l’enterrement !

    Du coup, je demande à m’absenter et le patron me répond genre c’est de ma faute, c’est juste maintenant qu’il a besoin de moi !

    Non, mais il attend quoi pour me présenter ses condoléances ?!!

    Qu’est-ce que ça va être le jour où je vais devoir m’absenter pour faire les papiers officiels ?

    Et puis avant de prendre le bus, j’ai mangé chez Céleste, mais qu’est-ce qu’elle s’imagine avec ses airs condescendants ?

    Le pire, c’est Emmanuel qui croit que je ne m’y attendais pas et qui me prête ses vieilles fringues !

    J’ai encore été obligé de l’écouter me parler de son oncle pour la énième fois…

    Du coup j’ai dû courir attraper le bus puant le carburant.

    Ce que j’étais mal assis, à côté de la fenêtre, ébloui par la lumière !

    Quand j’arrive enfin à m’assoupir, je me fais réveiller par un militaire, qui se colle à moi et qui me sourit !

    Quand en plus il me demande si je viens de loin… je dis oui, qu’est-ce que je pouvais lui répondre d’autre ?!!
    FlorinNogueira le 16 juin 2022
    Snoopythecat a dit :

    Bonjour Florin,

    J'aimerais savoir si la mort doit absolument être présente dans le récit.
    J'aimerais également savoir si on peut traiter le thème avec humour.

    Merci beaucoup.


    Bonjour, 

    Merci pour votre question. Pour vous répondre, la mort n'a pas nécessairement à être présente, faites selon vos envies ! Vous pourriez très bien dire par exemple : "Aujourd'hui, j'ai mangé une glace à la pistache. Ou peut-être hier, je ne sais pas." et dériver à partir de cela en vous rattachant de près ou de loin aux événements narrés dans le roman de Camus :  "Comme j'ai mangé la dernière glace à la pistache, j'ai pensé à demander un congé à mon patron pour aller en chercher. Il n'a pas voulu. Je suis resté à mon bureau toute la journée, je n'ai pas mangé chez Céleste et aucun militaire souriant mais agaçant ne m'a demandé si je venais de loin."
    Faites à votre sauce ! L'humour, ou tout ce que vous voudriez faire passer dans votre écrit, est le bienvenu :)
    secondo le 17 juin 2022
    J'avais appelé mes frères et nous nous sommes retrouvés au bar le Strange. Nous sommes restés comme des ronds de flan. À tremblotter sous la lumière du jour qui finissait.
    C'était notre mère.
    Nous avons réagi à notre façon, chacun dans nos carcans :
    Marcellin à tapé des pieds et ses bras ont battu l'air. Il a déplacé du vide pendant de longs moments pénibles et nous avons été obligés de lui dire de prendre un Lexomil ou un Seresta je ne sais plus très bien ce qu'il avait dans ses poches.
    Marcengo lui est resté de marbre et s'est frotté plusieurs fois les mains comme s'il était sur le point d'opérer.
    Et moi j'ai alterné les phases, en maniaco-dépressif accéléré pour relier mes frères semble-t-il.
    Nous avons organisé notre déplacement jusqu'à la maison de retraite qui nous coûtait une fortune à tous les 3 et j'ai pensé que cela ressemblait à un départ en vacances. Comme quand nous étions gamins.
    Il manquait toujours quelque chose qui retardait notre départ. Marcellin gueulait dans son portable.
    -Ben dis donc comme tu parles à  ton boss  je lui ai dit
    - Ben qu'est-ce que tu crois, je suis obligé de mettre la pression si je veux avoir ma journée. Cet enfoiré n'a pas de mère et a autant d'empathie qu'une grenouille sur un caillou.je veux pas perdre un jour de salaire, je peux pas me permettre.Toi mon pauvre Célestin, il a dit en me prenant par les épaules, ça risque pas de t'arriver ce genre d'embrouille, au chomedu tout est permis...
    J'ai pas répondu. Mais j'aurais pu le tuer.
    Finalement j'ai pris ma voiture, j'ai conduit très vite et de manière brusque et j'ai bien vu qu'ils balisaient tous les 2. Marcellin n'arrêtait pas de souffler en râlant "On va rejoindre maman direct par la case accident si tu continues à  conduire comme une baleine !' Et Marcengo se mordait l'intérieur des joues en plissant les yeux comme un petit garçon apeuré.
    On s'est arrêtés manger un sandwich dégueulasse dans une station essence et le pain semblait trempé dans le gasoil.
    On s'est rendus compte alors qu'on avait des fringues qu'étaient pas appropriées et qu'on pourrait pas se pointer comme ça, en short et en bleu de travail  ça la foutait mal. Du coup on a bifurqué vers une grande surface et on s est acheté des jeans et des tee-shirts. Marcellin a quand même  dit :
    - Elle aurait trouvé à redire si elle pouvait nous voir.
    J'ai pas pu m'empêcher de lancer :
    - Tu pourrais pas la fermer pour 1 fois, maman est morte et toi t'es toujours aussi con.
    Ça lui a claqué son clapet et on.a entendu les mouches voler jusqu'au panneau annonçant le bled où se trouvait la maison de retraite.





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