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    Sflagg le 18 août 2023
    Bonjour !

    Voici un lieu pour rassembler tous les défis d'écritures depuis le début de l'aventure.

    Sera mis ici, chaque défi, avec un récapitulatif, donnant le thème, les nominés, le lien vers le défi en question et le texte du gagnant. 

    Je tiens à associer et remercier Walex et franceflamboyant, qui ont déjà fait un énorme travail d'inventaire dans lequel j'ai largement pioché, et Cathye, pour son travail de relecture et de recherche des textes tronqués et de leurs auteurs. 

    Chacun est libre d'y participer, surtout si un jour, pour une raison ou une autre, je ne le tenais plus à jour.

    Par contre pour tous les commentaires, merci de les poster ici, histoire de ne pas encombrer ce fil.

    Attention : Les textes appartiennent à leurs auteurs et toutes reproductions partielles ou totales, hors de ce groupe "défi d'écriture" et les "autour des défis", sont interdites sans l'autorisation des propriétaires. 

    Les défis orphelins :
    Défi Photograture (nouveau genre)! Début Octobre 2011. Organisateur(trice) : isallysun 
    Défi Photograture 2° Novembre 2011. Organisateur(trice) : isallysun 

    Sommaire
    Par Carolina78 , merci à elle ! 

    Ps : Si vous voyez des erreurs ou des oublis, n’hésitez pas à les signaler sur l'autre Autour. Je ferai mon possible pour tout corriger ou rajouter.

    Ps 2 : J'ai mis la première participation des plumes étant là depuis longtemps et  toujours présentes au moment où j'ai débuté ce fil (plus quelques autres). J'en ai sûrement oublié, donc si vous voulez que je vous cite, n’hésitez pas à le faire savoir dans l'autre autour.

    Bonne lecture et a+ !!
    Sflagg le 18 août 2023
    Pour débuter, voici la réunion des premiers défis qui se nommaient alors " Le défi littéraire ". ils tournaient autour d'un mot choisi par les participants lors d'un vote, le gagnant aussi était choisi par le vote des participants et autres babeliotes
    Les textes ne semblent pas être toujours inclus au fil même et les gagnants pas cités dans les défis et introuvables. Donc pas de textes à mettre et donc pas besoin d'un message par défi.

    Janvier/février 2011 : Borborygme
    Organisateur-trice  : Bibalice
    Gagnant·e : aucun, pas encore mis en place.
    Nominé·e·s : aucun, logique.
    Lien vers tous les textes : https://babelio.wordpress.com/2011/02/06/ou-babelio-vous-presente-les-premiers-textes-de-son-defi-litteraire/

    Mars 2011 : Silence
    Organisateur-trice :LiliGalipette, Bibalice
    Gagnant·e : inconnu, lien mort
    Nominé·e·s : aucun
    Lien vers tous les textes : https://babelio.wordpress.com/2011/04/04/second-challenge-litteraire/

    Avril 2011 : Paillasson
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Bibalice ?
    Nominé·e·s : aucun
    Lien vers tous les textes :blog fermé

    Mail 2011 : Pomme
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Bibalice (trouvé après mise en page)
    Nominé·e·s : aucun

    Juin 2011 : Pixel
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    Juillet 2011 : Mélodie
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    Aout 2011 : Estaminet
    Organisateur-trice : Bibalice, Okta
    Gagnant·e : inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    A partir de Septembre 2011 le nom change pour devenir Thème du défi d'écriture de...

    Septembre 2011 : Olive
    Organisateur-trice : Bibalice, okta
    Gagnant·e : inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    Octobre 2011 : Photographie
    Organisateur-trice : LiliGalipette, Bibalice
    Gagnant·e : inconnu
    Nominé·e·s : aucun
    Lien vers tous les textes : https://babelio.wordpress.com/2011/11/07/ou-lon-vous-propose-de-voter-pour-votre-texte-prefere-sur-le-theme-de-la-photographie/

    Novembre/Décembre  2011 : Réverbère
    Organisateur-trice : LiliGalipette, Bibalice
    Gagnant·e : LiliGalipette (trouvé après mise en page)
    Nominé·e·s : Mandarine43, Steppe, johaylex et valdemosa38

    Mai 2012 : Ogre !
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : :Inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    Juin 2012 : Grumeaux
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : :Inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    A suivre....
    Sflagg le 18 août 2023
    En juillet 2011 est apparu un deuxième défi d'écriture nommé " Concours d'écriture". Il s'étalait sur deux mois et était les prémisses des défis comme on les connait aujourd'hui.

    Été 2011 : Souvenirs de vacances
    Organisateur-trice :Okta
    Gagnant·e : Mimipinson
    Nominé·e·s : aucun
    Le résulta fut donné lors du premier pique-nique de Babelio

    Texte gagnant et hélas tronqué de Mimipinson :

    Im memoriam.......

    Ce matin, je n’ai pas le temps de trainer. La journée est jalonnée de rendez-vous. Il n’y a pas de temps à perdre. Le ciel est clément, le fond de l’air un peu frais…..ça ira, je suis équipée. Je prends la direction de Port Autority Terminal, pour y prendre un métro qui m’amènera à Brooklyn. Je commencerai la journée par une mise en jambe, un peu d’exercice et un grand bol d’air. En effet, dès la sortie du métro j’entame la traversée de ce pont mythique qu’est le Brooklyn bridge. Il a fière allure. Il enjambe l’East River, relie Brooklyn à la pointe sud de Manhattan. L’étage inférieur est réservé aux véhicules ; les piétons et cyclistes vont à l’étage supérieur. Chacun à sa place, cyclistes à droite, piétons, joggeurs à gauche !!! Malheur à celui qui s’aventure chez le voisin………comme moi, par exemple !!!! Cette balade sera extraordinaire à plus d’un titre ; d’abord, il fait un temps magnifique, l’air est vif, cela fait un bien fou. Mais surtout la vue est splendide. A cette heure, il n’y a pas grand monde, alors on ne se bouscule pas. Il me faudra vingt minutes pour arriver de l’autre côté, avec Le City Hall face à moi. Je commence à avoir un peu faim…….On verra cela un peu plus tard. Le Woolworth Building est magnifique ; comme le reste, je ne sais plus où donner de la tête, il y a des reflets partout dans les tours de verre. Je me dirige sur Broadway ; et c’est là que mon flair m’arrêtera dans un self –épicerie. Le petit déjeuner sera copieux. Mes batteries rechargées, je me remets en route vers un lieu chargé de souvenirs…….vous avez deviné. Pourquoi y aller ? Souvent je me suis posée cette question. Est pour « matérialiser » des images à jamais gravées dans ma mémoire, qui à chaque fois me glacent le sang ? Est-ce un pèlerinage ? Est-ce du voyeurisme ou du moins une forme de voyeurisme ?
    Oui, j’avais besoin, de voir de visu le résultat de la folie des hommes. En tout cas je ne céderai pas à une tentation inconsciente de voyeurisme ; je me contenterai de ce que je vois, c'est-à-dire de grandes palissades qui cachent un lieu de mémoire qui regarde vers l’avenir. Je n’irai donc pas du côté où sont affichées les photos de ces valeureux pompiers.
    Je continue donc à me promener dans le Financial District, pour parvenir à l’heure du rendez vous à la FED. Depuis le temps que j’en entends parler de cette FED, et de son directeur qui en relevant ou pas les taux directeurs de l’argent, influe sur la marche économique de notre monde un peu fou parfois. Il faut montrer patte blanche ; ça ne rigole pas. Tout y passe : passeport, contrôle de sécurité, « mise à poil » ou presque. La visite est en anglais, alors cela devient vite fastidieux, car je ne comprends pas grand-chose….. à part GOLD, un mot magique !!! Certes, la vue d’une masse de lingots d’or a son intérêt, mais bon. Je préfère me retrouver dehors, vers un autre lieu, lui aussi centre du monde : Wall street et le NYSE. Parmi tous ceux qui circulent par là, je m’amuse à débusquer un ou plusieurs Bernard Madof. C’est fou comme une si petite rue peut focaliser tous les regards et être le siège de la finance mondiale. Et il est encore plus surprenant, d’y découvrir, bien au fond une église, mignonne comme tout. Après un passage bref par Charging bull, et m‘amusant de celles et ceux agglutinés et admiratifs, sont pris d’une euphorie que je comprends assez mal devant ce bovin de bronze , je me dirige vers Pier 17, bien décidée à me trouver une place pour une comédie musicale le soir même……….Lorsque je vois la file d’attente, je prends mes jambes à mon cou. Ce soir, ce sera Times square, voilà tout ; je n’aime pas attendre. De toute manière, un autre rendrez vous m’attends, et je n’ai pas l’intention d’y être en retard.
    A 1230, je décolle pour 20 mn d’hélico. Je suis attendue, et c’est avec une famille Norvégienne que je ferai le survol : Papa, Maman et les 2 filles Ils sont super sympa, ces gens. Ils parlent mieux anglais que moi, mais le pilote aura la délicatesse de parler très doucement pour que je puisse comprendre ses commentaires. De plus, c’est à ses côtés que je serai installée…..comme une reine.
    Que dire de ce survol ? SOMPTUEUX, à couper le souffle. Je ne décrirai pas dans le détail l’itinéraire ; je dirai simplement qu’il m’a paru très complet, bien expliqué. Le pilote, ne cessai de remercier les amis Français pour le » cadeau ». La Dame, en effet leur a été offerte par les Français. Par deux fois, il nous fera survoler Ground Zero, c’est glaçant ; aucun commentaire n’est nécessaire ; des images se bousculent dans ma tête, je voudrais les chasser pour y mettre à la place ce qui sortira de ce chantier ; ça n’est pas facile………
    Survoler Manhattan en fin de séjour est l’idéal. En effet, j’avais la topographie des lieux bien en tête, et je pouvais sans difficulté reconnaître les monuments, musées, et building que j’avais vus ou visités. Ce fut un émerveillement. J’aurais aimé que cela dure, que cela dure, et que cela dure encore…………..il faut bien revenir. Cela restera un des plus beau souvenir de ce voyage.
    A peine descendue de l’hélico, c’est à vive allure que je repars !!! Ben oui, j’ai mon troisième rendez vous !! Quelle vie, je ne vous dis pas…….

    La Miss m’attend ; elle m’a même autorisée à venir voir sous sa jupe et à la regarder les yeux dans les yeux. C’est un privilège dont on ne se prive pas. Le tout nouveau Mister President of the United State, l’avait promis : depuis le 4 juillet, Miss Liberty accueille à nouveau les courageux qui veulent la saluer de très près. Lorsque j’ai appris cela, je me suis précipitée sur mon ordinateur pour décrocher le fameux sésame.

    Me voilà donc en route pour Battery Park, lieu de départ des ferries qui s’arrêtent à Liberty Island. Je passe sur les contrôles de sécurité ; ils font partie du décor ; il y aura pire à l’arrivée.
    Le trajet est agréable ; La skyline qui s’éloigne peu à peu laisse une vision conforme à ce que je voyais dans les livres. Au fur et à mesure que Manhattan s’éloigne, c’est la Miss qui se rapproche. Elle campée, solidement, sur son socle, seule sur une ile. Elle est là, fière, et digne, tenant dans sa main gauche, la déclaration d’indépendance des USA , et dans son bras droit lever vers le ciel une torche qui a longtemps été le premier repère de millions de migrants arrivant là pour tenter une autre vie.

    Ne dit-on pas que c’est la liberté éclairant le monde ?

    J’ai tellement entendu qu’elle paraissait plus grande qu’elle n’était en réalité, que je l’ai finalement trouvée impressionnante. Le visage jeune et fin. C’est un cadeau de La France pour le centenaire de l’Indépendance de cette Nation.
    Avant d’aller visiter les entrailles de la Dame, je prends mon temps pour faire le tour du propriétaire. Et je ne suis pas au bout de mes peines. Parce que pour aller visiter la Dame, il me faudra d’abord laisser les affaires dans un coffre que j’aurai tout le mal du monde à trouver, puis passer un contrôle de sécurité un peu bizarre : un portique, dans le quel il faut s’arrêter , une fois dépouiller de presque tout, puis subir une sorte de soufflette à trois reprises. Il faudra attendre le feu vert pour en sortir….on n’est jamais assez prudent.
    La torche originale, est ainsi exposée, puis pour arriver en haut, il faudra gravir une à une, les 353 marches, dont le diamètre va aller en s’amenuisant. Deux fois, nous avons la possibilité de se reposer, et d’admirer dehors la vue imprenable sur Manhattan. L’arrivée sera la bienvenue. La couronne a la forme d’un tableau de bord de TGV. Qu’il doit s’ennuyer, le garde qui est là en permanence. Ce n’est pas la foule des grands jours…… Une petite photo, et puis il faut amorcer la descente, assez casse gueule je dois dire ; un faux pas, et j’arrive plus vite que prévu….enfin s’y arrive. Bref, vous l’aurez compris, je me cramponne !!
    Je passe un peu de temps sur le socle, puis décide de continuer ma route, car il est déjà 16h. Je reprends le ferry, mais je décide de faire l’impasse sur Elis Island. Je préfère, maintenant, me promener le nez au vent ; il y a encore des tas de quartiers à découvrir.

    A Suivre...
    Sflagg le 18 août 2023

    Im memoriam....... (suite, mais pas fin)

    A la sortie de Battery Park, je remonte donc sur Broadway, en me trouvant au passage 2 muffins à grignoter tout en marchant. Je tourne à droite sur Canal Street, puis prends la Sixth avenue, pour reprendre Bleecher street, et à nouveau Broadway. Le Cartoville à la main, je me demande de quelle manière je vais m’y prendre pour atteindre Washington square ; Une charmante dame, me demande spontanément si j’ai besoin d’aide. Objectivement, non, je ne suis pas perdue, mais je la laisse me guider, puisque cela me semble lui faire plaisir de m’aider. Quel est le Parisien qui offre spontanément son aide aux touristes dans le besoin ????? Il y aurait là quelques leçons à prendre chez nos amis Américains.
    Washington square, est en vue, avec ses musiciens ; et delà j’enfourche la Fifh avenue. Comme je commence à en avoir un peu plein les pattes, je me fixe comme point d’arrivée le Flatiron. Quelques petites crèmes magiques, et un Jeans plus tard sur la 14th street, je reprends la Cinquième ; je suis fin fatiguée, mais j’ai quelques réserves secrètes d’énergie. Il fait nuit quand j’arrive sur le Flatiron, mais peu importe, il est chouette ce building.

    Je ne sais pas combien de kilomètres j’ai fait aujourd’hui, mais je suis sure d’une chose : mes pieds sont en compote, le dos est en purée, les épaules sont en mélasse. Les yeux, sont heureusement en pleine forme, ils emmagasinent les souvenirs pour les jours de l’année un peu moins fastes. Il sera toujours bon de les raviver à ce moment là. Ce qui est pris, est pris, et n’est plus à prendre. Je me dis « quand même t’en as de la chance d’être là » C’est vrai que je vis de bons moments, très bons, même.

    Comme lundi, je prends le même métro pour retourner à l’hôtel. Je n’ai rien de prévu ce soir. J’irai flâner dans Times square.
    Avant tout, il me
    Sflagg le 18 août 2023
    Janvier 2012 : Vinyle
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : DrJackal
    Nominé·e·s : Bibalice, Greg Lemarchand, TchippyetLacroute (écrit à quatre mains)

    "La marche funèbre" de DrJackal 

    L'école venait de se terminer, Maria rentrait en bus du lycée Victor Hugo, elle sortait tout juste d'un cours de mathématique, ou comme d'habitude les nombres complexes lui était passé loin au dessus de la tête.
    -Non mais c'est vrai ça, quel intérêt d'inventer un nombre qui est égal à moins un quand on lui fait ça racine carrée? Puis comment je vais annoncer ça a papa que j'ai encore eu 5 au devoir parce que je comprend rien a ce que raconte l'autre barbue, en plus il sent le saucisson... mais bon il comprendra pas, j'aurais encore droit a la même rengaine...

    Maria en était la de ses tribulations quand elle rentra dans la maison 9 rue Voltaire.

    La maison était étrangement vide, seul une musique chevrotante, envoutante, dans un magnifique anglais se laissais ouïr dans cette grande maison.

    Your faith was strong but you needed proof
    You saw her bathing on the roof
    Her beauty and the moonlight over threw you
    She tied you to her kitchen chair


    Maria appelait son père en traversant toutes les pièces une à une, pour lui annoncer au plus vite la triste nouvelle, tout en réfléchissant à une excuse qui lui éviterais la punition prévisible. Elle se laissât guider par la musique, lui rappelant vaguement un souvenir d'enfance, qui continuais à chevroter gentiment vers le fond de la maison.

    Baby I've been here before
    I've seen this room and I've walked this floor, you know
    I used to live alone before I knew you
    But I've seen your flag on the marble arch
    And love is not a victory march

    -Papa ?
    Maria frappait à la porte de la chambre ou son père dormais seul depuis le départ de sa mère il y à 3 ans.
    -Papa?
    Mais le seul son provenant de cette porte était cette musique dont elle arrivait pas à remettre le nom …

    But there was a time when you let me know
    What's really going on below
    But now you never show that to me, do you ?
    But remember when I moved in you
    An holy dove was moving too

    La porte fini par s'ouvrir sous les coups répétés de Maria, dans un grincement sinistre, et la elle vit , le vieux phonographe qui était dans le salon quand elle était petite que ça mère avais ranger dans le garage après l'arriver de la platine CD, avec un vieux 45 tours qui tournait dans un mouvement circulaire approximatif et laissais dans l'air cette musique envoutante qui transpirait de souvenir...

    Maybe there's a God above
    But all ever learned from love
    Was how to shoot somebody who out drew ya
    And it's not a cry that you hear at night
    It's not somebody who's seen the light
    It's a cold and it's a broken

    Elle s'approcha de l'objet musical, pour voir la pochette posé à côté Jeff Buckley, sans savoir pourquoi une larme coulât sur sa joue, chaude lancinante comme cette musique n'en finissant pas de filer et de lui donner des frisson, et enfin elle fini par se tourner et le vie la, derrière la porte, sil lui fallu quelque seconde, et peut être un ou deux appel pour comprendre que les pieds de son père ne touchais plus le sol de la chambre, qu'il était comme en suspension dans l'air la fixant avec un sourire figer, le dernier sourire d'un ange pensa-t-elle, puis tout lui vient en pleine face, l'odeur d'urine avec la flaque tachant le dernier linceul Hugo Boss de son père, la corde attaché à l'applique murale et passant autour de son cou livide, ses yeux vitreux fixant le vide...
    Elle tomba à genoux sur le sol dur et froid de cette chambre mortuaire, les larmes ne s'arrêtant plus, comme le phonographe répétant de cette voix triste et chevrotante à l'infini :

    Hallelujah, Hallelujah
    Hallelujah, Hallelujah.
    Sflagg le 19 août 2023
    Février 2012 : Sibérie !
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Bibalice
    Nominé·e·s :Johaylex,  LiliGalipette, Greg Le marchand et Spleen

    "L'inconnue de Sibérie" de Bibalice (pour le texte en entier et les autres textes suivre le lien), (La deuxième partie se trouve à la fin du défi Ombre, d’avril 2012) :

    Kingdom of hell
    And then here she came
    King wasn’t dead
    But
    She knew it all
    Lord Byrdin, “Siberia”, Syberian poems, St Andrews University Press, London, 1900
    I.
    Malgré la tempête et le paysage grandiose qui s’offraient aux yeux circonspects de la poignée de voyageurs, Graham Grey était la véritable attraction de ce transsibérien qui fonçait à toute allure vers le Grand Est.
    Impassible, presque immobile, il semblait lire depuis trois heures maintenant le petit bout de parchemin qu’il avait délicatement posé sur le rebord gauche de la petite table en bois vieilli. Sur la droite, il avait ouvert son carnet Moleskine qu’il caressait de sa plume à quelques intervalles irréguliers. Gratter sa plume sur le papier blanchi de son carnet était là son seul et unique geste. Toutes les dix minutes environ, il posait cependant sa plume pour remuer l’eau chaude de sa tasse de thé vert de Russie avec sa lourde cuillère en argent.
    « Il doit être froid maintenant », observa Elisabeth, pensive. Elle regardait l’homme porter la tasse à ses lèvres et la reposer sur la soucoupe sans que ce dernier ne quitte les yeux de son mystérieux manuscrit au papier jauni. « Il pourrait boire de la pisse de yack qu’il ne s’en rendrait même pas compte ! », rouspéta-t-elle en le fixant toujours de ses yeux bleus. Elle s’adressait à David mais celui-ci était plus intéressé par la neige qui virevoltait dans le ciel de Russie que par les extravagances d’un anglais excentrique.
    Il avait hâte que le train s’arrête pour qu’il puisse balancer la plus grosse boule de neige qu’il puisse imaginer sur la tête de sa sœur ! « Ah la tête qu’elle ferait avec toute cette neige dans les cheveux ! ça lui apprendra à tout savoir, à cette mademoiselle-je-sais-tout ! ». Cette pensée le réjouissait au plus haut point et il ne put s’empêcher de rire lorsqu'il prit de ses deux mains le bol de chocolat chaud que le serveur venait de poser sur la nappe de sa table.

    Emily hésitait à sortir. Elle se sentait bien dans ce train mais l’arrivée de ces nouveaux passagers ne la réjouissait guère. Entre Monsieur Mystérieux qui ne quittait pas son fichu machin des yeux et les deux hommes louches qui se trimbalaient toujours ensemble et qui faisaient peur aux enfants, il y avait comme un soupçon de nervosité dans l’air en plus.
    Les deux hommes fumaient une cigarette juste devant les toilettes dont elle n’osait sortir. « Mais quand est-ce qu’ils vont la finir cette foutue cigarette ??! Ils vont me laisser sortir à la fin ? Mais qu'est-ce qu'ils se racontent donc de si intéressant ? ». Elle posa ses deux mains contre la porte et colla son oreille gauche à celle-ci;
    Les deux hommes se croyaient seuls. Ils n’avaient pas remarqué que le loquet indiquait que les toilettes étaient occupés -ou bien qu’elles étaient en maintenance, mais ceci était tout de même moins probable.

    «-Quand est-ce qu’on opère, boss ? Ce soir ?
    - mmh, si ce salaud se décide à rejoindre sa cabine, on pourra peut-être récupérer le document et le copier. On le remettra dans ses affaires et tu transmettras la copie à tu-sais-qui une fois qu’on sera à Irkoutsk. Moi je le suivrai de loin.
    -Très bien mais comment on va faire pour récupérer le document ?
    -J’ai mon idée ! En ajoutant quelques ingrédients à son thé, il devrait nous faire un bon dodo pour la nuit et nous laisser tripatouiller dans ses affaires !
    -ahahahah

    « Holy God !» s’exclama Emily… Elle en avait le souffle coupé. Dès qu’elle les avait vu, elle avait su que ces deux-là étaient des malfrats ! On lit dans leurs yeux à ces gens-là ! Mais comment sortir ? Etaient-ils encore là ? Avaient-ils deviné sa présence ? Se cachaient-ils devant la porte ? Il fallait protéger les enfants, avertir l’homme mystérieux. Bon, s’était peu probable qu’ils l’attendent dans le petit couloir devant les toilettes. Il n’y avait pas assez d’espace pour préparer un sale coup et ils n’auraient certainement pas dévoilé leurs plans devant elle s’ils avaient deviné sa présence. Vite, les enfants.
    Emily ouvrit la porte en se prenant pour James Bond. Un coup d’œil à droite, un autre à gauche. Encore un autre à droite et encore un autre à gauche… trois petits pas devant elle, un regard derrière elle, encore trois petits pas… Les deux malotrus étaient partis vers les cabines. A gauche des toilettes. La salle de restaurant était à droite. Elle pouvait donc se dépêcher sans crainte d’être vue.
    «-Momm !! Pas vrai qu’il est bête David ? Ton fils est complètement stupide, COM-PLETEMENT stupide ! Tu es sûre que c’est mon frère ? Moi je suis sûr que non ! D’ailleurs je ne lui parle plus.
    -Pfff, moi je t’ai jamais parlé alors…
    -Bah, t’es pas en train de me parler là ? tu vois que t’es complètement crétin. T’es tellement crétin que tu ne t’en rends même pas compte. »
    -Les enfants ! Enough ! Arrêtez de vous faire remarquer ! Tout le monde vous regarde ! Tenez-vous tranquilles ! Elisabeth sois gentille avec ton petit frère ! David, tu peux me prêter ton crayon ? Oui, oui, le vert ça ira très bien ! mmh… et tu as encore une feuille blanche ? Non ? bon oui, celui-ci fera l'affaire.
    Vous voulez encore un peu de lait chaud les enfants ?
    -Oui !! répondirent-ils tous les deux en choeur ! D’accord, alors continuez à dessiner tous les deux sans vous chamailler !
    Emily écrivit quelques mots sur le papier, entre deux dessins de David, puis se dirigea vers le bar. Entre la table ou elle s’était installée avec les enfants et celui-ci il n’y avait pas quatre mètres mais Emily fit exprès de faire un petit détour par la table de l’inconnu et fit voler le papier jusque sur la table de l'inconnu.
    II.
    C’est en rangeant son carnet que Graham découvrit ce petit bout de papier blanc. En le déplia il ne put s’empêcher de rire ! Le petit anglais blond venait de lui écrire un mot sur un papier où l’on trouvait ce qui semblait être un animal -un yack ?- et un sapin ! Les deux étaient dessinés en vert et, à vrai dire, il n’était pas tout à fait sûr lequel était quoi ! Il parcourut la salle du regard et vit que le petit garçon ne se souciait pas du tout de lui ! Sa mère, en revanche, lui lançait de drôles de regard ! Il regarda le papier plus précisément et déchiffra le message qu’il pensait être celui de l’enfant :

    « Beware ! Do NOT Drink your tea ! Two men are trying to kill you !

    Graham regarda sa tasse de thé. Il avait demandé au serveur de lui servir continuellement de l’eau très chaude. Impossible de savoir si quelqu’un avait ajouté quelques produits toxiques dans celle-ci.
    Il regarda de nouveau la femme en face de lui. Elle semblait paniquée.
    Graham plia le manuscrit , le glissa à l'intérieur de son carnet et rangea celui-ci dans la poche de sa veste.
    Plongé depuis des heures dans les merveilles de ce manuscrit, Graham eut un peu de mal à se réadapter à la vue du compartiment-restaurant du transsibérien. Il faisait chaud, presque trop, ce qui rendait irréele la vision de la tempête qui semblait redoubler de violence à chaque coup d’œil à la fenêtre. Il lui semblait d’ailleurs que le train avait ralenti depuis une heure ou deux. Il n’était pas improbable que le train s’arrête pour la nuit. C’était peut-être dangereux de continuer à avancer à toute vitesse au milieu des éléments ainsi déchainés. Qui sait si un arbre ne s’était pas abattu sur les rails ? Mais, immobile, le train ne risquait-il pas de se renverser ? Graham n’en savait fichtrement rien. C’était la première fois qu’il quittait le Royaume-Uni et sa connaissance des chemins de fer sibérien était très limitée.
    Le paysage aurait dû l’émerveiller, lui qui n’avait pour décor quotidien que les livres anciens de son immense bibliothèque, mais ce qu’il avait découvert dans les pages déchirés d’un vieux manuscrit de sa bibliothèque l’émerveillait encore plus et il ne put se résoudre à le quitter des yeux pendant le trajet, fut-ce l’Eden qui s’offrait derrière les vitres épaisses du Transsibérien.

    La jeune femme le regardait toujours. Ses deux enfants s’était endormis dans les confortables canapés en velours du wagon. Graham se décida à la rejoindre. Elle avait apparemment quelque chose à lui dire.
    « Hello Miss, I believe you’re from London too… »
    « Oui, et on n’est pas les seuls, commença-t-elle d’entrée, en un seul et unique souffle. Elle regarda autour d’eux et continua, en baissant la voix au fur et à mesure qu’elle prononçait un nouveau mot !
    J’ai surpris la conversation de deux hommes ! Ils cherchent à vous tuer, ou à vous endormir, ou je ne sais pas, je n’ai pas tout compris, mais ils vous en veulent !
    -Comment savez-vous qu’il
    Sflagg le 19 août 2023
    Mars 2012 : Echolalie !
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e ex æquo : Spleen et Missbouquin
    Nominé·e·s : aucun

    Echolalie de Spleen :

    Dites moi bien deux fois ce que l’écholalie

    Ce que l’écholalie a de bien agaçant

    A de bien agaçant quand on est enseignant

    Quand on est enseignant on répète à l’envi

    On répète à l’envi des principes abstraits

    Des principes abstraits forgeant le jugement

    Forgeant le jugement, l’esprit devient la plaie

    L’esprit devient la plaie de leur enseignement

    De leur enseignement, il faudra que l’on sorte

    il faudra que l’on sorte dans la cour en chantant

    dans la cour en chantant, sitôt passée la porte

    sitôt passée la porte « et merde aux enseignants »

    (et merde aux enseignants)


    Rencontre mythique de Missbouquin :

    Les jours les plus étranges de notre vie sont souvent les plus calmes : il est rare que l'on soit averti un matin par un signal nous mettant en garde contre la journée qui s'annonce ! Et la journée de mai pendant laquelle je fis une surprenante rencontre ne fit pas exception à cette règle ...

    Ce jour-là, je rêvassais en attendant mon prochain client lorsque deux femmes firent irruption dans mon cabinet, en larmes. Déconcerté, elles ne me laissèrent pas le temps de poser une question, ou même de demander leur nom : la plus âgée, vêtue d'une étrange robe démodée, se mit à m'expliquer, entre deux sanglots, les raisons de leur venue (pour plus de commodités de lecture, j'ai ôté la retranscription des pleurs et vous laisse imaginer leur désespoir, sans cet artifice littéraire facile !) :

    - Docteur, voyez-vous, c'est ma sœur ... elle est frappée d'un terrible mal !

    - Tiens donc ? De quoi s'agit-il, Madame, demandais-je en me tournant vers la plus jeune des deux femmes.

    - ... aaamm ... répondit-elle

    - Pardon ? Je pense avoir mal compris ?

    - ... priiii priiii ... dit-elle encore

    Interloqué, j'interrogeai l'autre femme du regard, qui avait écouté notre "conversation" d'un air désespéré.

    - Cela fait une semaine qu'elle ne peut parler qu'en répétant la fin des mots... c'est horrible !

    - En effet ... cela ressemble à un très grave cas d'écholalie ! Mais il faudrait que j'en sache un peu plus pour déterminer le traitement nécessaire ...

    - Eh bien, c'est simple Docteur, un homme puissant s'est servi d'elle pour séduire ses compagnes ..

    - Mais c'est affreux !

    - Oui, mais le plus terrible c'est que cet homme a une femme très jalouse et que ...

    Je ne pus en savoir davantage car à cet instant précis, la porte de mon cabinet explosa ! Je crus devenir fou en voyant une femme vêtue seulement d'un ample manteau blanc, à la romaine.

    - Ça suffit ! cria t-elle. J'en ai assez de vous poursuivre depuis des centaines d'années, à toutes les époques ! Tu dois accepter ton châtiment, Écho, pour t'être fait complice de mon mari ! Ça t'apprendra à favoriser ses incartades !

    Et toi, Éris, tu ne crois pas que c'est déjà assez le bazar à l'Olympe ? Faut-il vraiment que tu déranges tout le monde juste pour me faire enrager ?

    Déguerpissez !

    La seconde suivante, les deux femmes avaient disparu. Junon (car c'était elle), se tourna alors vers moi. Je ne pus m'empêcher de me recroqueviller sur mon siège ...

    - Et vous ? Mais que vous apprend t-on à l'école ? On ne sait même plus reconnaître une punition divine ? Rahh, si j'avais davantage de temps, je vous en aurai concocté une belle ! Mais vous êtes chanceux, Jupiter doit être encore en train de me tromper, et même sans l'aide de cette petite peste d’Écho, il y arrive à la perfection ! Je file ! Je vous laisse un petit souvenir ...

    Sur ces mots, elle disparut. A la place qu'elle occupait la minute d'avant, m'apparut un joli petit buste la représentant. L'effleurant et le retournant d'un geste distrait, encore sous le choc de mon aventure, je mis quelques secondes à sentir sous mes doigts une inscription. Je me baissai : il était écrit "Made in China". Les Dieux ne sont vraiment plus ce qu'ils étaient au temps d'Ovide, soupirai-je.


    Voilà ... :oops:
    Sflagg le 19 août 2023
    Avril 2012 : Ombre !
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Steppe
    Nominé·e·s : Spleen et LiliGalipette

    Ombres de Steppes :

    Je dirais bien quelques mots sur ce "poor lonesome cowboy" qui tire plus vite que son ombre ou bien, afin de paraître érudite, je placerais volontiers un couplet sur Proust et son "A l'ombre des jeunes filles en fleur" mais je vais vous faire grâce de ça et juste vous laisser méditer sur la richesse d'un mot...

    Il y a celui-la qui se méfie, croit préssentir toujours la chose cachée, le secret inavouable.... Le mari soupçonneux, le patron défiant, le gendarme à l'affût de la faute, la mère inquiète des silences de son enfant. Ceux là ont fait de leur crainte un art de vivre et jamais ne connaîtront le bonheur de respirer sans "l'ombre d'un doute".

    Il y a le timide, l'introverti, le frémissant au moindre bruit, l'insomniaque harcelé par des lendemains incertains. L'anxieux pathologique qui sursaute à la moindre alerte, au plus petit signe de danger. Il y a mon chat qui gronde et tressaille dès que l'inconnu se montre ou s'entend. Ceux-là, qui ont "peur de leur ombre", comme je les plains et compatis!!!

    Et puis aussi il y a les cadors.... Ceux-là me touchent moins. Ils m'agaceraient plutôt. Ces caïds qui roulent des épaules, écrasent sans état d'âme, passent devant, frappent par derrière. On en connaît tous au moins un. Qui pour briller tenterait de "faire de l'ombre" au soleil lui-même.

    Il y a le fatigué, l'accablé. Celui que la vie éreinte épreuve après épreuve. Le laminé sans plus aucun ressort, le flétri, le fâné que le destin brise avec acharnement. Celui dont l'existence ressemble à une lutte perpétuelle. A peine un écueil franchi, qu'un autre se dresse. Et celui-là n'a qu'une envie : aller se "mettre à l'ombre". Juste un moment, une heure ou deux, ou une année ou toute une vie....

    Et parmi eux, preque perdu, l'artiste aux doigts magiques qui s'échine jour après jour et pour notre plaisir à animer nos murs de ses tableaux magiques. L'index replié, l'annulaire tendu, le pouce disparu ou bien, la paume ouverte, il nous offre son bestiaire vaporeux. Virtuose de "l'ombre chinoise", il nous ravit et nous émerveille.

    Et voici le naïf. Le futile qui se laisse éblouir et perd ainsi le "tout". L'avide,aveuglé par le reflet du bonheur. Qui y plonge tout entier jusqu'à en revenir pauvre de tout et désillusionner, quand juste avant, tout près de lui, la fortune lui tendait la main. Sans fioriture, sans éclat mais il en a préféré l'éblouissant mirage qui s'offrait à lui. Et il a ainsi "lâché la proie pour l'ombre".

    Et reviennent le timide, le fatigué et le méfiant..... Chacun d'eux pour des raisons différentes a besoin de s'attacher à un autre. Le timide ce sera pour se rassurer, il choisira quelqu'un de fort, de sécurisant qui lui donnera un peu de son énergie. Le fatigué lui, s'abandonnera à son contraire, croyant pouvoir puiser en lui l'énergie qui lui manque et puis, finira par le détester tant il sera son contre-reflet. Quand au méfiant, à chaque fois qu'il aimera, il ne pourra s'empêcher de "suivre comme son ombre" l'objet de sa tendresse.

    Et puis, voila, il y a moi.... Tantôt fragile et vulnérable. Tantôt solide et imprenable.... Tour à tour cabane ou citadelle.

    Moi auprès de toi qui se repose et se nourrit.
    Plume fragile ou louve jalouse et dangereuse, c'est à l'ombre de toi que je me reconnais....
    C'est à l'ombre de toi que je me réalise
    Et mon ombre, sur toi, je le sais, nourrit ta flamme et te rassure...

    Ainsi, de l'ombre de chacun naît la lumière de l'autre
    Sflagg le 19 août 2023
    Un jeu d'écriture pour le pique-nique Babelio !
    Été 2012 : La rencontre
    Organisateur-trice : Elisie
    Gagnant·e :Tilly
    Nominé·e·s : aucun

    -- début --- de Tilly


    - Mammy, raconte-moi comment tu as rencontré grand-père.

    - Euh, tu sais ma petite fille, les choses ont beaucoup changé. Il faudrait que je te parle d’un temps et d’un mode de vie que tu ne peux même pas imaginer.

    - Allez grand-mère, je suis plus un bébé, accouche !

    - Tu l’auras voulu ma chérie : ton grand père et moi, nous nous sommes rencontrés dans la vie réelle...

    - Dans quoi ?

    - Tu vois je t’avais prévenue... En ce temps-là on disait “IRL”, mais ce n’était pas du tout "ir-réel", bien au contraire. J’avais vingt ans, c’était au début du mois de juillet 2012, juste après les concours. Il faisait beau, il y avait des pique-niques organisés un peu partout sur les pelouses des squares et des parcs dans tout Paris. Maintenant avec le “couvre-pollution” ce ne serait plus possible. Nous pouvions sortir à n’importe quelle heure, nous promener n’importe où. Pas comme aujourd’hui où les sorties sont réglementées et autorisées seulement dans les cas graves. Par contre il faut reconnaître que les conditions de logement et le confort n’étaient pas les mêmes. Les appartements étaient très petits, pas du tout climatisés, alors on se retrouvait entre amis au dehors, dans les cafés l’hiver, le long de la Seine l’été. Sinon, on avait déjà des réseaux sociaux qu’on utilisait pour se donner rendez-vous. Mais les noms ne te diront rien : Facebook, Twitter, Babelio...

    - Grand-mère, rebranche ! Tu diverges... tu disais qu’un jour d’été en 2012... ?

    - Ah oui, pardon mon petit, tu as raison, je radote. Tu sais à l’époque je lisais beaucoup, pas comme toi maintenant. D’ailleurs les livres comme ceux que nous lisions, ça n’existe plus. Je vais encore t’ennuyer si je te raconte... Bref, je m’étais inscrite à un réseau social dont les membres comme moi aimaient les livres, et parler de leurs lectures. Alors je suis allée un dimanche au rassemblement appelé par le réseau dans un grand parc qui n’existe plus aujourd’hui. J’avais apporté mon pique-nique dans un panier et aussi un roman que j’avais spécialement choisi pour servir de lot au tirage au sort de livres qui serait organisé dans l’après-midi. On nous avait demandé de l’emballer comme un paquet-cadeau pour garder le mystère. Je me souviens, c’était “Les Chroniques Martiennes” de Ray Bradbury. J’avais écrit un petit mot sur une page blanche du livre avec mon pseudo pour expliquer que j’aimais beaucoup ce recueil de nouvelles dont l’auteur venait justement de mourir, très âgé. Enfin à l’époque cela nous semblait un âge très avancé, 91 ans. Aujourd’hui quand on meurt à 110 ans, c’est dans la fleur de l’âge.


    - Mammy... !

    - Ah oui ! Donc : il faisait très beau, il y avait plein de monde. Je ne connaissais personne, mais les organisateurs avaient prévu des jeux littéraires, des quizz, qui peu à peu ont rapproché les participants. Et puis le moment de la loterie est arrivé. Le tirage au sort m’a attribué un petit paquet mal fagoté dans un papier cadeau rouge un peu fatigué. Impatiente de découvir mon lot je m’apprêtais à déchiqueter l’emballage, mais tout en gardant un oeil sur le paquet que j’avais remis à la loterie ; et là, justement, il venait d’être tiré au sort et remis à un jeune homme que je n’avais pas remarqué jusqu’ici. Je m’approchais de lui précautionneusement pour surveiller sa réaction sans qu’il m’aperçoive, tout en ouvrant mon propre paquet. Bingo ! Chaque paquet contenait la même édition Poche des “Chroniques Martiennes” ! Je n’eus même pas besoin de vérifier que le pseudo inscrit sur son badge figurait aussi sur mon livre. Nous nous faisions face, émus et souriants. A la nuit tombante nous étions les derniers sur la pelouse, insensibles au frais qui venait, nous avions encore tant de choses à nous dire...

    - Ah, c’est tout ! Mais après, grand-mère, qu’est-ce qui est arrivé, après ?

    - Après ? Ray, ton papa, est arrivé neuf mois plus tard. Avec ton grand-père quand on reparle de ce temps-là, on dit que c’était notre “Close Encounter of the Third Kind” à nous, mais ça tu demanderas à ta mère de t’expliquer...


    --- fin ---
    Sflagg le 19 août 2023
    Été 2012 : Au choix entre Musqué(e), ZigZag et Estuaire
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Bibalice
    Nominé·e·s : aucun

    Lettre retrouvée le 29 août 2009. de Bibalice, thème Estuaire :

    "Ce n’est pas à Deauville, cher Monsieur M, que je suis en train de prendre quelques jours. C’est dans la folie furieuse.

    Avez-vous entendu cette histoire dans les journaux de cet homme qui, dans la nuit d’hier, à perdu un de ses fils dans l'estuaire qui sépare Deauville de Trouville ?

    Et bien j’y étais moi au dessus de cette jetée infâme. Vous avais-je dis que j’étais allé à Deauville pour fuir, l’espace de quelques jours, une grave dépression provoquée par le jeu cruelle des filles que je connais ? Une dépression aggravée, mais vous le saviez déjà, par les difficultés de plus en plus sérieuses que je rencontrais pour mes travaux de recherche.
    Alors je suis allé à Deauville, en voiture, au soir d'une nuit trop arrosée.
    Las, la chaleur y était, en ces jours d'été, aussi lourde qu’à Paris, mon cœur chaque jours affaibli par les messages envoyés depuis la capitale. J'étais à Deuaville mais je restais enfermé chez moi.
    Aussi, épuisé, cerné, mal rasé et par hasard suis-je un soir sorti de ma caverne que j’estimais responsable, pour une raison ou pour une autre, d’une partie de mes maux et de ma non productivité.
    Je suis donc sorti dehors, mon visage en berne, mon regard en cimetière. À ma grande surprise je vis qu’un vent terrible venait de se lever. Un vent puissant, Normand. Tout à la fois volatile et vivifiant. Au bout de quelques mètres je me suis surpris à sourire légèrement, le vent balayant mes pensées lugubres aussi facilement qu‘il balayait le sable sous mes pieds. Là, zigzaguant aussi bien dans mes pensées que sur le sable fin qui se dérobait à mes pieds, me suis-je empressé de rejoindre le fameux muret donnant sur la mer, muret connu seulement des plus téméraires des Deauvillais. J’ai marché là, sur ce muret long mais fragile, dressant ma carcasse de jeune paumé contre un vent qui peu à peu devenait terrifiant. Le soleil se couchait au loin. Les nuages noirs se dévoilaient. Mais rien à dire il faisait encore très beau, le vent annihilant cependant toute éventuelle trace de chaleur. J’ai marché, fier et vaillant. Je pouvais, désormais, affronter la terre entière. J’inspirant l’air marin, légèrement musquée, fermait les yeux, levait le poing. J’expirais. Le vent, je le savais, pouvait me balayer d’un côté ou de l’autre du muret, ce qui aurait eu pour fâcheuse conséquence, quel que soit le côté, de me fracasser le crâne. Mais le ciel était de connivence. Au moindre faux geste de ma part, il m’aurait rattrapé.

    Je suis arrivé au bout du muret, face à Trouville, où j’ai alors vu un homme marcher sur les rocher de la jetée. Ah, je n’étais donc pas le seul à m’amuser dans le vacarme de la nature. Mais il était loin de Trouville le bougre. Et encore plus loin de Deauville. Il était presque au bout de la lignée de brefs rochers. Au milieu de la mer, sur ces rochers précaires, la moindre vague pouvait le faire glisser. Ce qui aurait été violent. Et fatal. La marée et la violence des vagues donnait parfois l’impression qu’il marchait littéralement sur l’eau. Le fou me chuchotais-je. Mais j’aurais pu le crier, m’écorcher le gosier, j’aurais été le seul à m’entendre. Le côté saugrenu de sa présence lointaine, comme surgit du fond des eaux, de l’océan, me fit sortir mon appareil pour le prendre en photo. Il me vit je crois. Il fut probablement surpris par le flash de mon appareil. J’aurais voulu le saluer mais je ne le fis pas. Il marchait lentement. Le vent pourtant déchainé, redoublait de puissance, et je vous jure que, si j’étais malade, ce vent m’aurait à jamais soigné. J’appartenais là entre la beauté du lieu et sa propre violence. D’ailleurs j’y suis resté longtemps, comme si j‘avais effectivement quelque chose à purger de mon corps ou de mon âme. Ma sirène masculine également, semblait vouloir rester un peu. Une sirène d’autant plus folle que je voyais un camion de pompier clignotant de ses feux de lumières un peu plus loin sur la plage.. Le con allait se prendre une sacrée engueulade après son foutu miracle.
    En prenant mon temps je suis rentré chez moi. J’étais guéri, frais, souriant. Les mésaventures, pourtant conséquentes de mes jours précédents, je vous les raconterais un jour, semblaient oubliées, presque futiles. Envie de danser, sur la table et immédiatement. Qu’est-ce que ça pouvait bien faire.
    Un appel venu d’outre tombe me fit cependant rallumer mon pc, rejoindre la toile. J’ai vu les titres. Ce que je ne fais jamais. Jamais, jamais, jamais. Et je suis tombé sur ça : un homme cherche son fils disparu dans la jetée entre Deauville et Trouville. C’était lui. Le clone de JC, la vénus au gros bide. Le barbu marchant sur l’eau. C’était lui. Il cherchait son enfant disparu. Mort déjà. Probablement. Mais il ne pouvait se résigner, rentrer chez lui. Alors il restait là. Seul au monde. Seul comme Et je me suis ressourcé là dedans. Moi qui ne voit jamais rien, ni accident, ni meurtre, ni aventure, ni poursuites ni cambriolages ni rien de rien. J’ai vu ça. Enfin j’ai vu ce que je voulais voir quoi et j’ai quitté ma dépression au moment même, à la seconde précise, où un homme allait probablement rentrer dans la sienne. Multipliée par l’infini. Certes.
    Moment nervalien, instant de folie pure.
    L.B.

    Deauville, le 05 août 2009"
    Sflagg le 19 août 2023
    Septembre 2012 : La rentrée !
     Défi organisé en partenariat avec ShortEdition, vote fait par un jury.
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e ex æquo: Mie-Lee, Missbouquin, Thomas141 et hseb72
    Nominé·e·s : aucun

    De Mie-Lee :
    Mardi 04 septembre; 1h07.

    J'ai peur. J'ai peur j'ai peur j'ai peur j'ai peur.

    Chaque veille de rentrée, c'est la même chose : impossible de fermer l'oeil. Je me tourne et retourne sans cesse dans mon lit chaque année à la même période, mais rien n'y fait, je n'arrive pas à m'y habituer. A cette satanée rentrée des classes. Ce n'est pourtant pas ma première!
    Je sais très bien qu'au lycée, je retrouverai certains de mes amis, qu'on discutera joyeusement en se racontant nos vacances; enfin, la vie quotidienne quoi. Je tomberai bien évidemment sur le vieux Marco, qui me fera remarquer mon retard. Mais tout ça, c'est quelque chose que je connais, alors pourquoi angoisser? Ce n'est pas comme si on me projetait les yeux bandés en terrain miné (quoi que...).
    Mais à chaque fois, c'est pareil. Je me mets à stresser, je ne mange rien au dîner tant je me sens barbouillée. Puis, comme je n'ai pas fait de vrai repas, mon ventre se met à grogner en plein milieu de la nuit, me réveillant d'un coup au moment même où je pense réussir -enfin!- à trouver le sommeil. Mais j'ai la gorge trop nouée encore pour pouvoir avaler quelque chose. Si je dors deux heures cette nuit, ce sera le bout du monde.
    Dans quelle classe vais-je tomber? Avec qui?

    Pas Maxence Levilléger pas Maxence Levilléger je vous en supplie pas Maxence Levilléger.

    Et la vieille documentaliste. Elle m'aboie toujours dessus, je ne sais jamais pourquoi. Le CDI est hanté par une sorcière, une harpie! Pas étonnant que personne ne veuille jamais emprunter un livre!

    3h15.

    Oh, c'est bon maintenant! Amélie, tu es une grande fille! Tu n'as aucune raison d'avoir peur! Cette rentrée se passera bien. L'an dernier, tout s'est bien passé. Alors, relax.

    L'an dernier, il y avait Maxence Levilléger.

    Rectification, l'an dernier, tout ne s'est pas trop mal passé. Et puis ça fait deux ans que je suis dans ce lycée! Pas comme avant, quand je changeais d'établissement tous les ans...
    Et puis la semaine dernière, Fabien m'a envoyé un sms. Où il dit, je cite « Je rentre juste de vacances, on se voit à la rentrée, bises! »
    Fabien m'a embrassée. Electroniquement soit, mais n'est-ce pas un sublime présage?
    Tout va bien aller. Je vais retrouver Fabien, nous nous raconterons nos vacances, je rirai de bon coeur à ses blagues, même si elles ne sont pas exceptionnellement drôles. Et je verrai Sophie aussi. Qu'est-ce qu'elle m'a manquée!
    Voilà.
    Tout va bien se passer.

    4h42.

    Sauf si je tombe encore sur Maxence Levilléger.

    6h00.

    Mon réveil sonne/hurle à la mort. Je l'éteinds encore à moitié endormie. Allez, une douche, un bon p'tit déj', et c'est parti!

    6h30.

    Faut que je me lève, faut que je me lève, faut que je me lève.

    7h00.

    Je suis en retard! J'ai juste le temps de faire une toilette rapide (tant pis pour le maquillage, ah si, l'anti-cernes s'impose quand même), de m'habiller avec les premières fringues qui me tombent sous la main et sortir en courant.... Où sont mes clefs?!

    7h45.

    J'ai vu Fabien. Ce qu'il a bronzé! Ca lui va plutôt bien, ça fait ressortir ses yeux clairs. Sophie avait l'air un peu déprimée, mais si la rentrée lui fait le même effet qu'à moi, c'est bien normal. J'espère tout de même qu'elle ne couve rien de plus grave.
    Ca va bientôt sonner, je ferai mieux de me dépêcher. Je ne veux pas que le vieux Marco me râle encore dessus! (il aura bien assez de toute l'année pour le faire).

    7h55.

    Ca sonne. Calme toi Amélie, personne ne va te manger! Tu es une grande fille!
    Je prends mes affaires et me dirige vers la salle de classe désignée par mon emploi du temps.

    8h02.

    Inspire. Expire. A fond, comme ça. Voilà, je suis prête maintenant.
    Je tourne la poignée, ouvre la porte et entre d'un pas qui se veut dynamique (malgré ma quasi-nuit blanche) dans la salle. Une dernière inspiration, et je lance d'une voix (faussement) enjouée :

    « Bonjour à tous et à toutes, je suis Amélie Béjart, votre professeur principal! »

    Je m'arrête dans ma lancée quand je repère une tête (trop) familière.
    Maxence Levilléger.
    Et merde.
    Sflagg le 19 août 2023
    Premier texte. De thomas141 :
    Saint Cyr,
    Le 3 septembre 1873

    Chère Mère,

    Je suis arrivé dans mes quartiers saint-cyriens voilà quelques jours et déjà Saint-Étienne me manque. M. P..., notre professeur de typographie, nous a accueilli le premier jour pour nous présenter l’école ; je dois dire que cette rentrée qui me parut alors si agréable après que j’eus réussi le concours d’entrée se révèle être un peu sinistre sans la présence de ceux qui égayaient mes journées stéphanoises.
    M. P... nous fit nous asseoir dans un grand amphithéâtre et nous expliqua la vie qui nous attendait ici. Et quelle vie ! étude, sport et autres joyeusetés. Sur le banc de bois noir, je m’essayais à être attentif, mais je fis la connaissance d’Alfred, mon futur compagnon de chambrée qui, je puis vous le dire, n’a pas la langue dans sa poche. Nous discutâmes ainsi pendant que M. P..., vieil homme chauve à la longue moustache, nous listait les châtiments pour tout manquement. Heureusement que nous ne fûmes pas pris à parler Alfred et moi, sinon nous aurions eu cinq tours d’école au pas de charge à exécuter.
    Ah mère ! Que la ville me manque. Moi qui croyais benoîtement qu’une entente cordiale s’installerait, les secondes années, ceux de la Grande Promotion (quel nom ridicule !), nous prirent à part pour nous faire peur, nous appelant « melons » et autres noms étranges. Vous savez, Mère, qu’en plus n’étant pas issu du même milieu que mes camarades, je ne puis m’intégrer aussi facilement. Certains ont des noms à rallonge et une richesse familiale telle que je pâlis lorsqu’ils évoquent leur vie. Pourriez-vous, Mère, m’envoyer quelque argent ? Je crains que cette rentrée ne soit plus douloureuse que prévu. Saviez-vous que la littérature est presque entièrement interdite ? Ils nous croient niais au point de nous laisser embarquer dans des romans italiens, nous prennent pour des Emma Bovary. Oh, Mère, j’espère que l’officier ne lira pas cette lettre, il me mettrait au trou pour mauvais esprit. Ce que je n’ai pas, dites-le bien à Père qui est si fier de moi, que je ne suis pas malheureux ici, juste nostalgique de notre petite maison, de mes frères. Cela me passera et je ferai de mon mieux pour vous satisfaire, pour montrer que nous pouvons égaler les duc de Machin et comte de Truc. Le professeur de français, M. N... est un républicain convaincu et ne se fatigue jamais à moquer les ducs et à nous citer Voltaire. Il aurait plu à Père, surtout qu’il a grand respect pour les spahis.
    Je digresse, Mère ; je vous racontais ma rentrée et non mes sentiments. M. P... nous annonça que nous devrions choisir un nom pour notre promotion qui évoquât un grand fait de l’année. Nous nous sommes concertés et avons choisi le Reboulonnage, surnom amusant. Malheureusement, la rentrée à peine faite, nous avons été passé en revue par l’Archiduc Albert qui fut accompagné du maréchal de Mac Mahon qui lui dit, quel impoli !, que nous serions ravi de donner son nom à celui de la promotion. Ce n’était pas vrai, mais, mis face au mur, nous ne pouvions que nous y résoudre. Et nous ne pouvions pas refuser ce privilège au vainqueur de Custozza dont la mine radieuse illumina les premiers rangs. C’est ainsi moins drôle que le Reboulonnage mais nous paraîtrons plus sérieux face aux Rouges si ceux-ci, d’aventure, viendraient à reprendre Paris.
    Avant de vous laisser, il faut que je vous rassure. Je sais combien vous vous êtes inquiétée de mon confort. Je suis logé dans un petit dortoir où nous sommes une douzaine dont Alfred qui est devenu un bon ami. Bien que les lits ne soient pas confortables, nous les apprécions et les cases sont de taille humaine. La vie à Saint-Cyr est difficile, quoi qu’en disent certains militaires jaloux de ne pouvoir être un jour lieutenant. A cinq heures le réveil sonne et nous nous devons d’astiquer notre matériel comme si notre vie en dépendait, devons ranger notre case et faire un lit parfait. L’adjudant, qui passe vérifier, n’est pas un tendre ! Ainsi, le lendemain de la rentrée, pour nous échauffer dit-il, nous dûmes changer sept fois de vêtements ! « Allez, les melons, bougez-vous, ça vous réchauffera et vous échauffera ! ». Vous comprendrez alors que nous ne lui avons fait que des misères. Pauvre de lui ! Nous lui avons créé une chanson qui lui sied à merveille, sur l’air des Hommes d’Armes de Mme de Brabant. En fait elle est destinée à tous les bas-off qui nous pourrissent la vie, nous apprennent la théorie de paquetage et nous font faire des tours de pistes si nous ne sommes pas partout à la fois. Quelle rentrée ! De quoi désenchanter le plus niais de tous.
    Je me souviens encore de notre séjour chez le barbier qui nous rasa complètement. Ne restait plus que les sourcils ! Vous ne me reconnaîtriez plus, mes boucles tombées ! Vous devez désormais comprendre pourquoi on nous appelle melon !
    Ah, si vous m’aviez vu, Mère, dans la cour Wagram avec mes camarades, en rang d’oignons aux coiffes de melons, subir le peloton de punitions ; ah, que auriez ri ! Oui, Mère, j’ai été puni, comme tous mes camarades, car, certes militaires, nous sommes toujours des enfants qui aimons à plaisanter et à lire en cachette quelques livres défendus dont on se vend les pages pour quelques centimes. N’oubliez pas de m’envoyer un peu d’argent que je puisse savoir si Julien Sorel arrivera à séduire Mme de Rênal. Seigneur, si l’adjudant lit cette lettre, je suis bon pour le trou !
    Je dois vous laisser, Mère, j’ai de l’allemand à étudier. Après tout, je travaille pour défendre la patrie comme le dit la devise inscrite sur notre drapeau.

    Dans l’attente de votre réponse, je vous embrasse,
    Eugène.


    Second texte. Toujours de Thomas141 :

    Sept heures. Des cris. Mes parents se hurlent dessus dans la cuisine tandis que le service à thé de leur mariage vole en éclat. Douce métaphore, cruelle réalité. J’appuie les coussins de mon lit contre mes oreilles meurtries de ces hurlements vénéneux. Je crois qu’une larme coule sur mon visage. De bonheur. C’est la rentrée et, des journées durant je n’aurai plus à supporter ces disputes.
    Lorsque mon réveil m’indique la demie, je prends en catastrophe mon cartable, descends les escaliers aussi vite que mes jambes le peuvent et je claque la porte avant même que ma mère ne se propose de m’accompagner. Ca non ! Je ne voulais pas l’entendre se plaindre de mon père, de son manque de considération, de ses conquêtes supputées, de son sourire à la boulangère, de ses mains trop propres pour un homme fidèle, etc. Je continue de courir dans la rue et, au bout de quelques minutes, je m’arrête pour respirer et me mets à marcher lentement, devant les vitrines des magasins encore fermés, éclairés par la faible lueur des réverbères et vérifie que je suis encore capable de sourire pour faire bonne figure une fois arrivée à l’école.
    Je m’appelle Inès, j’ai douze ans et suis au collège, en 5e. J’aurais dû redoubler la sixième car mes professeurs me considéraient comme trop peu à l’écoute. Je ne leur ai pas dit pour mes parents. Ils ne l’ont pas deviné. Enfin... ils n’ont pas voulu le deviner. Cela aurait été un problème de plus pour eux, insoluble et hors de leur fonction. Je ne voulais pas non plus que mes parents fussent convoqués et que je fusse envoyée chez la psychologue. J’aime mes parents, quoiqu’ils me fassent. Même quand mon père insulte ma mère de traînée ; je sais – je crois savoir, qu’il ne le pense pas.
    Ce matin-là, donc, j’allais à l’école et m’entraînais à sourire devant les vitrines. Je ne voudrais pas trop vous ennuyer avec ce que j’ai dans la tête, mais je n’y peux rien. Je pense beaucoup ces temps-ci ; je suis contente que ce soit la rentrée car peut-être que maintenant que je ne suis plus à la maison, mes parents arrêteront de se disputer. Peut-être qu’en m’éloignant un peu d’eux, ils seront plus heureux. Je sais qu’ils restent ensemble parce qu’ils m’ont à charge, je crois que mon père me l’a dit. Je n’en ai pas parlé à mes copines de classe, je ne veux pas les embêter avec mes problèmes. Lors de ce premier jour de classe, je me souviens les avoir entraperçues de loin. Je ne les ai pas appelées. Je voulais rester encore un peu seule à penser, à regarder mon reflet déformé dans les flaques d’eau dans lesquelles je marche consciemment pour avoir au moins une sensation. J’ai l’impression d’avoir été anesthésiée. Voilà le collège. Un grand bahut sombre, un peu glauque, un peu comme à la maison mais sans les parents. Je m’installe dans la cour, derrière le panneau 5e B. Je vois mes copines. Je crois qu’elles me parlent. Je ne comprends rien à leur charabia. Mme J... est encore ma prof principale, elle enseigne le français et m’accuse de fainéantise. Elle me dit que j’ai un don et que je ne fais rien. Je lui ai pourtant dit que j’avais du mal à me concentrer mais elle voulait quand même que je redoublasse ma sixième. Pourtant je suis là et je la regarde. Elle me voit, me fait un sourire narquois et je remarque ses yeux qui s’assombrissent, qui me préviennent. Je pousse un soupir. Peut-être qu’elle me laissera tranquille cette année. Mes copines me parlent encore, je leur sors quelques onomatopées pour leur montrer que je suis attentive. Jules Verne ? Elles parlent de Jules Verne. Elles ont trouvé qu’il faisait trop de descriptions. Je ne comprends décidément « rien à rien » comme dirait mon père. J’arrive en classe et tout le monde parle de Jules Verne. La prof de français nous donne une feuille avec des questions. Un contrôle. Le jour de la rentrée. Et sur Jules Verne en plus. J’ai oublié de le lire. J’aurais dû y penser. C’est de ma faute. Comme d’habitude. Je ne suis pas soucieuse. Je lève timidement la main, une larme caresse mon œil gauche, mon nez se bouche. Madame, j’ai oublié de lire le livre. Zéro. Deux heures de colles. Au moins, je ne serai pas à la maison ce soir.
    Sflagg le 19 août 2023
    De hseb72 :

    Ça sonne, Elle décroche.
    - Oui allô ? Bien sûr c’est moi, ma chérie. Tu appelles sur mon numéro, qui veux-tu que ce soit qui décroche ? Oui ? Oui, je sais. Oui… Oui… Oui, comme chaque année, oui… Et donc tu stresses, c’est ça. Ha ? C’est pas du stress, c’est de l’excitation !?

    A part :
    - J’en connais qui appelleraient ça de l’hystérie.

    De retour à sa conversation :
    - Oui, et c’est fôoormidable, non ? Que veux-tu qu’il arrive ? Qu’ils n’aiment pas ? Merci, c’est très gentil. Tu édites mon bouquin de l’année, sept cent quatre-vingt-quatre pages qui ont occupées onze mois de ma vie, et tu t’inquiètes la veille de la sortie de savoir s’il va plaire ou non ? On n’a pas échangé deux mille mails dans l’année pour s’apercevoir au dernier moment que mon bouquin est nul ! Franchement ! Tu sais que les autres auteurs sont en général rassurés par leur éditeurs, parce qu’ils flippent grave. Avec toi, le gros avantage, c’est que je n’ai pas besoin de m’en faire, tu flippes pour nous deux. Non, sans rire, ma chérie, tu veux me démoraliser ou quoi ? En plus, tu l’as lu, j’ai mis tout ce qu'il faut dans ce pavé : il y a de l’amour, du suspens, des rebondissements, une fin incroyable… Tout quoi. Comment veux-tu que ça foire. Tu édites combien d’autres auteurs là pour la rentrée littéraire ? Bien ! Pourquoi tu ne choisirais pas d’aller paniquer avec eux plutôt qu’avec moi alors ? C’est déjà fait ? Ha ! Ils t’ont dit de m’appeler moi ? Ben tu m’étonnes, j’en ferais bien autant…. En fait je viens d’en faire autant. Ecoute, ce qu’on fait, c’est qu’on raccroche et on s’appelle dans quinze jours pour voir les ventes et les critiques et on se retrouve sur le pont des Arts pour se jeter à l’eau si c’est une catastrophe, et sinon ben on aura gagné deux semaines sans stress. OK ? Oui, t’es un amour ma chérie, allez à plus tard.

    Elle raccroche. Seule :
    - Aaaah ! Mais c’est pas vrai ! Elle me fait le coup chaque année ! Heureusement que je ne suis pas du genre à me foutre une balle pour un rien, parce qu’elle est pas croyable. Onze mois de travail, je lui envoies tout jusqu’au moindre brouillon, et elle : « C’est magnifique ma chérie, j’arrive pas à décrocher, chaque page est une merveille, un enchantement, blablabla… » Et là à vingt-quatre heures de la sortie, patatras, elle me donne l’impression que j’ai livré une bouse dans une couverture cartonnée. Non mais j’y crois pas. Bon, c’est vrai que l’avant dernier chapitre, j’aurais pu l’enlever, parce qu’il ne change pas grand-chose à l’intrigue, mais il est stylé, merde. Puis ça ouvre à la suite que je viens de démarrer. Oui, oui, j’aurais pu étoffer un peu Stephan, le valet, lui donner un genre baroudeur pour… Mais bon, ça fait déjà vu ; non, il est bien comme ça, un peu creux, mais ça va… De toute façon je peux plus rien changer, alors.

    Elle se tait quarante secondes :
    - Bon, c’est vrai que le chapitre de la poursuite est un peu court, mais bon deux bagnoles qui se suivent, on va pas non plus en faire des caisses.

    Elle pouffe, puis reprend :
    - Et puis je cible davantage de lectrices que de lecteurs, alors finalement c’est mieux… Je crois. Non, non, il est bon ce bouquin, c’est même mon meilleur… Même si j’aurais aimé l’entendre de la bouche de quelqu’un d’autre plutôt que de la mienne… Elle aurait pas pu me dire que tout allait bien se passer cette gourde ! Ou au moins se taire. Tiens ! Voilà, juste se taire.

    Elle lève les mains au ciel.
    - Garce, j’ai pas besoin de toi pour avoir les jetons. Elle le sait en plus que je voudrais mourir ou m’exiler trois mois loin de ma télé et des journaux pour ne pas voir les critiques, et elle : « Oh ! Mon dieu ! Oh ! Mon dieu ! Et s’ils n’aiment pas ? » Je t’en foutrais moi des « Oh ! Mon dieu ! » Ah ! mais je te réserve un chien de ma chienne. Attends que je la rappelle.

    Elle décroche son téléphone et appuie sur le bouton de rappel du dernier numéro appelant :
    - Ouiiii. Oui, c’est moi. Comment ça qui ça moi ? T’as pas la présentation du numéro ? Voilà, c’est ça. Dis-moi, j’ai réfléchis, tu as raison. En repensant à certains passages, c’est vrai que c’est pas génial. Puis il y a carrément des incohérences, des erreurs même que je n’ai pas réussi à éliminer. C’est vrai que ça fait pas fini en fait. Et puis c’est long. Pas nul, mais pas terrible, hein ? T’en dis quoi ? Ouais, bof ! Au fait, pour le financement, je me suis associée cette fois-ci ou tu as assumé tous les risques ? Tu as tout pris en charge ? Ah ! Et bien tu vois là, ça me soulage. Bon, tu dois être occupée et j’ai plus de batterie, alors on se rappelle dans deux semaines comme prévu, bisous, ciao.

    Elle raccroche, puis seule à nouveau :
    - Bien fait !

    De Missbouquin :

    Lorsque les plus âgés annoncèrent que notre départ aurait lieu le lendemain, mes frères et moi sentîmes l'excitation du voyage monter en nous. Mais pour ma part, j'étais inquiet. Serai-je à la hauteur de ce que l'on attendait de moi ? Ce départ était un événement essentiel dans notre vie, et je devais me montrer digne de cette épreuve. Seuls quelques-uns d'entre nous étaient choisis, un choix effectué en fonction de notre date de naissance - et beaucoup nous enviaient. Nous avions ainsi été préparés très jeunes à ce qui nous attendait. Ce destin sur lequel de nombreuses légendes circulaient, certaines joyeuses, d'autres plus incertaines. L'effet combiné de ces histoires expliquait la confusion de mon esprit.

    Cette nuit fut la plus longue que je connus. Je repassais sans arrêt dans ma tête ce qu'on m'avait appris, et, je dois le dire, je ne me sentais pas prêt. Mais il était trop tard. Une dernière toilette, et nous étions partis, sous la lumière crue du grand hangar, bientôt remplacée par celle plus douce du jour naissant.

    Au début du voyage, mes frères et moi eûmes la chance d'être placés au même endroit. Puis, à chaque arrêt, certains d'entre eux disparaissaient.

    Enfin, nous arrivâmes à notre destination.

    Une nouvelle toilette, par des mains plus tendres quoique pressées, et enfin, on nous indiquait notre place définitive. C'était l'heure. J'entendis les premiers carillons, ces notes joyeuses rapportées dans un certain nombre de légendes et qui annonçaient le début de l'épreuve.

    « Ça y est, c'est le moment ! », me dis-je.

    Mais à mon grand désespoir, les semaines passèrent. Certains de mes frères partirent encore, beaucoup de mes cousins aussi, rencontrés sur place. Mais je restais. Parfois je bougeais, mais invariablement je revenais à ma place.

    Jour après jour, je voyais approcher la Date Fatale. Celle où l'on décide que nous avons eu notre chance. Cette Date faisait partie des légendes les plus noires qui circulaient sous le hangar. Ici encore, on se les chuchotait, amplifiant ma terreur.

    Un matin, en me réveillant aux premiers carillons, je perçus une tension diffuse. C'était le Jour. Le Dernier Jour. Ce soir, si rien ne s'était passé, ce serait la fin. Il ne servirait plus à rien d'espérer, et ma vie serait finie, alors qu'elle avait commencé il y a quelques semaines seulement, et qu'elle paraissait si prometteuse ! Mais je refusais de me laisser aller au désespoir. Il restait une journée.

    Le ballet reprit. Le va-et-vient permanent qui me ramenait toujours au même point. J'avais beau être déterminé, et plein d'espoir, l'angoisse montait malgré tout. Je me remettais en question : qu'est-ce qui clochait ? Il y avait pourtant de la vie en moi, mes parents y avaient veillé. J'étais riche, plein de promesses. Mais il fallait me laisser ma chance.

    Cette chance arriva, soudainement. Il n'y eut besoin que d'une minute. Un miracle. Un seul cri.

    « Il me semble intéressant ce livre, je vous l'achète ! ».

    Voilà, j'avais réussi ! Tandis que j'étais emballé et fourré dans un sac, en route vers mon nouveau domicile, je rayonnais tout en pensant : « Je l'ai fait. J'ai vaincu le terrible démon de la Rentrée Littéraire. »

    Les légendes étaient bien loin derrière moi.
    Sflagg le 19 août 2023
    Il semble ne pas y avoir eu de défi en Octobre 2012, ou alors il a disparu.

    Novembre 2012 : Procrastination
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    Décembre 2012 : Varsovie
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    Janvier 2013 : Le chat
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    Février 2013 : Je passe ma journée au lit
    En partenariat avec les Editions Charleston. Nom "Concourt d'écriture".
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Inconnu
    Nominé·e·s : aucun

    A partir de Mars 2013 on passe à des thèmes autour d'une phrase et plus d'un seul mot. Les défis tels qu'on les connait aujourd'hui naissaient.

    Mars 2013 : Ce matin, un lapin
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : Aucun (pas de vote)
    Nominé·e·s : aucun


    A suivre...
    Sflagg le 19 août 2023
    Avril 2013 : Paysage de neige
    Organisateur-trice : Bibalice, LiliGalipette
    Gagnant·e : MissAlfie
    Nominé·e·s : aucun
    Lien vers tous les textes : https://p7.storage.canalblog.com/74/06/480448/86162567.pdf


    Le texte de MissAlfie :

    La bise mord les parcelles de mon visage qui ne sont pas recouvertes de tissus. Je plisse
    les yeux malgré le masque destiné à les protéger de la réverbération du soleil. Il a neigé
    toute la semaine. Chaque matin, il a fallu épousseter la voiture de son épais manteau
    blanc. En ville, les trottoirs sont réduits de moitié, embarrassés par des amoncellements
    de neige grisâtre, quand ils ne se sont pas transformés en patinoire.
    Devant moi, s’étend un paysage de carte postale. Je sais, ça fait très cliché cette phrase.
    Mais elle convient tellement bien...
    Je viens de descendre du téléski. Je me suis approchée de la table d’observation,
    engoncée dans mon anorak et mon pantalon de ski, les pieds prisonniers de chaussures
    rigides qui me donnent une démarche de robot, maladroite avec ces longues tiges à mes
    pieds que je croise sans arrêt et qui vont bien finir par me faire chuter.
    Je suis là, face au ciel bleu, face au soleil blanc de février. Je n’entends que des bruits
    assourdis par mon bonnet plaqué sur mes oreilles.
    Les arbres ont quitté leur manteau de feuille pour revêtir celui de neige. Leurs branches
    nues et brunes se sont parées d’un épais collier immaculé. Les conifères plient sous le
    poids de cette masse blanche venue recouvrir leurs perpétuelles aiguilles. Partout autour
    de nous, le blanc est roi.
    Au fond, le Mont d’Or vient transpercer les quelques nuages qui commencent à
    s’amonceler dans le ciel. Quelques points noirs laissent supposer des skieurs dans le
    secteur.
    À mes pieds, la piste m’attend, déjà lardée de quelques traces de glissade.
    À mon tour de m’élancer, le décompte des gamelles annoncées a commencé


    Sflagg le 19 août 2023
    Concours d'écriture du pique-nique de l'été 2013 : Le repas
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : LiliGalipette
    Nominé·e·s : aucun

    Texte de LiliGalipette :

    Hier, j'ai reçu une invitation alléchante : "Tu es conviée au Festin de Babette. Apporte quelque chose que tu aimes manger." Quelle chance, mais quel casse-tête ! Pour une gourmande comme moi, difficile de ne choisir qu'un seul délice ! Vais-je offrir du Chocolat, des Cornichons au chocolat ou du Chocolat amer ? Ah, Pour l'amour du chocolat, je pourrais faire n'importe quoi, mais pas un choix !

    J'espère qu'un des convives apportera des Beignets de tomate verte. Mon ami Marcel cuisinera sans doute ses fameuses madeleines. James nous régalera peut-être avec son cocktail vodka-martini et André ouvrira une bonne bouteille qu'il aura ramenées des Caves du Vatican.

    Pour nous mettre en appétit, Roy nous racontera son histoire favorite. Elle commence comme ça : Pourquoi j'ai mangé mon père. Si, je vous assure, ça met en appétit ! De toute façon, il ne faut pas dire que quelque chose est mauvais tant qu'on ne l'a pas gouté !

    Aucun doute, il y aura À boire et à manger dans ce festin ! Pour terminer ce bon repas, tien de tel que des Noisettes sauvages ou Trois sucettes à la menthe. Et pour ceux qui auront encore soif, rendez-vous dans Le café de la jeunesse perdue !

    Tiens, je n'avais pas lu le post-scriptum de l'invitation... Ce n'est pas qu'un festin, c'est un pique-nique ! En plus de nous régaler de bonnes choses, nous allons nous soûler de plein air. Voilà qui promet d'être délicieusement mémorable !
    Sflagg le 19 août 2023
    A par le concours lié au pique-nique, il semble ne pas y avoir eu de défis entre Mai et Septembre.

    Octobre 2013 : L'enfance
    Organisateur-trice : Bibalice
    Gagnant·e : DrJackal
    Nominé·e·s : aucun

    Encore une belle histoire qui commence. De DrJackal :

    -Poussez,allez madame une dernière et il est sur votre ventre
    « Allée maman on se bouge j'ai mal à la tête dans ce tunnel »
    -Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
    -Bravo madame voilà votre petit bout de chou.
    -Ouinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn
    « Salut la compagnie je m’appelle Paul »
    -Alors comment vous allez appelez votre petit garçon madame ?
    -On va l'appeler D'justine
    -Ouinn ?
    « Quoi??????? »
    -Heu vous êtes sûr madame ? Au moins pour l'orthographe ?
    -Ba oui, sinon ça fait geustin d'abord...non mais allô quoi .
    -Ha...
    -Ouinnnnnnnnnnnnnn
    « putain je suis tombé où la...je savais que j'aurais pas du venir... j'avais déjà hésité à me pendre avec mon cordon, j'aurais du... »
    -Regarde comme il crie bien mon chérie il doit adorer ce prénom.
    -Ouin
    « Connasse »

    3 jours plus tard

    Toc toc toc
    -Oui
    -coucou Amber chérie. Bonjours Brayanne
    -Hoooooo regarde D'justine c'est papy et mamy
    -M'appelle pas mamy, ça fait vieux j'ai même pas encore 40 ans.
    -ouinnn
    « Me dite pas que la vieille pute et son mac qui viennent de rentrer avec l'odeur de vinasse qui suit sont mes grand- parents »
    -Qu'il est mignon ce petit d'chou
    -ouinnnn
    « mais qu'ils sont cons »
    -Gouzougouzougouzou
    -Ouin ouin ouin ouin
    « connasse pétasse pouffiasse radasse »
    -En plus il a l'air intelligent
    -Ouinnn
    « Merci ça en fait au moins un dans cette famille »
    -Oui on dirais son père
    -Ouin...
    « Parle à ma main »
    -Si tu le dis ma chérie, et sinon ça lui fait quel âge ?
    -OUINNN
    « 8 ans pauvres tâches »
    -3 jours
    -Déjà, rooooh que le temps passe vite
    -Ouinnnnn
    « ça se vois que c'est pas vous qui vivez avec eux »
    -Et il pèse combien ?
    -4120g
    -c'est un beau gros bébé
    -Ouinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn
    « Elle se serais pas goinfrée pendant 9 mois peut être que je serais pas obèse dès la naissance »
    -Et D'justine c'est en hommage au chanteur ?
    -Oui il deviendra aussi beau est ford que D'justine Biebere
    -Ouinnnnn
    « putain, la loose, j'ai pas entendu la sage-femme parler de la mort subite du nourrisson ?? comment on fait ??? »
    -Comme c'est mignon, regardez il essaye déjà de se retourner pour voir papy Brandon
    -Ouinnnn
    « Non juste pour m’étouffer avec mon coussin, sur le ventre qu'elle a dit la sage-femme »
    -Il doit avoir faim chérie, fous lui donc ton nib dans la bouche qu'il se taise j’entends plus Nabila à la tévé
    -Ouiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnn
    « Dieu me préserve, ça a pas été laver depuis 2 semaines au moins cette mamelle »
    -Tu as raison mamour, mais à chaque fois que je l'approche de mon sein il vomi...
    -Ba fous lui ça tutute, ou ch'ai pas moi, mais fais le taire
    -Ouinnnnn
    « c'est ça bâillonnez moi, I need help »
    -Ok mamour, t'as trop raison
    -Ouinnnngloup
    « L'avenir de ce pays est gloup »

    Encore une belle histoire qui commence

    -Poussez,allez madame une dernière et il est sur votre ventre
    « Allée maman on se bouge j'ai mal à la tête dans ce tunnel »
    -Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
    -Bravo madame voilà votre petit bout de chou.
    -Ouinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn
    « Salut la compagnie je m’appelle Paul »
    -Alors comment vous allez appelez votre petit garçon madame ?
    -On va l'appeler D'justine
    -Ouinn ?
    « Quoi??????? »
    -Heu vous êtes sûr madame ? Au moins pour l'orthographe ?
    -Ba oui, sinon ça fait geustin d'abord...non mais allô quoi .
    -Ha...
    -Ouinnnnnnnnnnnnnn
    « putain je suis tombé où la...je savais que j'aurais pas du venir... j'avais déjà hésité à me pendre avec mon cordon, j'aurais du... »
    -Regarde comme il crie bien mon chérie il doit adorer ce prénom.
    -Ouin
    « Connasse »

    3 jours plus tard

    Toc toc toc
    -Oui
    -coucou Amber chérie. Bonjours Brayanne
    -Hoooooo regarde D'justine c'est papy et mamy
    -M'appelle pas mamy, ça fait vieux j'ai même pas encore 40 ans.
    -ouinnn
    « Me dite pas que la vieille pute et son mac qui viennent de rentrer avec l'odeur de vinasse qui suit sont mes grand- parents »
    -Qu'il est mignon ce petit d'chou
    -ouinnnn
    « mais qu'ils sont cons »
    -Gouzougouzougouzou
    -Ouin ouin ouin ouin
    « connasse pétasse pouffiasse radasse »
    -En plus il a l'air intelligent
    -Ouinnn
    « Merci ça en fait au moins un dans cette famille »
    -Oui on dirais son père
    -Ouin...
    « Parle à ma main »
    -Si tu le dis ma chérie, et sinon ça lui fait quel âge ?
    -OUINNN
    « 8 ans pauvres tâches »
    -3 jours
    -Déjà, rooooh que le temps passe vite
    -Ouinnnnn
    « ça se vois que c'est pas vous qui vivez avec eux »
    -Et il pèse combien ?
    -4120g
    -c'est un beau gros bébé
    -Ouinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn
    « Elle se serais pas goinfrée pendant 9 mois peut être que je serais pas obèse dès la naissance »
    -Et D'justine c'est en hommage au chanteur ?
    -Oui il deviendra aussi beau est ford que D'justine Biebere
    -Ouinnnnn
    « putain, la loose, j'ai pas entendu la sage-femme parler de la mort subite du nourrisson ?? comment on fait ??? »
    -Comme c'est mignon, regardez il essaye déjà de se retourner pour voir papy Brandon
    -Ouinnnn
    « Non juste pour m’étouffer avec mon coussin, sur le ventre qu'elle a dit la sage-femme »
    -Il doit avoir faim chérie, fous lui donc ton nib dans la bouche qu'il se taise j’entends plus Nabila à la tévé
    -Ouiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnn
    « Dieu me préserve, ça a pas été laver depuis 2 semaines au moins cette mamelle »
    -Tu as raison mamour, mais à chaque fois que je l'approche de mon sein il vomi...
    -Ba fous lui ça tutute, ou ch'ai pas moi, mais fais le taire
    -Ouinnnnn
    « c'est ça bâillonnez moi, I need help »
    -Ok mamour, t'as trop raison
    -Ouinnnngloup
    « Comment je vais me sortir de cette gloup»

    Je vie ça tous les jours ^^ ;)
    Sflagg le 19 août 2023
    Entre octobre 2013 et Octobre 2014, il y a un gros trou. Défi pas défi ? Il semble que non, mais je ne peux l'affirmer. Quoi qu'il en soit, à partir delà, les bases des défis d'écriture est posée. Plus de votes des participants, mais d'un jury et organisateurs tournants. Toujours pas de nominés.

    Octobre 2014 : This is Halloween
    Organisateur-trice : EliseBabelio
    Gagnant·e : Sthorm (plus membre Babelio, texte disparu)
    Nominé·e·s : aucun

    Novembre 2014 : L'Île des oubliés
    Organisateur-trice : EliseBabelio
    Gagnant·e :LARA-CONTEUSE
    Nominé·e·s : aucun
    Ps : Première participation de notre plus ancienne autrice des défis : Cathye  : Sans titre

    Texte de LARA-CONTEUSE (merci à elle et Cathye, sans qui ce texte ne serait pas complet) :

    Salut Manon, excuse-moi je suis un peu en retard, j’ai déposé le petit chez ma belle-mère, tu n’as pas idée du trafic, ça devient in-fai-sable. Elle dort ? Tu l’as trouvée comment aujourd’hui ?

    Ce n’était pas trop facile, elle a fait une fausse déglut’ ce midi en buvant pour ses cachets. Mets vraiment du gélifiant dans son eau. Ça devient de plus en plus fréquent et c’est flippant quand ça se passe. Sinon, pour le reste c’était toujours un peu pareil. Elle a reparlé de téléphoner à ce René. Faudra que je demande à sa fille : aucune idée de qui elle parle. J’ai passé tout le classeur en revue, les prénoms au dos des photos que je lui montre tous les après-midi. Pas de René. En fait, elle reconnaît de moins en moins de monde sur les photos, je ne sais pas si ça vaut la peine de continuer. C’est moche quand même. Tu te rends compte ? Même pas ses enfants ! Tu sais cet après-midi elle voulait que j’attende sa mère et « tout le monde » pour son goûter … à 89 ans … Peut-être qu’à force elle ne garde que des souvenirs lointains. Bon, faut que je file, Lucas a basket ce soir si je n’arrive pas à temps, il risque de tirer la gueule. J’espère que ce sera calme, ta nuit. Allez, à demain.

    Vous savez bien qu’il n’y a pas de René dans les numéros préenregistrés. Allez, donnez-moi le téléphone, vous appelez n’importe qui, à force. Donnez, je vais le mettre ailleurs, c’est mieux que vous pensiez à autre chose, vous allez encore vous énerver et vous ne dormirez pas.

    Je ne sais pas si j’ai dormi. Je ne sais plus qui est la gamine qui prépare du café chez moi. Elle connait bien les armoires. Elle n’a pas l’air d’être méchante. Elle chante avec des écouteurs sur les oreilles. Elle danse même un peu et c’est beau. J’aimerais bien lui demander son nom. C’est fatiguant de chercher les noms, les mots, il y en a tellement qui m’échappent, tellement de phrases … Je ne sais pas si maman va bientôt descendre.

    La petite m’a donné à manger. Elle parle lentement en articulant trop. Je ne sais pas pourquoi elle fait ça. J’entends très bien. J’entends même quand elle téléphone de l’autre pièce. Le téléphone. Je ne sais pas où je l’ai mis. Je suis usée d’oublier tout. J’ai dû le poser … Ah oui, c’est ça, je voulais appeler René. Je ne sais plus pourquoi. Je sais qu’il faut que j’appelle.

    La petite a hoché la tête et regardé en l’air. Je voulais juste passer un coup de fil et elle me regarde comme un enfant qui a fait une bêtise. Quand elle est partie dans l’autre pièce, j’ai pris le truc noir sur la table et j’ai appuyé plusieurs fois sur la touche 1. Il me semble que c’est ça. La touche 1 pour appeler, mais c’est confus, tout ça.

    La télé s’est mise en marche. Il y a un type en col roulé qui parle de pollution de l’océan. Les images sont affreuses à voir, des bouts de plastique, des sachets, des vieux morceaux de filets de pêche foutus, un paquet horriblement épais qui s’enchevêtre sur des milliers de kilomètres. Il dit qu’il y a tout un continent comme ça. Il dit que les poissons mangent les sachets et en crèvent. Il dit … comme une île géante… J’ai sommeil. Le fauteuil n’est pas bien incliné. Il dit … dérive … Ma tête est lourde comme tout, je suis si lasse. Il dit …

    Je marche sur le sentier des falaises avec René. En bas, la mer est merveilleusement transparente. Les éclats de lumière sur l’eau envoient des clins d’yeux aux mouettes. René parle d’une cabane qu’on va faire tout en haut. Il dit que c’est un secret et je dois jurer de n’en parler à personne, sinon je ne pourrai pas rester dans la « confrérie ». Confrérie, c’est pour les frères ? René voudrait bien avoir un frère mais il a toute une bande de sœurs. Comme je suis la plus jeune, il s’est contenté de moi pour ses aventures. Je dois jouer aux chevaliers, je dois ferrailler à l’épée … avec des bouts de bois. Je dois aussi jurer tout le temps que je serai fidèle au serment de la confrérie sinon je serai « bannie ». Il a des mots comme ça. Donc je jure.

    Ma tête est tombée sur le côté et j’ai mal à la nuque. Il y a un type à la télé qui parle de déchets, des eaux territoriales, du coût de la dépollution, et personne qui veuille payer. Le 7ème continent. Il parle mais je n’entends plus vraiment. Il dit … les animaux prisonniers de ces pièges de débris, il dit … les bouteilles qui flottent …

    A suivre....
    Sflagg le 19 août 2023
    Texte de LARA-CONTEUSE suite :

    Les bouteilles à la mer, c’est ça ! On a écrit des messages. René m’a aidée, je n’écris pas encore bien. Il avait volé deux bouteilles vides à la cave et j’ai dû jurer de ne rien dire. J’ai donc juré. Je n’arrête pas de promettre, de jurer, de prêter serment comme il dit. Après il peut m’adouber. Je ne sais pas ce que c’est. Je dois rester dans la confrérie sinon je serai vraiment toute seule. René a lu dans un livre que les bouteilles jetées à la mer arrivent en Amérique. Il faut du temps et être très patient, mais un jour avec les marées, il y a un Américain qui répond. De la cabane, on pourra guetter la réponse.

    Je ne sais pas. J’ai dû faire une apnée. Il y a une fille avec un tatouage sur le poignet chez moi. Elle me fait respirer lentement, qui me montre comment avaler et qui dit que ça va aller. Je ne sais plus si je dormais. Je ne sais plus qui elle est, ni pourquoi elle est chez moi. Elle fait « là, là … ». Elle dit « c’est bien ». Elle a l’air d’avoir eu peur. Quelqu’un a allumé la télé et un avion filme des kilomètres de déchets flottants qui trouent la peau des océans. Un homme grave parle de courants concentriques qui créent ces amoncellements sur des étendues gigantesques. J’ai tellement sommeil. La jeune fille masse délicatement ma nuque. Elle est douce. Elle met du baume sur mes lèvres. Ça fait un bien fou, j’ai les lèvres sèches. J’ai …

    J’ai du sel sur les lèvres à cause des embruns. J’aime bien le goût du sel quand je lèche mes lèvres parce que je m’applique. Je fais un dessin sur la feuille pour expliquer à l’Américain qui trouvera ma bouteille ce qui serait bien. René, lui, a écrit que notre famille est prête à déménager là-bas, comme ça papa ne devra plus partir en mer par gros temps. J’ai dû jurer de ne pas en parler pour le moment : beaucoup trop tôt ! J’ai donc juré, je suis de la confrérie, quand même. Je ne suis pas sûre que les autres soient prêts à déménager aussi loin, mais je ne dis rien. Il est si triste, René. Il est triste tout le temps. Il voudrait sauver le monde. Il voudrait que la vie soit plus facile. Il pense qu’en Amérique on aurait une maison à nous.

    Moi, pour l’Américain, j’ai dessiné une famille assise sur l’herbe. J’aimerais bien ça. J’aimerais bien que papa et maman aient du temps, qu’ils ne travaillent pas sans arrêt, qu’on puisse jouer tous ensemble. J’aimerais bien que tout le monde ne se fâche pas sur tout le monde juste parce qu’on n’en peut plus.

    Le jour de la grande marée, on a lancé solennellement nos bouteilles du haut de la falaise, là où les vagues sont les plus puissantes. Bien sûr il a fallu jurer. On a expédié tous nos rêves d’une vie meilleure en leur criant bon vent et puis on s’est assis en silence pour attendre. A marée basse on a bien regardé. Plus de bouteilles. Nos messages sont partis. Nos rêves sont en route. Il faut être patient, c’est René qui l’a dit.

    On a scruté des mois du haut de la falaise. L’Américain ne répondait pas. On allait très souvent dans la cabane. Pour surveiller l’arrivée des bouteilles ou pour rêver que l’Américain était occupé à nous préparer une place. On y allait aussi pour fuir la maison où tout le monde crie. Pour pouvoir rester au calme, en silence. Pour avoir une place à l’abri. Pour ne pas voir les cernes sous les yeux des parents. Les yeux rougis de maman qui a encore pleuré. Et pour se raconter comment ce sera, la vie meilleure.

    Puis René est parti au pensionnat. Toute seule, j’ai eu le temps d’inventer cent mille réponses. J’ai imaginé cent mille vies différentes, avec de la place pour la tendresse, des sourires sur les lèvres, des mots gentils dits autour d’une table, du temps pour être bien. Je sais que même jeune fille, quand je passais sur le sentier, du côté où les branches de la cabane avaient fini par lâcher lamentablement, je n’ai jamais pu m’empêcher de jeter un coup d’œil en contre-bas. Je n’y ai jamais vu la moindre bouteille.

    Après, j’ai oublié. René a pris le bateau de pêche comme tout le monde et moi je suis allée trimer à la grande métairie. A notre tour, chacun dans nos ménages, nous avons eu des cernes, l’énervement facile, la main trop leste ou les yeux rouges parfois. Et nos gamins ont dû construire leurs propres cabanes mentales pour s’y réfugier, lancer leurs S.O.S. et ramer pour s’en sortir chacun à leur façon.

    Une jeune fille m’a réveillée pour me faire prendre des cachets. Derrière elle la TV marche et un documentaire montre des images de désolation. La mer occupée à mourir. J’ai trop de mal à rester éveillée. Tantôt j’appellerai René, je lui dirai qu’ils ont montré à la télé où nos bouteilles sont restées bloquées, pourquoi rien ne s’est passé comme prévu. On a trahi nos si nombreux serments. On n’a pas pris soin des mers mais on n’a pas pris soin de nous non plus. Un jour on a baissé les bras et cessé d’essayer de faire mieux.

    Oubliés, nos rêves. Et nos promesses … oubliées. Nos engagements solennels, oubliés. Et la mer si limpide de notre enfance, oubliée elle aussi. En témoigne ce chancre flottant, tentaculaire. « L’île des oubliés » en somme. Tumeur maligne qui fera mourir les océans et nous anéantira tous en même temps.

    Mes yeux se ferment et je me sens doucement couler. Je laisse mon corps aux mille mains de la mer. Il se mélange aux algues, aux débris charriés par les flots. Morceaux de planches, bouts de corde, bancs de sable mêlés de poissons. Un courant me conduit inexorablement là-bas. J’y arriverai quasi réduite à néant, mille fois lissée, mille fois polie, purifiée par la mer, pâle et belle comme les bois flottés.
    Mes mains déferont les pièges de cordages, de plastiques et de vieux filets, libèreront les poissons prisonniers et trouveront - pour relancer leur course - TOUTES les bouteilles à la mer où sont glissés TOUS les rêves de TOUS les enfants du monde.
    Eux pourront faire mieux. C’est impossible qu’il en soit autrement. C’est ainsi depuis la nuit des temps.
    C’est si fort, la mer.
    C’est si fort un rêve d’enfant …
    Sflagg le 19 août 2023
    Décembre 2014 : Noël en noir
    Organisateur-trice : EliseBabelio
    Gagnant·e : angel-snake
    Nominé·e·s : aucun

    Texte de angel-snake :

    Noël. Ce mot suffit à me rendre heureux ! J'adore cette fête, comme tous les ans toute la famille se réunit chez ma tante pour le réveillon.
    Pour ma part, viens d'arriver, son jardin est superbe, de chaque côté de l'allée de pierre se dressent des sucres d'orges lumineux, dans les arbres et dans les buissons se trouvent des dizaines de guirlandes de toutes les couleurs, et sur le toit de la maison, un père noël dans son traîneau devancé par deux rennes.
    Un fois à l’intérieur, un grand sapin trônait fièrement au milieu du salon, des guirlandes, et des décorations plus excentriques les unes que les autres le recouvrait entièrement.

    Toute la famille était là, mes parents, mes oncles et tantes, et mes cousins et cousines.
    Nous passâmes a table, le repas était délicieux, ma tante avait toujours été une excellente cuisinière. Un dinde farcie énorme, des pommes de terres rissolées et une bûche parfaite ,avec, sur son sommet des rennes, des pères noëls, des sapin, et des bonhommes de neiges.

    Je quittais la joie de cette fête pour me rendre dans le jardin où je fumais une cigarette, je pris mon temps, j'étais heureux ici et d'une minute a l'autre le père noël descendrait du ciel avec des jouets par milliers !
    Je me décidais enfin à rentrer, il faisait froid dehors !
    Mais à peine eus-je ouvert la porte qu'une odeur acre m'agressa les narines.
    Je m’avançais lentement, soudain pris de peur. Lorsque j'arrivais dans le salon, je vis avec horreur que la moquette crème était maintenant couleur vermeil.
    Puis je vis les corps inertes des membres de ma famille, les larmes se mirent à couler, incontrôlées. Puis je vis un homme debout près du sapin, il me regarda en souriant sadiquement, la fureur était gravée sur son visage ainsi que... de la joie ? Puis ils se contentant d'émettre un grave ''ho ho ho !''

    Il avait un couteau dans la main et s'approchait dangereusement de moi, la peur immobilisait le moindre de mes membres, dans une étreinte meurtrière.
    Puis sans hésitation, sans appréhension, il me planta le couteau dans le ventre à trois reprises en me souhaitant un joyeux noël. Je le vis disposer tous les membres de ma famille, moi y compris, sous le sapin.
    La dernière chose que je vis avant de m'endormir fût le père noël quittant la maison, un couteau ensanglanté dans la hotte.


    Je me réveillai dans une chambre d’hôpital' des des bandages sur le ventre et un perfusion au bras gauche .
    Lorsque je tenta de me lever une infirmière m'en empêcha.
    Elle m'apprit qu'un appel anonyme m'avait sauvé, alors que toute ma famille avait succombé alors pourquoi moi ? Et pourquoi cette mise en scène ?
    Un policier entra et m'interrogea, il ne sembla pas me croire lorsque je lui disait que nous avions été agressés par le père noël.
    Après de longues heures d’hésitation je me décidai a contacter un détective privé très réputé pour mener l'enquête. Je lui conta mon histoire, il retourna donc chez ma tante et y découvrit un objet curieux dans le sapin : un post-it avec une adresse dessus, en s'y rendant le détective remarqua qu'à l'adresse indiquée il n'y avait rien rien qu'un vieil entrepôt désaffecté au beau milieu d'un d'un quartier mal-famé.
    Lorsqu'il entra il découvrit le déguisement de père noël gisant au sol.
    La hotte se trouvait juste a côté, et, à l’intérieur le couteau toujours là. Il partit après avoir prit quelques clichés et laisser sa carte laisser sa carte pour la police.
    Il revint avec des pistes mais, rien de très sérieux. Puis il se retira, et, parti continuer son enquête.

    Une semaine plus trad je sortais de l’hôpital et rentrai chez moi. Mon petit appartement miteux me semblai fort oppressant, je ne m'y sentais pas en sécurité.

    Quelques jours plus tard je reçu un appel du détective m'indiquant qu'il avait mis la main sur le coupable, je sautais dans ma voiture et roulais jusqu'au hangar où il avait trouver le costume de père noël.
    Plus je m'approchais, plus une rage incontrôlable grandissait dans mon ventre. Lorsque je me gara cette rage était si forte qu'elle menaçait de sortir par les entailles faites une semaine plus tôt.
    Au prix de grands efforts je parvins a me calmer, puis j'entrai dans l’entrepôt refermant la porte derrière moi, c'est alors que je le vis, un homme banal. Calme. Mais ce qui me choqua fût son air triste. Il semblais souffrir lui aussi mais, avait un air satisfait.
    ''Pourquoi ?'' fût le seul mot que je pus prononcer.
    -Parce que vous aviez quelque chose que je ne pourrais jamais posséder... le bonheur, alors pour noël, je me suis offert votre bonheur, voilà pourquoi. Aujourd’hui je suis heureux car, vous, vous êtes triste.
    Et puis c'était noël, il fallait des cadeaux sous le sapin, vos corps, mes cadeaux.





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