Susana SocaSusana Soca (Directeur de publication)4.5/5
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Entregas de La Licorne N° 16
Résumé :
" ENTREGAS DE LA LICORNE ", N° 16. 1961. " Homenaje a Susana Soca ". Numéro d'hommage posthume à Susana Soca, dirigé par Guido Castillo.
(Emil Cioran, Marcel Jouhandeau, José Bergamín, Jorge Luis Borges, Jules Supervielle, Lanza del Vasto, Giuseppe Ungaretti, Henri Michaux, Esther de Cáceres, Sherban Sidery, Ricardo Paseyro).
JARDINS HUMIDES
La calme intimité
Avec le repos des lentes feuilles
Il faudra que la secoue
L'étonnement profond d'une nuit imprévue
L'ambre des lunes effilées
Sur l'étroite cime des pins
Est plus légère encore.
Bien que l'air ne tremble plus et la buée
Arrondit à peine les feuilles aiguës,
Des rivières de senteurs disparues
Coulent sur les plantes
Dans un débordement de parfums opposés
Et tandis que la peau de l'orange
Va perdant son âpreté
C'est comme si renaissait la vaste fleur de Décembre
Et grâce à elle devenait blanc.
Le nom de la violence
Qui sautait des massifs aux confessionnaux
Et brûlait comme un cierge dans les crèches
Jusqu'à devenir de la neige jaunissante.
Et fondue dans l'opaque
La neige qui neigera
Du jardin d'Épiphanie
Longuement se consumera.
C'est comme si renaissait
L'adolescence de l'aigre glycine
Comme nulle autre sèche et dévorante
Des résines et des menthes agiles
Nous accableront de leur humidité capiteuse
Nous touchons parmi des stupeurs
Cette tiédeur épuisante
Maîtresse de tenaces langueurs
Quand ce qui a été désintégré
Revient et agite l'air sans mouvement
Où le front du dahlia
Se penche haut comme une flamme dans un globe de verre.
Des souffles de corolles fermées
Embuent les plantes lisses
Dans les jardins luisants humides comme des yeux
Qu'une nouvelle substance d'éclairs et d'eaux
Fait trembler et lentement lave.
Traduit de l'espagnol (Uruguay) par Jules Supervielle
pp. 75-76