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EAN : 9782710808534
260 pages
Editions Technip (02/03/2005)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

L'objectif de cet ouvrage est d'éclairer un monde complexe et en pleine évolution, dont les enjeux pour les sociétés contemporaines sont à la mesure de l'importance énergétique et économique du pétrole. Les fausses interprétations sont combattues : la " grande peur pétrolière " des pays consommateurs et les réflexes nés des chocs pétroliers sont aujourd'hui datés. Les pays pro... >Voir plus
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Début 2005, alors que le prix du baril dépassait les 50 dollars, nourrissant la crainte d'un troisième choc pétrolier, trois anciens élèves de l'ENA publiaient les résultats d'un travail réalisé au cours de leur scolarité sur la géopolitique du pétrole. le principal mérite de cet ouvrage, appelé à faire référence, était de battre en brèche les mythes que nourrit l'or noir.

Le premier est celui d'un épuisement prochain des ressources. Depuis 1972 et les prévisions alarmistes du Club de Rome annonçant le tarissement de cette énergie fossile, on vit avec l'idée que la fin du pétrole est proche et son remplacement par d'autres sources d'énergie, inéluctable. La réalité est plus complexe. Il faut en effet distinguer les « ressources » géologiques des « réserves », notion dynamique qui varie en fonction des efforts de prospection déployés et des techniques d'extraction mises en oeuvre. Si, par définition, les ressources de pétrole ne varient pas, les réserves, elles, fluctuent au gré notamment du prix du baril. Lorsque ce prix augmente, l'exploitation de certains pétroles conventionnels ou subconventionnels, normalement exclue car trop coûteuse, devient rentable. On pourrait même aller jusqu'à dire que plus les ressources diminuent, plus les réserves augmentent !

Cela ne veut pas dire pour autant que le marché pétrolier ne connaisse à l'avenir des tensions. La demande mondiale de pétrole croît rapidement. C'est l'Asie, et notamment la Chine, en plein développement économique, qui la tire vers le haut, les économies occidentales, – échaudées par les deux premiers chocs pétroliers – ayant quant à elles réussi à réduire l'intensité pétrolière de leur produit intérieur brut (PIB). Cette augmentation exponentielle de la demande pose à long terme la question de notre dépendance à l'égard du pétrole. Dépendance qui aujourd'hui semble quasi-absolue comme le montre la faible élasticité-prix de cette source d'énergie : la consommation à court terme de pétrole ne varie pas lorsque son prix augmente.

Cette dépendance n'est pas pour autant inéluctable. C'est la deuxième idée reçue dénoncée par Cédric de Lestrange, Christophe-Alexandre Paillard et Pierre Zelenko. La dépendance pétrolière est le résultat d'un choix de société qui peut et doit être débattu. L'usage immodéré de l'automobile ne saurait être érigé en dogme, en tout cas pas de ce côté-ci de l'Atlantique. D'autant que la dépendance énergétique n'est que la première des externalités négatives que la consommation de pétrole induit : l'émission accrue de gaz à effet de serre (GES), les risques liés au transport maritime, les atteintes aux droits de l'homme dans certains pays producteurs sont autant de maux dont l'opinion publique prend aujourd'hui conscience.

La troisième idée reçue est que les consommateurs seraient à la merci des producteurs. L'idée prévaut depuis les années 1970 où l'on vit les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) imposer au reste du monde un quadruplement des prix. La situation a bien changé depuis. D'une part, la dépendance des producteurs s'est accrue : la part du pétrole dans leurs exportations comme dans leurs ressources budgétaires est, faute de diversification industrielle, si forte qu'ils seraient les premiers à souffrir d'une diminution des échanges. D'autre part, la dépendance des consommateurs s'est réduite : outre ceux qui, comme la France, ont réduit l'intensité pétrolière de leur économie, les autres, au premier rang desquels les États-Unis, ont diversifié leurs sources d'approvisionnement. Si les pays membres de l'OPEP représentaient 53,4 % de la production mondiale en 1973, leur part s'est réduite à 39,7 % trente ans plus tard. Entre-temps, la géopolitique du pétrole s'est élargie à de nouveaux horizons : l'Europe a exploité les champs de la mer du Nord, l'Amérique, ceux de l'Alaska ou du Golfe du Mexique, le Golfe de Guinée est devenu un nouvel eldorado pétrolier tandis que la Caspienne et le Caucase ont renoué avec le « Grand jeu » russo-britannique du XIXe siècle.

Pour autant – et c'est la quatrième idée reçue intelligemment combattue – le Moyen-Orient n'a rien perdu de sa centralité dans le marché du pétrole. L'Asie qui est, à elle seule, à l'origine de la moitié de la croissance de la demande mondiale, importe la quasi-totalité de son pétrole de cette région. Si, par ailleurs, la part du Moyen-Orient dans les importations occidentales a décliné, l'importance de ses réserves lui conservera un rôle essentiel. le Moyen-Orient, et l'Arabie Saoudite au premier chef, est en effet le seul producteur disposant de capacités inemployées. En cas de tension sur l'offre causée par un choc géopolitique (grèves au Venezuela, guerre civile au Nigeria, sanctions contre l'Iran, attentats terroristes en Irak), la fluidité du marché dépendra de la réaction de ce swing producer (producteur d'appoint).

Loin des pronostics millénaristes qui ont cours parfois, l'ouvrage de ces trois jeunes énarques nous invite à une réflexion proprement géopolitique. le pétrole n'est pas seulement une ressource géologique en voie de tarissement ; il n'est pas non plus un produit abstrait, jouet des fluctuations de l'offre et de la demande. Il est avant tout un bien physiquement localisé dont la prospection, l'exploitation, le transport et la commercialisation dépendent de facteurs bien humains.
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