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Critique de topocl


topocl
16 septembre 2017
Le livre qui s'appelle en français, Trahisons de la mémoire, comporte 3 parties

-Dans Un poème dans la poche, Héctor Abad rapporte ses obsessionnelles recherches, 20 ans après, pour authentifier le poème L'oubli que nous serons, qui se trouvait dans la poche de son père assassiné, attribué à Borges. Petite tempête dans le monde de la recherche littéraire internationale : les experts sont formels pour récuser cette paternité. Mais l'intuition émotionnelle d' Héctor Abad le pousse à poursuivre sa recherche, à voyager à la rencontre des témoins, et finalement, ça y est, oui : le poème est de Borges. Cela peut paraître un pinaillage épouvantable, mais au moins pour l'auteur, pour la mémoire de son père, c'est quelque chose de crucial, cela a sans doute été un pas de plus dans son deuil.

-Dans Une fausse route, il raconte sa situation quand, ayant fui la Colombie après cet assassinat, il s'est installé à Turin avec sa famille. Longue hésitation pour savoir s'il va vendre la montre de son arrière-grand-oncle : assurer la subsistance de la famille, ou conserver le lien avec les ancêtres ? Il raconte ensuite comment Amnesty International l'a aidé et soutenu, mais au prix d' une espèce de marchandage dont il devait s'acquitter en racontant les misères et horreurs de la Colombie, chose qu'il détestait et qui l'a amené à laisser l'organisation. Il parle du besoin qu'il a eu de cacher son origine colombienne et de faire croire qu'il était espagnol, parlant un espagnol européen, pour mieux s'assimiler, et d'une femme, Lorenza, avec laquelle il a trahi son épouse le temps de quelques cours d'espagnols.

-Les ex-futurs est un très plaisant petit essai sur les moi que nous ne sommes pas devenus, et en quoi ils nourrissent la création littéraire.

Il s'agit donc de trois récits ou essais qui ont pour thème commun la mémoire, l'appartenance et le renoncement, dans un hommage à Borges, à la littérature, à l'oubli et la supercherie. Hector Abad insiste sur le fait que la mémoire trahit la réalité, et organise ainsi une nouvelle vérité. Ce sont ces réflexions qui constituent les plus belles parties du livre, qui peut se lire indépendamment, mais gagne émotionnellement si l'on a lu avant l'extraordinaire L'oubli que nous serons.
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