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Critique de musaraneus


Pendant deux étés, Edward Abbey a travaillé comme ranger dans le parc national des Arches, dans l'Utah. de cette expérience de grande solitude au coeur du désert, il tire ce livre, sorte de journal où il couche ses pensées, ses coups de gueules, le récit de ses aventures sous le soleil brûlant du désert et celui des moments de contemplation, devant la beauté brute de cet espace sauvage.
« Non, la nature sauvage n'est pas un luxe mais un besoin fondamental de l'esprit humain, aussi vital pour l'homme que l'eau et le bon pain. Une civilisation qui détruit le peu qu'il reste de sauvage, de vierge, d'originel, se coupe elle-même de ses origines et trahit le principe même de civilisation. »
Véritable ode à la nature, qu'il souhaiterait intouchable, d'un homme tombé amoureux du désert, c'est également un livre coup de gueule contre l'industrie touristique et les « aménagements » consentis pour elle : route, parking, cafétéria... au milieu de lieux sensés être préservés du progrès.

Certains passages très politiques m'ont parut précurseurs, d'autres au contraire un peu datés, car le livre est sorti en 68, et Abbey ne mache pas ces mots... chacun en prend d'ailleurs pour son grade : l'Amérique blanche, l'industrialisation et le tourisme de masse mais aussi la gestion des communautés indiennes, les religions et même les fourmis !
On frise souvent la mauvaise foi, sans pourtant tomber dans l'aigreur, dans l'écriture drôle et bougonne du grognon Abbey.
Car ne pensez pas que l'on s'y ennuie. Dans ce livre passionnant et passionné, on rencontrera, pêle-mêle, des garçons vachers testostéronés, un grand duc, des touristes motorisés coincés dans leur boîte à sardines, des serpents et des souris, des sables mouvants, des pétroglyphes, des vaches suicidaires, des investisseurs jaloux rendus fous par le soleil du désert...
Si l'on se sent parfois visé (j'ai moi-même visité ces lieux, touriste éblouie et néanmoins complice...) on ne peut qu'adhérer aux coups de sangs qui sont en fait cris de colère et de tristesse, plaidoirie désespérée pour cet endroit splendide, défiguré par les routes, les barages, les mauvaises gestions successives.
Quand aux passages de pures descriptions de ces lieux emblématiques, ils sont simplement magnifiques.
Un livre brûlant et poétique, que j'ai dégusté par petits morceaux, pour garder longtemps la chaleur du ciel étoilé de l'Ouest américain.
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