Le chiffre « 7 » est mon préféré. Il est biblique. Le monde a été créé en sept jours, la semaine compte sept jours, nous avons sept jours de deuil. Aujourd’hui, il prend tout son sens.
7 jours pour dire au revoir.
7 jours pour s’égratigner.
7 jours pour s’aimer.
Papa avait déniché deux costumes en velours côtelé. Le mien était couleur vert bouteille, celui de mon « presque jumeau » violet. Nous ressemblions à des fauteuils sans franges.
Une mère disparaît, un père semble redevenir un enfant. Combien la mort bouleverse la hiérarchie des familles.
L'amour de ma mère s'exprimait dans ses plats, celui de mon père dans la dégustation de ceux-ci. Il pouvait être dithyrambique sur un couscous, du "pain à la graisse" qu'Ima cuisinait quelquefois, sur les repas et les halots de shabbat... Il lui déclarait sa flamme, parfois accompagnée d'un geste, d'une furtive caresse. Louise en était tellement heureuse. C'était leur façon de s'aimer.
Aujourd'hui, l'entendre dire "chérie" m'émeut doublement. Quand ce vieux bonhomme, de surcroît mon père, le clame avec cette sincérité, cette innocence, je comprends combien il la chérissait.
Pire, je m’aperçois que toutes les tombes alentour arborent des croix. J’enlève discrètement mon petit couvre-chef. La honte m’envahit. J’ai quarante ans, ma mère vient de mourir, et j’ai raté son enterrement."
Nous ne sommes pas en période de fêtes mais le wagon déborde d'enfants qui braillent à la vie. Moi , j'ai envie d'hurler à la mort.
A ses yeux, aucun homme n'est assez "parfait" pour réussir à la charmer, à la cerner, à la canaliser, elle qui refuse d'aimer, par peur de ne pas l'être.
En regardant s'éloigner la femme qui m'a élevé, accompagné, je deviens un homme.
Elle ne vivait pas afin que sa présence soit remarquée, plutôt pour que son absence soit ressentie.
J'aimerais à jamais capturer l'effluve de son être, seule drogue légale qui m'aiderait à combler l'absence.