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Critique de Meps


J'ai connu Houria Abdelouahed grâce à ma femme qui avait adoré son livre Les femmes du prophète, joli exercice de fiction religieuse solidement documenté où elle recréait la vie probable des femmes de Mahomet (périlleux projet s'il en est de nos jours). Quand j'ai vu que Babelio et les éditions des femmes-Antoinette Fouque proposaient son dernier ouvrage en Masse Critique, je n'ai pas longtemps hésité à le cocher. Qu'ils en soient bien remerciés !

Ce livre a un sujet bien différent puisque l'auteure, psychanalyste quand elle n'endosse pas sa cape de teneuse de plume, a pour volonté ici de partager avec son lecteur son expérience professionnelle auprès des personnes ayant vécu la guerre en Syrie et qu'elle a pu recevoir dans son cabinet.

La construction du livre étonne dans une première partie où après avoir présenté le projet en introduction, l'auteure semble changer totalement d'axe en s'interrogeant sur les motivations des jeunes français décidant de rejoindre le Djihad syrien. Hors sujet pensez-vous ? Pas à la lecture où on comprend la nécessité pour la thérapeute de se confronter à l'incompréhension de ses patients venant chercher refuge en provenance de l'horreur... dans un pays qui a fourni de la main d'oeuvre à leurs tortionnaires... Elle sait utiliser à la fois ses compétences professionnelles et ses sérieuses compétences théologiques ou culturelles pour venir questionner les ressorts qui pourraient expliquer l'enrôlement de ces jeunes dans une cause si mortifère. Elle ne peut éluder les aspects sociologiques et politiques, tout en précisant bien une certaine méconnaissance dans ces domaines.

La deuxième partie revient sur le projet initial, et nous sommes plus armés des connaissances engrangées pour l'affronter. Car nous sommes confrontés à l'horreur des témoignages chocs recueillis auprès des patients, soutenus dans l'analyse par une professionnelle qui n'hésite pas à dévoiler sa fragilité et son humanité face aux émotions qui la submergent. Plus habitués aux froids thérapeutes impassibles cultivant une image de total détachement, il est très agréable de voir à l'oeuvre des psychanalystes n'ayant pas peur d'explorer leurs failles, leurs émotions, leurs réactions d'humains face à l'inacceptable.

Ayant été confronté professionnellement au même public que l'écrivain, sur le versant travail social, je n'ai pas trouvé de solution toute faite pour parvenir à affronter sereinement de telles histoires. Mais j'y ai trouvé le réconfort d'une communauté d'attitude bienveillante et soutenante, quand l'humanité dans son expression la plus pure et basique est la seule réponse face à la barbarie... qui n'est finalement que l'autre versant de l'ombre de cette même humanité, comme un combat intérieur et schizophrénique que mèneraient deux faces d'une même personnalité.
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