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Critique de Joualvert


Lorsque j'ai découvert ce livre, on le comparait au célèbre ''Fight Club'' de Chuck Palahniuk. Paru dans l'année qui suivit la parution de ce dernier (le roman et non le film), on lui attribue de troublantes similitudes. Par ailleurs, le résumé augurait bien ; aussi, je tentai l'aventure dans de bonnes dispositions.

La similitude #1 arrive très rapidement, et c'est un simple détail. J'estime donc pouvoir élaborer sans divulgâcher : le personnage principal de ''Projection privée'' est projectionniste, et il nous explique une petite facétie à laquelle il se livre sur les bobines... Bon, est-ce un emprunt ? Peut-être en effet. Mais quand on écrit un roman, on s'inspire d'un bon nombre de choses, qui nous traînent dans la mémoire, ou aperçues de-ci de-là. M. Palahniuk lui-même ne l'a pas inventé cette pratique, elle est véridique, il l'a pêchée quelque part. Autre considération : Kazushige Abe a fait des études de cinéma, il a baigné dans le milieu, et il y a plusieurs allusions au cinéma dans ses livres précédents, par exemple le titre de l'un d'eux ''La nuit américaine'' qui est un style de plan. Alors, d'où lui vient ce détail ?

Un peu plus loin, je croise la similitude #2, cette fois un concept avec une implication beaucoup plus profonde dans le roman. Mais après un temps je me dis : mais finalement cela prend des directions bien différentes, il faut être bien sévère pour y voir une intention malhonnête, si ce n'est que ça... Et en effet, cela ne demeure que ''ça'' pendant un long moment. Puis, en approchant de la fin, je sens poindre quelque chose : si ce que je soupçonne se produit, cela ravive le débat. C'est le cas : la similitude #3 se matérialise. Elle est de taille elle aussi, mais encore une fois, le développement en atténue la portée.

Les deux romans sont très différents, que ce soit pour l'histoire ou le style. M. Palahniuk nous arrivait avec une prose originale tout à fait inédite, alors que le style du présent roman est conventionnel et sobre. ''Fight Club'' discutait de l'aliénation des individus produite par la société de consommation, ce qui est totalement absent ici. le roman de Palahniuk nous berçait de sa nouveauté jusqu'à un retournement stupéfiant, mais avant comme après, la situation est fixée et parfaitement claire, alors que l'ambiguïté et le mystère sont cultivés tout au long de ''Projection privée''. Cette comparaison faite, je peux vous dire que le roman de M. Abe m'a beaucoup plu, et que je le conseille fortement pour lui-même. Être à l'affût de la filiation a constitué un plaisir supplémentaire non-négligeable.

Alors, est-il possible que l'auteur ait eu connaissance de la première publication d'un américain inconnu et s'en soit inspiré pour son roman ? Cela est possible vu les similitudes et le rapprochement dans le temps. Si c'est le cas, est-ce répréhensible ? Je ne le pense pas, pour les raisons exprimées plus haut. Se peut-il que les similitudes soient pure coïncidence ? Je me demande ce qu'en aurait pensé M. Wolfgang Pauli...
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