Instagrammable

C'est l'âge qui le veut sans doute, Sacha, Lycéenne, musicienne, est tombée dans les réseaux sociaux et surtout dans Instagram, où s'étalent réussite matérielle facile, apparent succès affectif, une certaine vision de la beauté sur fond d'une sagesse-alibi hédoniste. Elle ne parvient plus à se concentrer sur l'école, ni sur la musique, ni à communiquer avec sa mère, ni même avec le charmant Solal, surtout quand l'impressionnante Jade, star d'Instagram et sa condisciple, semble s'intéresser à elle. Elle se le demandera un peu trop tard. Car elle est Cécile de Volanges (le canevas des Liaisons dangereuses est avoué dès la 4ème de couverture et le suivi de son cahier des charges n'a pas été sans m'agacer un peu), Jade est Mme de Merteuil, Solal est Danceny... Sur fond de narcissime gonflé puis blessé (interminable roue du destin du narcissicisme), les instagrammeurs se manipulent, tentent de s'aimer et se détruisent.

Dans une spirale épuisante de lectures professionnelles, dont je n'ai même pas le temps de rendre compte ici, Instagrammable est une brise apaisante : facile. Un peu - beaucoup - convenu, prévisible, quelques passages qui s'échappent du canevas (le quiproquo d'un dialogue sur WhatsApp est un vrai plaisir, et sa déclinaison sont le seul véritable humour et la seule originalité narrative du roman) sont donc bienvenus. Certains passages, qui concernent la mère d'Ariane, la voix de l'autrice, peut-être ?, en point de vue interne, m'ont paru vraiment dignes d'être retenus et j'en ai mis en citation ci-dessous.

Sur le fond, je suis plus que jamais convaincue que notre jeune génération, qui va se colleter avec les problèmes abyssaux que nous leur avons tendrement laissés, est jetée en pâture à du néant : si certains, comme Lou, comme Sacha, s'échappent de là, c'est vraiment une bonne chose. A titre personnel, j'ai tenté l'aventure Instagram deux fois et je me suis deux fois très vite lassée et même ai fui ce centre commercial du Moi.
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