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sur 272 notes
Voici la « story de liaisons dangereuses » : la version instagrammable des épîtres de Choderlos de Laclos. Ici, le récit n'est pas épistolaire, ni constitué de stories peu nourrissantes : Il est raconté par un narrateur extérieur et omniscient, survolant pensées et sentiments de chaque personnage. Ici Jade et Léo sont les ami-mants pour la vie. L'histoire est connue, mais ces adolescents d'aujourd'hui vont reproduire celle de leurs aînés avec leurs moyens de communication modernes, et leur âge précoce qui est désormais celui où ces expériences éclosent. En lisant le résumé masqué, vous verrez que l'histoire est magnifiquement adaptée.





Tout se fait non plus entre adultes consentant, mais entre ado se sentant obligés de céder au chantage des sentiments pour être « aimés » par le plus d'inconnus possible. Un monde où l'on a plus aucune valeur soi-même, mais où notre valeur est le nombre d'inconnus qui nous "aiment", nous suivent. Et surtout, tout se fait non-plus par plis feutrés dévoilés par une rumeur incertaine, mais au grand jour sous les yeux de millions d'inconnus, exprimant leurs jugements à l'emporte-pièce sur les bribes de ce qu'ils voient et lisent. le tout est d'une violence certaine pour ces ado déconnectés de la réalité, qui ne savent plus à quoi se raccrocher lorsque leur monde virtuel s'écroule. L'histoire commence d'ailleurs avec un personnage désespéré pleurant sur un pont, histoire de mettre un peu la pression au lecteur qui prendrait ça à la légère.


Ici, vous verrez l'envers des décors de rêves des photos retouchées d'Insta, l'intérieur de l'âme des visages maquillés de ces gourous 2.0. C'est court, léger, mais plutôt bien vu autant dans la psychologie que dans le scénario. Ça se lit vite, c'est dans l'ère du temps. Choderlos de Laclos, 600 pages, Abecassis 180. Un pur produit de la pensée simplifiée, mais qui fonctionne car il colle à son sujet et, certainement, à son nouveau public. Il parvient très bien à résumer à quel point cette société désenchantée cherche le rêve facile alors qu'elle a bien mieux sous les yeux : une réalité plus complexe, certes, mais tellement plus riche. L'auteur épingle ces clichés que nous prenons tous sur le vif autour de nous : ces vies semblant plus intensément vécues en les postant instantanément sur nos téléphones alors qu'en levant la tête, l'événement original se déroule sous nos yeux. Ce non-sens de vivre dans un monde fake, à un âge où la vraie vie à tout à offrir en vrai.


L'adaptation de l'oeuvre classique à l'époque moderne est remarquable : peut-être éveillera-t-elle les plus jeunes, sinon à une prise de conscience, au moins à la lecture de l'oeuvre originale (lien ci-dessous). Néanmoins, faute de psychologie aussi fouillée, faute de passer beaucoup de temps avec les personnages dans cette société où tout passe et lasse très vite, ce récit ne marquera peut-être pas longtemps ceux qui ont connu l'original, à l'image de ces instantanés dont les couleurs s'effacent rapidement sous l'effet du soleil. D'un autre côté, ça colle exactement au propos : la superficialité des relations virtuelles, leur côté factice et, souvent, très éphémère.


Sur les réseaux, on « se » partage quelque chose.
Dans la vraie vie, on partage quelque chose « avec » quelqu'un...


Sur ce, je vous quitte en fredonnant avec Soprano :
« Je te partage ma vie, au lieu de la vivre
Tu me partages la vie des autres pour me divertir
Je ne regarde plus le ciel depuis que tu m'as pris
Mes yeux dans tes applis, baby
Je ne sais plus vivre sans toi à mes côtés
Ton regard pixelisé m'a envoûté
Toi, mon précieux, mon précieux, mon précieux
Mon précieux, mon précieux, mon précieux
Quand tu sonnes ou quand tu commences à vibrer
Je perds la tête, comment pourrais-je te quitter?
Toi, mon précieux, mon précieux, mon précieux
Mon précieux, mon précieux, mon précieux »

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Eliette Abécassis, propose une réécriture des Liaisons dangereuses , et c'est une excellente idée. A la place des lettres, des petits mots, des missives écrites à la plume, Instagram , ses milliers (ou plus...) d'abonnés, ses cadeaux par milliers pour les influenceurs les plus "bankables " , et des likes comme s'il en pleuvait. Se montrer pour exister ? Exister à n'importe quel prix ? Pas vraiment... Exister, se photographier dans une vie idéale, des instants soigneusement choisis pour récolter un maximum de visibilité , dans le secret espoir d'en vivre, d'en vivre très très bien....

"Madame de Merteuil", c'est Jade , une lycéenne, une influenceuse célèbre, qui fait la pluie et le beau temps sur Insta, car son père , qui bosse dans la pub, l'a conseillée dés son plus jeune âge.
"Valmont" , c'est Leo, son ex , qui est devenu visible grâce à elle et elle entend bien qu'il lui soit reconnaissant à vie, elle veut tout contrôler.
Plus amants donc , mais amis, elle ne supporte pas qu'il soit attiré par d'autres filles, surtout cette Emma qui, vous vous rendez compte, " n'a pas cinquante abonnés et pas une seule photo d'elle sur son compte", autrement dit , une fille qui " n'existe pas ". Son exact opposé ! Aussi altruiste et généreuse, que Jade est superficielle et vaniteuse, . Gare à celles qui lui font de l'ombre , elle n'hésitera pas à manipuler son "vicomte De Valmont" à elle, et, si elle peut faire du mal également à Sacha ( sa nouvelle meilleure amie) au passage, ce n'est que du bénéf'.

Bienvenue dans un univers impitoyable... celui des discours mielleux où tous les coups sont permis ,à condition qu'ils aient l'air : #positifs, #altruistes...
Images d'une vie de rêve sur Insta , mais aussi , harcèlement sur réseaux sociaux ...
C'est une critique de ce monde virtuel où l'apparence est plus importante que la profondeur.
" Incisif " dit la quatrième de couverture : oui, mais le roman aurait gagné à approfondir un peu les caractères des personnages. Il est un peu court (178 pages) à l'image de la société dans laquelle on vit où tout doit toujours aller vite . Forcément , le lecteur va comparer ce roman avec l'original, Les Liaisons dangereuses, une histoire peaufinée, un roman parfait et je crains bien que le roman de madame Abecassis ne s'oublie vite , il n'a pas la puissance de son aîné...
Instagrammable part d'une très bonne intention, mais on a parfois l'impression d'un copié-collé Wikipédia..
Quelques lourdeurs donc, au service d'une excellente idée qui, si vous n'y connaissez rien, vous fera découvrir la face cachée du monde merveilleux des Influenceurs. Pour les plus jeunes, ceux qui sont "tombés dans la marmite ", ceux qui vivent avec Instagram comme ils respirent , cela ne vous apprendra pas grand chose et peut même vous agacer car il est à charge.
Ce roman est en cours d'adaptation cinématographique par Isild le Besco ( la soeur d'une autre actrice-réalisatrice, Maïwenn...). Paris est très présent, ce peut devenir un joli film, du gente ambassadeur de notre belle capitale...
Un roman dans l'air du temps qui peut intéresser les adolescents et peut instruire les plus âgés...
#lecturemère/fille
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« J'entends le chant des sirènes
Regarde autour de moi tous ces gens qui m'aiment
Je veux toucher le soleil avant que la pluie ne vienne
T'inquiète pas seul les faibles se font bouffer par le système… »

En vrai, Instagram pèse des tonnes de rêves et autant de cauchemars sans un gramme d'humanité, tous nos jeunes y sont aspirés, exaltés, broyés avec notre bénédiction ou c'est l'éviction. Eliette Abecassis avec ce court roman porte un regard acide sur le rôle hypnotique et catastrophique des influenceuses et influenceurs.

En vrai, j'ai peur quand je scrolle sur les vlogs* et que je vois leurs postures apprêtées et leur aplomb de matamore en carton sur Quoi-arrive** ou sur Toi-tuyau**.
C'est terrifiant ce que l'on peut humilier les gens. Tête-qui-pleure !

En vrai, mes parents aussi ont eu peur pour moi. Pourtant Tino Rossi est mort quand-même et Led Zeppelin est vieux maintenant, j'ai fait ma vie avec mon temps et ses addictions.
Ils la feront inévitablement avec les leurs, seulement que dans le caisson il y aura surement le dernier sac Vuitton. Ils auront voyagé à trente ans plus que moi à soixante, mais n'auront pas vu les mêmes choses. Angkor au Cambodge ou Encore en maillot dans le lodge.

En vrai, qu'est ce qui est cohérent, raisonné et rationnel, la réalité augmentée, la vérité vraie ou les simagrées ?
« instagrammables les pots de crème, les parfums, le maquillage, les habits, pas instagrammables l'acné et les boutons, instagrammables les bébés, pas instagrammables les vieux. instagrammables les beaux, pas instagrammables les moches. »
Qu'il est beau le lavabo, qu'il est laid le bidet. C'était déjà nul !
Tout est une question d'époque dans les labyrinthes du choix. Tête-qui-grimace !
En passant, n'hésite pas à me « liker », je risque de remporter le dernier i-téléphone sponsorisé par Pomme si j'ai 1 million de vues. Comme ça je t'enverrai des stories d'i-biza.

Eliette Abecassis brosse avec acuité les relations parents/enfants dans cette société assoiffée d'exploits anodins où l'éclatement de la famille, les pressions professionnelles, l'accélération de besoins dérisoires en sont les mécaniques destructrices.

Trop nul ton dernier post, je te bloque, mais j'hallucine…

« Où sont passées les sirènes
Regarde autour de moi tous ces gens remplis d'haine
Après l'ivresse vient la migraine
Au final je crois que je me suis fait bouffer par le système.


* Faire défiler un contenu en vidéo accompagné de textes.
** Whatsapp et Youtube (clin d'oeil à Deidamie)

Merci à Orelsan pour le début et la fin.
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J'ai bien fait de me plonger au coeur de ce nouveau roman d'Éliette Abécassis alors même que les critiques n'étaient pas très élogieuses.
J'ai bien fait parce qu'une nouvelle fois, la plume de cette auteure m'a rejointe au coeur de mes émotions, de mes sensations et de mes questionnements.

Instagrammable... C'est le quotidien de mes élèves, de certains de mes collègues, des membres de ma famille et d'une foule nombreuse de mes contemporains.
C'est cette prison dorée qui nous tend les bras, nous accueille avec tant de bienveillance et de douceur et qui nous ficelle au coeur des mailles de son filet sans moyen de nous défendre.

Instagrammables... C'est vous, c'est nous, devenus totalement dépendants en quelques clics.

Les réseaux sociaux... C'est le gourou parfait de générations entières qui se croient libres mais qui sont "marionnettables" à souhait.

C'est "pour le meilleur et pour l'empire."

Instagrammable... C'est l'histoire quotidienne à laquelle j'assiste impuissante, malgré la prévention, le dialogue, le questionnement que j'essaie de proposer dans mon école.

C'est une drogue dure, une liaison mortelle qui, si elle ne nous fait pas mourir physiquement, fait mourir en nous l'essence de notre être unique, beau et original.

Instagrammable... Ca fait peur, c'est douloureux mais je crois que ça a le pouvoir de réveiller.

Pourquoi ne pas mettre entre les mains de nos ados (et de nous tous) ce petit livre assez vite lu qui pourrait, tel un miroir, renvoyer à la conscience l'emprise de la manipulation dans laquelle nous sommes si facilement tombés.

Et maintenant, clic.... Je me déconnecte !
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« Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ; il en coûte trop cher pour briller dans le monde. Combien je vais aimer ma retraite profonde, pour vivre heureux, vivons cachés » Jean-Pierre Florian, XVIIIème siècle.

Une chouette idée, pour un roman résolument « dans l'air du temps » : proposer une adaptation 2.0 des Liaisons Dangereuses, de Chanderlos de Laclos.

Version 18ème siècle : roman épistolaire de 175 lettres et 600 pages, qui révèlent ce à quoi songent et aspirent la marquise de Merteuil et son acolyte, le vicomte De Valmont, qui se jouent de deux jeunes femmes naïves.

Version 21ème siècle : 180 pages qui se lisent vite, entre 2 « scrolls » sur l'écran de notre téléphone. Les SMS et les photos ont remplacé l'encre et le papier. Sacha, Jade et Léo sont de la génération Z, biberonnés aux réseaux sociaux. Jade est « influenceuse » : elle fait la pluie et le beau temps, ce qu'elle dit, fait ou porte est ce qu'il FAUT dire, faire ou porter. Son succès se mesure en nombre d'abonnés. Mieux vaut ne pas devenir sa cible, car elle est toute-puissante et armée pour vous détruire, à coups de photos compromettantes et de posts assassins. Léo est son instrument, Sacha l'une de ses victimes.

Des thématiques universelles et intemporelles communes : amour, séduction, jalousie, intrigue, manipulation, vengeance. Mais cette fois, les estocades sont portées au grand jour, sous les yeux de millions de « followers », qui jugent, notent, « likent » et relaient l'information sans même questionner sa véracité ni se préoccuper des conséquences. On n'est plus dans le « vivre », l'« être » et le « ressentir », mais dans le « paraître » et le « plaire ».

Comme Delphine de Vigan dans Les Enfants sont rois, Eliette Abecassis met en lumière les dérives des réseaux sociaux, redoutables fils à la patte dont on peine à se libérer, de ce flux constant d'informations parfois dangereuses, et de cette responsabilité dont on s'exonère, cachés derrière nos écrans et l'anonymat d'un pseudonyme. À mettre entre toutes les mains.

Voilà ! J'espère que ce post vous plaira et me rapportera un maximum de « likes »
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L'hypocrisie des vieux m'épatera toujours.

Ah, bien sûr, je n'ai rien contre eux. Bien au contraire, ils me sont une source quotidienne de divertissement.

(Sauf madame Charvois, la voisine du 2eme, qui est une connasse. Si tu me lis, madame Charvois, sache que je souhaite tous les jours de ma misérable existence de te voir te casser la margoulette dans les escaliers. Cordialement.)

Bien sûr, toi, petit lecteur qui n'es pas dans ma tête, tu te demandes la cause de cette première phrase d'accroche, si lapidaire.

La cause de mon émoi, c'est Daniel.

Entre donc un nouveau personnage dans le GaletteSaucisse Cinematic Universe, Daniel le brocanteur, biker sans moto (c'est parce que la courroie de démarrage déconne).

Tu ne seras pas surpris d'apprendre que Daniel est moustachu, des moustaches de morse assez incredible comme diraient nos amis les Angliches. C'est à croire que je ne choisis mes fréquentations que par rapport à leur pilosité sub-buccale. Damn.

Daniel, bien que d'une gentillesse comme j'ai très rarement vu, est d'une mauvaise foi comparable à celle de ma mère (c'est te dire.)

Ce matin donc, je le salue sur sa brocante. Au fil de la discussion, on en vient à parler des technologies en général.

- Ecoute, ma Galette, désolé de te dire ça, mais t'es quand même bien vieille, au fond, hein.
- Oui, enfin, quand on a personnellement connu le couronnement de la reine Elisabeth, on est pas trop en mesure de l'ouvrir.

Daniel fait partie de cette légion de bonshommes dont l'âge ne se voit qu'aux fils argentés sous le chapeau de cow-boy (oui), fils argentés qui font office de chevelure. Car mis à part ça, Daniel a toujours quatorze ans.

- Mais quand même, même moi, j'ai Facebook.
- C'est normal, mon gros papa aussi. C'est pas signe de jeunesse.
- Ton père, c'est un jeune.
- Non, mon père se vante d'avoir 75 ans dans sa tête. Cherche pas, Daniel, t'es foutu.

En fait, cela fait plusieurs mois que ce nouveau copain tente de m'initier aux réseaux sociaux. du coup, pour jouer le jeu et lui faire plaisir – parce qu'il est quand même très gentil – j'ai trouvé un compromis.

- Ecoute, tu te crées un compte TikTok, et le jour où tu obtiens plus de 100 abonnés, j'installe l'application.

Que n'avais-je dit. Ce qui fut dit fut fait, une semaine après, le voilà qui me dit fièrement :

- Tadam, mon compte affiche 102 zigs. A toi de jouer.

N'ayant qu'une parole, j'ai donc installé cette appli du diable, qui est donc entre autres choses la cause de ma longue absence ici (oui, j'ai honte.)

Histoire que mon sacrifice ne soit pas vain, je m'en vais te faire une petite description de ce que j'y ai trouvé, afin de t'en dégoûter et aussi d'achever mon introduction que je pensais moins longue que ça (t'inquiète, mon avis sur le bouquin arrive bientôt).

TikTok, application chinoise donc, consiste à regarder une infinité de courtes vidéos.

Jusque-là, rien de quoi justifier une absence de 4 mois (ah, quand même...)

Ce qui rend l'appli très addictive, c'est l'algorithme qu'elle utilise et qui va peu à peu calculer tes goûts et préférences en matière de vidéos. Autrement dit, voir le fil TikTok d'un individu te permet d'avoir accès à son âme (rien que ça !).

Par exemple, Daniel a principalement des motos et des posts anti-Macron (oui, bon).

(Pas de filles en maillot de bain.
Car Daniel est pur.
Sois comme Daniel.)

Selon l'algorithme TikTok, Daniel est donc un biker anarchiste qui ne regarde pas les autres filles.

Ça correspond en effet.

Moi, j'ai principalement des recettes de cuisine. Et des extraits de l'INA.

Selon l'algorithme, je suis donc une réac qui cuisine à l'occase.

Ça correspond aussi à ce que je suis, bien que pas tellement en adéquation avec la fringance de ma génération, décrite en l'occurrence ici, dans ce livre dont l'introduction de la critique est au moins aussi longue que la critique en elle-même.

(Ah bah, vous me dites que vous voulez des apartés, maintenant faut pas pleurer, hein.)

- Mais quel est donc ce livre dont la révélation du pitch nous tient en haleine depuis un quart d'heure, ô nôtre GaletteSaucisse préférée ? me demandes-tu avec dévotion.

‘'Instagrammable'' retrace l'histoire de Jade et consorts, que je vais te décrire un peu plus bas, arrête de chouiner.

Jade, c'est une fille qui a eu de la chance parce qu'elle est née jolie dans une famille blindée, et elle comptabilise un million d'abonnés sur Instagram.

Si t'es vieux et peu au fait des actualités – ce que je comprends – sache que c'est beaucoup.

Jade est un peu imbue d'elle-même, mais c'est pas grave, c'est la génération qui veut ça paraît-il. Elle est soi-disant ‘'restée amie'' avec son ex Léo, qui lui aussi cumule un joli nombre d'abonnés sur Insta.

Et bien qu'ils soient officiellement séparés, Jade a quand même la moutarde qui lui monte au nez quand elle voit Léo fricoter avec d'autres filles, notamment cette Emma, hyper catho et pas hyper branchée réseaux sociaux.

Donc elle s'arrange comme elle sait bien le faire pour foutre un peu la merde, avec l'aide de sa nouvelle meilleure amie, Sasha, qui n'est pas méchante, juste un peu perdue et pas très habituée qu'une fille aussi famous que Jade lui accorde de l'attention.

- Et c'est tout ?

Et c'est tout. Rien qu'une misérable peinture de la génération Z, obnubilée soi-disant par son image et rien d'autre.

J'ai vu plusieurs fois qu'on comparait Instagrammable aux Liaisons dangereuses. J'ai mal à mon p'tit coeur.

Le roman, en soit, n'est pas mal écrit. Il est simplement insipide.

Aurait-on préféré qu'il soit mal écrit, mauvais ? Peut-être. Au moins, il aurait eu du caractère.

Instagrammable n'est pas mauvais. Seulement, il ne laisse pas un souvenir impérissable. Les personnages, aux noms quasiment similaires, s'entremêlent dans votre esprit, et finalement, le lecteur n'en sait plus où il en est. J'ai eu une difficulté folle à rédiger cette critique, parce que les noms m'échappaient sans cesse (‘'Qui est William ? Alors c'est lui William ? Donc lui, ce n'est pas William ?'')

(Si t'as la réf, débranche TikTok.)

Par ailleurs, il est aussi et surtout – ce qui en fait le principal défaut – une succession ridicule de clichés

Promis, je passerai sur la tentative de suicide sur le pont-Mirabeau.

Ces jeunes lycéens ne sont que des copies conformes de leurs autres camarades, aucun ne se distingue, sauf peut-être la jolie Emma, mais c'est parce qu'elle n'est pas sur Insta.

Leurs soirées partagées sur les réseaux sociaux sont apparemment, au vu de ce que je lis, une hérésie notoirement ridicule (les jeunes, de nos jours...)

Rien n'est véritablement développé (comme mes critiques *tousse* *tousse*) et pourtant, dieu sait comme le sujet est intéressant. Mais hélas, on tombe rapidement dans le cliché.

Conformément à ce que veut cette société où tout est éphémère, le roman et ses personnages fades s'oublieront vite. Une fois publiée cette critique, Jade, Sasha, Emma et les autres sombreront dans les oubliettes de ma mémoire.

Quitte à lire un bouquin sur les ravages des réseaux sociaux, privilégie Les enfants sont rois, de Delphine de Vigan, qui, bien qu'ayant quelques défauts aussi, a le mérite de ne pas verser trop vite dans les stéréotypes du genre ‘'les jeunes de nos jours...''

- Bah dis donc, toute cette longue intro pour ça, franchement Galette, tu vieillis mal.

Alors, déjà, je t'emmerde. Et puis, finalement, mon intro avait trois buts.

1) Introduire mon copain Daniel qui vaut quand même sa place dans le GaletteSaucisse Cinematic Universe, au même titre que Monsieur Chabance et mon copain Caillou.

2) Celui de contredire Eliette Abécassis – l'auteure.rice.resse.cassezpaslescouilles de cet excellent ouvrage : Non, il n'y a pas que les jeunes qui sont accrocs aux réseaux sociaux. Les vieux s'y mettent aussi.

3) Et enfin, le dernier mais pas des moindres, m'adresser à mon lectorat comme ton vieux tonton fumeur qui te dit, en inhalant sa nicotine : ‘'T'y mets jamais, c'est vraiment une merde, cette chose.'' Les plus perspicaces auront compris que, personnellement, je ne parle pas de clope, mais d'applications diaboliques que j'ai mentionnées vingt fois plus haut.

Donc, faites pas la même erreur que moi.

Bisou à vous.

Je vous aime.

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Les liaisons dangereuses 2.0 ou comment revisiter nos classiques version réseaux sociaux…

Dans un monde hyper-connecté où les parents ont du mal à les suivre, une bande d'ados se perdent dans des jeux dangereux et malsains. Vengeance et manipulation sont au menu entre des influenceurs stars de You Tube ou Tik Tok en mal de reconnaissance et les ados fascinés qui les suivent et les adulent sans mesure.

Le roman est court, vite lu, Parfois superficiel et plein de clichés, parfois plus profond en abordant de thèmes actuels tels que le cyber-harcèlement, l'addiction aux réseaux sociaux et l'exposition à outrance de la vie privée sur internet. On oscille entre la frivolité du monde adolescent et la toxicité du monde l'influence.
Sujet classique et intemporel que ces ados en quête de limites et de sens à leurs vies.

J'aurais simplement aimé que le roman soit un peu plus long et le sujet un peu plus fouillé, à l'instar du roman Les enfants sont rois qui traitait partiellement des mêmes thèmes.
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Adolescence et réseaux sociaux

Je suis quarantenaire, j'ai grandi en admirant les actrices (Sophie Marceau !), les mannequins (Cindy Crawford, Lynda Evangelista...), les chanteurs/chanteuses (Patriiiiiick).
Les ado d aujourd'hui, qui admirent-ils ? Je n'ose y répondre.
Les gens issus de la télé-réalité ou ces inconnus influenceurs.

Éliette Abecassis nous plonge dans ce petit groupe d adolescents parisiens parmi lesquels Jade, qui a des milliers d abonnés sur les réseaux sociaux. Petite star de son lycée, idolâtrée par certains, elle veut continuer à mener à la baguette son petit monde.
Chantage, manipulation, pression, mensonge...
Liaisons dangereuses à l'ère 2.0.

Un roman qui se lit très vite, qui nous immerge dans l'adolescence de jeunes plongés dans leurs stories, dépendants des réseaux sociaux.
Bon moment de lecture avec une impression de légèreté mais ce monde virtuel est pourtant source de mal-être chez les ado.
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J'avais lu d'autres titres de cette auteure, le sujet me semblait intéressant, mais quelle déception !
Jade, lycéenne influenceuse, aime Jules qui aime Sacha qui aime Solal. On pourrait imaginer Andromaque au pays des réseaux sociaux, on en est loin.
Jade veut donc se venger de Sacha en demandant à Léo, son ex toujours fidèle, de la séduire pour obtenir d'elle un nude pour détruire son e-réputation, ce qui donne lieu entre autres à une page mal réécrite des Liaisons dangereuses pour dire que les réseaux sociaux, c'est mal, que la vraie vie est ailleurs et que le bonheur ne se mesure pas au nombre d'abonnés ni de like. L'intrigue est sans profondeur, les personnages aussi, alors que le thème a pourtant grand intérêt à être abordé.
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C'est un sujet d'actualité : les jeunes et les réseaux sociaux, ou l'influence néfaste du monde virtuel sur les adolescents d'aujourd'hui, incapables de laisser leurs téléphones de côté cinq minutes pour s'intéresser à la vraie vie. Eliette Abécassis fonce droit dans ce cliché avec ce court roman où la manipulatrice Jade se sert de son influence sur les réseaux sociaux pour tromper le désabusé Léo et tourner en ridicule la naïve Sacha. Ici, son nombre de « likes » et de « followers » permet à une gamine de quinze ans de régenter son monde, où chacun n'existe que par le regard des autres. On n'est pas si loin de la vérité d'aujourd'hui, avouons-le, mais le trait est quand même un peu forcé.

Il faut dire que, contrairement à d'autres lecteurs plus avertis, je n'ai pas lu Les Liaisons Dangereuses dont ce livre dit s'inspirer. Difficile pour moi donc d'apprécier la transposition du grand classique à notre ère ou de commenter l'évidence selon laquelle le culte de l'instantanéité a fait passer l'intrigue de 600 pages à tout juste 180. Pour ma part, j'ai trouvé dans cette lecture un peu de lucidité sur notre société actuelle, où tout un chacun se retrouve, parfois bien malgré lui, emporté par le tourbillon des réseaux sociaux. Finalement, j'ai presque trouvé plus intéressant le portrait de la mère de Sacha, réticente mais convertie, que le triangle amoureux enfonçant des portes ouvertes.

Ce n'est pas un grand moment de littérature, et pourtant, c'est peut-être une lecture intéressante pour sensibiliser un certain public, plus jeune ou plus âgés, aux limites et dangers d'un monde numérique tout puissant. Pour ma part, j'aurais apprécié quelque chose de plus nuancé et d'approfondi, surfant un peu moins sur la vague Derrière nos écrans de fumée.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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