AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Luxi


Hantée depuis dix-huit ans par tout ce qui touche à Tchernobyl, Galia Ackerman, journaliste et traductrice, nous emmène avec elle dans ce lieu désolé. A ses côtés, nous rencontrons des gens tout aussi différents que surprenants, immensément attachés à cette terre et qui en parlent avec un langage bien à eux. Nous marchons sur ce territoire contaminé qu'elle-même défie depuis de longues années, à Pripiat et ses environs, mais aussi dans la zone même qu'elle décrit magnifiquement comme "un espace à la fois post-apocalyptique, sauvage et paisible, où règne en maître une contamination radioactive invisible, inodore et sans saveur."
Et c'est dans ces contrastes que Tchernobyl fascine.
J'ai beaucoup lu sur la catastrophe du 26 avril 1986 mais en découvrant cet ouvrage, j'ai à nouveau été choquée, effarée, émue. Galia Ackerman nous présente des babouchkas à l'humour déroutant, des trafiquants de métal irradié – quel choc d'apprendre ça ! – ou encore des forestiers travaillant en pleines forêts contaminées. Et c'est à travers ces portraits concrets que la catastrophe prend véritablement chair. Les tchernobyliens rentrés sur leurs terres malgré l'interdiction sont appelés des samossioly et ont beaucoup à dire. D'ailleurs, l'auteure émaille son texte de nombreuses réflexions et anecdotes qui m'ont accablée ou m'ont fait frémir.
Ce livre est une enquête journalistique mais aussi un témoignage dans lequel l'auteure se livre beaucoup et nous raconte son obsession pour "son" Tchernobyl. La traductrice de la célèbre Svetlana Alexievitch s'interroge, se confie sur son parcours et les gens qui ont marqué sa route – j'ai beaucoup aimé cette partie, bien plus personnelle. "Ma traversée de Tchernobyl, écrit-elle, c'est la tentative d'une indignée de raconter ″ce qui arrive″, comme disait Paul Virilio : le passé et le présent d'un bout décimé de notre terre."
Enfin, petit détail qui a son importance : le tableau de Malevich utilisé pour la couverture est très représentatif de ce malaise indéfinissable qui ne quitte pas le lecteur tout au long de cette lecture. Un grand merci à Babelio et aux éditions Premier Parallèle pour cette lecture.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}