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Critique de le_Bison


Le corps à terre, meurtri de coups et de douleur, la gueule dans la poussière. le sang coule, sombre et visqueux. Il s'écoule tel un ruisseau assoiffé dans les sillons des roches rouges. Une poussière rouge.

Tu prends un whisky, tu as à peine l'âge et tu attends déjà la maturité de la vie. Pourtant tu vis encore chez tes parents, un poster de Kurt Cobain au-dessus du lit. Tu as laissé tomber les études, tu t'es fait virer de ton job de mécano, tu passes tes journées à fixer le plafond, allongé sur ton pieu. Tu passes tes nuits à imaginer ce plafond. La musique s'enchaîne, se déchaîne, la chaîne s'échauffe, chauffe la musique, en toi. Par moment ou par ennui, tu prends même les disques de ta mère, Cabrel et compagnie. Une fissure qui s'agrandit et se lézarde. Ton esprit ne voit pas au-delà de ce fossé creusé dans le plafond, par lequel tu voudrais t'échapper. Mais tu restes là, incapable d'aller plus loin dans cette vie poussiéreuse. Tu as merdé sur toute la ligne. Ton karma. Et tu penses à elle. Leila, ou tout autre prénom en a. Tu l'as rencontré un peu par hasard, un peu sans prévoir, des discussions anodines, belle comme une ondine. A parler musique avec elle, tu as trouvé le grand amour, celui qui restera unique.

Face au soleil, tu regardes en bas, sous ces falaises. La baie, crique de solitude baignée d'un soleil orangé. de cette hauteur, un saut dans le vide et ta vie prend son envol. Poussez-moi, sembles-tu dire, aux dieux du vent et des rivages. Tu regardes l'écume blanchir le rivage lorsque les vagues se fracassent contre les roches. Ma passion pour ces hautes falaises. Je m'assois, les yeux plongés dans le vide, vers l'horizon, verre vide. le silence et la nuit, des vies, émotion et mauvais karma. de la terre et du sang. de la poussière et du sang. Une poussière rouge. Tu te crois seul dans ce monde, sous le silence pale d'une lune masquée par l'amas de nuages orageux, aussi noirs et sombres que le pas du chat noir. Pourtant un témoin anonyme te guette, jusqu'à ce faux pas fatal. Mauvais karma, je l'ai déjà dit. Parfois, il y a des vies qui merdent sans trop savoir pourquoi ou comment. Même dans un lieu aussi magnifique que les roches rouges.

« Des fois je m'en veux tellement d'être en vie. D'avoir autant merdé. »
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