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Citations sur Ibn Arabî et le voyage sans retour (2)

À son degré extrême, la « générosité héroïque » n’est qu’un autre nom de la ubûdiyya, la « servitude », en tant qu’elle est pleinement assumée et actualisée par l’homme.

Il ne s’agit pas en effet d’acquérir la « servitude » ; elle est le statut imprescriptible de toutes les créatures. Ce qui distingue foncièrement le « héros » du commun des croyants, c’est qu’il a en permanence conscience de son indigence ontologique, que plus rien en lui ne tend à masquer : « Rien n’est plus éloigné du seigneur que son esclave ; la condition servile n’est pas en soi un état de proximité ; mais la connaissance qu’il a de sa servitude rapproche l’esclave de son seigneur. » (...) dans l’aveu de sa servitude, dans l’éradication de toute prétention à l’autonomie, l’homme atteint la walâya, terme que l’on traduit communément par « sainteté » mais qui signifie littéralement la proximité avec Dieu. Ayant brisé l’idole de l'ego, il découvre qu’il n’agit que par Dieu, ainsi que l’énonce un hadîth qudsî (un « propos divin » transmis par le Prophète mais qui n’appartient pas à la révélation coranique) qu’Ibn Arabî affectionne : « Mon serviteur ne s’approche pas de Moi par quelque chose que J’aime davantage que par les œuvres que Je lui ai prescrites. Et il ne cesse de s’approcher de Moi par les œuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Et lorsque Je l’aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il saisit, son pied avec lequel il marche... » La seule métamorphose qui se soit produite, constate Ibn Arabî, est celle de la perception du serviteur, qui, grâce à la pratique des actes surérogatoires, a désormais conscience que Dieu est - et n’a jamais cessé d’être - son ouïe, sa vue... (...) chez le « serviteur pur », la possibilité d’un choix a disparu. Il s’en tient par conséquent aux œuvres que Dieu lui impose, au moment où Il les lui impose. L’« abandon du gouvernement de soi-même » (pour reprendre le titre d’un admirable traité mystique d’un saint égyptien du XIVe siècle, Ibn Atâ Allâh) est son état permanent (...) définitivement éteint à lui-même dans l’éblouissante Présence divine, éperdu dans la contemplation de Ses noms, il ne sait plus qu’il est : « Lorsque le serviteur s’est dépouillé de tous ses noms, ceux que lui confère sa servitude ontologique et ceux que lui octroie son théomorphisme originel, il ne lui reste plus que son essence sans qualité et sans nom. Alors il est d’entre les Rapprochés [...]. Rien ne se manifeste en lui, par lui, qui ne soit Dieu. » (...) on n’est guère surpris dans ces conditions qu’Ibn Arabî assimile les « héros » aux malâmiyya, les « hommes du blâme » qui, selon lui, « ont revêtu le plus haut degré spirituel » (...) contrairement aux ascètes, dont le renoncement, par les efforts qu’il leur coûte, révèle que le monde a encore du prix à leurs yeux, contrairement à certains soufis dont les charismes sont trop visibles, les malâmiyya s’effacent dans l’anonymat le plus obscur, celui qui constitue l’épitaphe de tout homme : « serviteur de Dieu ».(pp. 40-43)
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La raison qui m’a conduit à proférer de la poésie (shi’r) est que j’ai vu en songe un ange qui m’apportait un morceau de lumière blanche ; on eût dit qu’il provenait du soleil. « Qu’est-ce que cela ? », demandai-je. « C’est la sourate al-sh'u’arâ (Les Poètes) » me fut-il répondu. Je l’avalai et je sentis un cheveu (sha’ra) qui remontait de ma poitrine à ma gorge, puis à ma bouche. C’était un animal avec une tête, une langue, des yeux et des lèvres. Il s’étendit jusqu’à ce que sa tête atteigne les deux horizons, celui d’Orient et celui d’Occident. Puis il se contracta et revint dans ma poitrine ; je sus alors que ma parole atteindrait l’Orient et l’Occident. Quand je revins à moi, je déclamai des vers qui ne procédaient d’aucune réflexion ni d’aucune intellection. Depuis lors cette inspiration n’a jamais cessé.
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