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Critique de marielabrousse1


Le moins qu'on puisse dire, c'est que je suis sortie de ma zone de confort avec ce roman historique qui nous plonge dans le Nigeria des années 60, au coeur d'un conflit dont je n'avais jamais entendu parler : la guerre du Biafra.

(À ce sujet, je me demande si je suis d'une ignorance crasse ou si l'Occident a vraiment la mémoire courte. J'ai cru comprendre que cette guerre avait été très médiatisée en son temps, mais je ne me rappelle pas avoir appris quoi que ce soit sur le sujet pendant mes années d'école, dans les années 90-2000… La seule chose qui s'en rapprocherait, ce serait le fameux cliché des « petits Africains qui meurent de faim », sur lequel l'autrice revient plusieurs fois au cours du roman.)

On suit le destin de deux soeurs jumelles, Olanna et Kainene, issues d'une classe aisée, dans un Nigeria tout juste indépendant qui ne tardera pas à basculer dans une guerre civile sanglante. Trois points de vue s'entremêlent : celui d'Olanna ; celui de Richard, aspirant écrivain blanc tombé amoureux du pays et de Kainene ; et celui d'Ugwu, le boy (domestique) d'Odenigbo, intellectuel idéaliste et compagnon d'Olanna.

Le roman est dur, très dur à lire, l'autrice ne nous épargne aucune des horreurs provoquées par la guerre et la manière dont celle-ci affecte les personnages. Les concernant, d'ailleurs, j'avoue que j'ai eu du mal à m'y attacher, et plusieurs m'ont même agacée (Odenigbo en particulier, Olanna et Richard également quoiqu'un peu moins, par contre j'ai bien aimé Ugwu et surtout Kainene – parce qu'on n'a jamais son point de vue, peut-être?) Pourtant, ces personnages ont une certaine profondeur psychologique, bien dépeinte par l'autrice, et en tant que lectrice, j'ai éprouvé tout au long du roman de l'empathie face à leur sort. Cela laisse à la lecture un sentiment troublant, peut-être voulu.

On ne peut pas dire que cette lecture soit plaisante, mais elle est définitivement saisissante. le basculement dans l'horreur et la description des personnages obligé·es de la traverser, jour après jour, est très bien rendue, la façon dont cela vient relativiser tous les petits (et même les grands) drames du quotidien aussi. C'est long, oui, souvent pénible, mais cela rejoint bien le sentiment des personnages qui ont l'impression que ça n'en finit pas.

Rien à redire sur la qualité de l'écriture. Point bonus : j'ai lu ce livre en version audio et la performance d'Aïssa Maïga est époustouflante !
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