AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de afriqueah


Premier roman d'Aravind Adiga, « le tigre blanc » est exactement le contraire d'un guide touristique nous invitant à visiter Delhi. Et même, on n'a qu'une idée : ne pas y aller. Deux Indes se côtoient : l'‘Inde des lumières, et celle des ténèbres. Dans l'une, des privilégiés corrompus, dans l'autre des miséreux, serviteurs lorsqu'ils ont la chance d'arriver à cette promotion et esclaves, pour la plupart. Ceci n'est pas nouveau nouveau, nous connaissons le système de castes instauré en Inde.
La vraie question est pourquoi ? Pourquoi des chauffeurs transportent ils des valises pleines de millions de roupies, comme les poules dans une cage attendent leur tour de se faire éviscérer, paralysées par la peur ? La plupart des Indiens seraient incapables de voler une mallette remplie d'argent, et si le chauffeur le rapportait à la police, alors, là, il disparaitrait très certainement. Pourquoi cette acceptation résignée ? Bien sûr, il existe des représailles, le massacre de la famille restante. Mais, bref, personne n'ose voler ce qui pourrait pourtant lui permettre de vivre une autre vie, en Australie ou ailleurs. Les castes enferment.

Et notre héros, issu des ténèbres d'un petit village, lui, s'adapte, se couche, baise les pieds du maitre, lui éponge le vomi avec sa main, le serviteur modèle. Jusqu'à un certain temps.
Les descriptions innocentes d'un tout jeune homme, au départ analphabète par nécessité, d'un pays où les malversations sont courantes, l'instituteur qui garde pour lui et revend les uniformes des élèves et leur cantine, le politicien qui promet, les religions différentes qui s'entremêlent, les milliardaires qui payent les politiques, et, partout, la saleté, les cafards et les rats.

Le ton est innocent, c'est un jeune de la campagne qui décrit par exemple le cortège funèbre transportant le corps de sa mère jusqu'au Gange : « Sa mort était aussi grandiose que sa vie avait été misérable ».
Innocente découverte d'un monde malmené par un petit pauvre. Les musulmans sont connus pour être de grands poètes, dit il plusieurs fois, et pourtant, « tous les musulmans que l'on rencontre sont illettrés, ou couverts de la tête aux pieds d'une burka noire, ou bien en quête d'immeubles à faire exploser. » Plus loin : « Les musulmans sont honnêtes, bien qu'une partie d'entre eux semblent poussés par l'envie irrésistible de faire sauter les trains chaque année. »

Il devient chauffeur, et découvre indirectement qu'il est censé rouler sur la voie de gauche, mais le trafic à Delhi est tel qu'il n'a même pas deviné cette loi de la conduite. Autre découverte : aucun riche n'est bon, ce qu'ils donnent n'a rien à voir avec ce qu'ils ont. Et encore : la haine que les pauvres ont des maitres est-elle une façade cachant l'amour, ou inversement ? « La Cage à poule dans laquelle nous sommes emprisonnés nous rend mystérieux à nous mêmes « répond le héros. Alors, de ce roman drôle, dont on veut connaître la fin, bien ficelé, bien analysé, mais qui ne donne pas envie d'aller dans son pays, il ressort l'intelligence de ce jeune issu des Ténèbres…., bon, je n'en dis pas plus.
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}