Soudain elle est de nouveau là, s'abattant entre nous deux comme un arbre scié, la séparation qui nous avait déjà menacés une fois mais qui avait été écartée par un caprice de la guerre. Comme des enfants qui vivent au jour le jour, avions nous cru que nous étions quittes, que l'arbre ne tomberait plus ? Nous échangions un regard, nos yeux sont ceux des créatures qui, la colonne vertébrale brisée, tendent les bras l’une vers l'autre par dessus un gouffre qui va s'élargissant.(P. 267)
Des coassements de grenouilles dans un étang ou dans un cours d'eau lointain, le crissement, plus près, d'un grillon, pareil à celui d'un gond rouillé, et la senteur verte et pure des prairies, relevée par une légère odeur poivrée de bouse de vache, m'assaillent comme des souvenirs d'une innocence, laquelle - commec'est également le cas pour Danny? - est morte à la première pénétration qui, très bizzarement ne me fait plus crier dans mes cauchemars. Comme une fois auparavant, je me demande comme il se fait que je n'en aie pas revé depuis le jour où, au soleil, Danny m'a dit que j'avais crié en dormant. Médusé, je fais halte. Quelle est la cause de la stupéfaction? L'acceptation? L'accélération d'un processus d'apaisement, qui, parce qu'il intègre tout le reste, finira par mener à la guérison?