Au sol, une meute de chiens pouilleux qui se battaient entre eux pour déchiqueter les chairs des cadavres mutilés hurlait effroyablement.
Membres tordus et visages déformés étaient figés dans la lumière livide du soleil. Du sang séché et des excréments recouvraient pieux et planches. Les corps de deux autres hommes, éviscérés, les bras coupés à hauteur des coudes, gisaient au pied de l’estrade. Un vol de corbeaux s’était posé sur les montants horizontaux ; ils s’attaquaient en croassant aux têtes et aux mains des cadavres empalés.
L’homme assis dans la voiture couverte écarta le rideau
situé à l’avant et regarda au-dehors. La vue qui s’offrait au
tournant de la route n’avait rien d’agréable. Trois hommes à demi nus étaient empalés sur des pieux pointus érigés sur les larges planches d’une estrade de bois. Leurs bras écartés avaient été liés à des montants horizontaux formant une croix avec les pieux ; leurs têtes tondues étaient maintenues en arrière par une corde.
Durant la première semaine de mai, une chaleur inattendue
s’abattit sur la plaine et consuma la maigre verdure printanière. Une épaisse poussière jaune voilait l’atmosphère et des mirages émergeaient de l’éblouissante lumière blanche. Dans la chaleur étouffante de midi, une lourde odeur de putréfaction empoisonnait l’air immobile.