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Citations sur Le marchand de passés (51)

Au début des années 60 le ministre était un jeune employé des Postes à Luanda. Il tenait la batterie dans un groupe de rock, les Innommables. Il s’intéressait davantage aux femmes qu’à la politique. Ça c’est la vérité, ou plutôt, la vérité prosaïque. Dans le livre, le ministre révèle que déjà à cette époque il se consacrait à l’activité politique, combattant dans la clandestinité, dans la clandestinité totale, même, le colonialisme portugais. Encouragé par le sang impétueux de ses ancêtres – il se réfère souvent à Salvador Correia de Sá e Benevides – il avait créé à la poste une cellule de soutien aux mouvements de la libération. Le groupe s’était spécialisé dans la distribution de tracts glissés dans la correspondance adressée aux fonctionnaires coloniaux. Trois de ses membres, dont le ministre, avaient été dénoncés à la police politique portugaise et emprisonnés le 20 avril 1974. Cinq jours plus tard, la révolution des œillets leur avait sans doute sauvé la vie.
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-- J'ai rencontré une femme extraordinaire. Ah, mon mon cher, les mots justes me manquent pour la définir, tout en elle est lumière!
J'ai pensé qu'il exagérait. Là où il y a de la lumière, il y a des ombres.
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La réalité est douloureuse et imparfaite, me disait-elle, c'est sa nature et c'est par là que nous la distinguons des rêves. Lorsque quelque chose nous semble très beau, nous pensons que ce ne peut être qu'un rêve et alors nous nous pinçons pour être sûr que nous ne rêvons pas - si cela nous fait mal, c'est que nous ne rêvons pas. La réalité blesse, même lorsque, par instants, elle nous semble un rêve. Dans les livres on trouve tout ce qui existe, très souvent dans des couleurs plus authentiques, et sans la douleur véridique de tout ce qui existe dans la réalité. Entre la vie et les livres, mon fils, choisis les livres.
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Félix, assis face à la tempête, savoure à lentes cuillerées une purée de fruits. (...) Il prépare lui-même une papaye, en l'écrasant avec une fourchette. Il ajoute ensuite deux maracujas, des fruits de la passion, une banane, des raisins secs, des pignons de pin, une cuillerée à soupe de muesli, d'une marque anglaise, et un filet de miel.
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(...)la grande différence entre les dictatures et les démocraties, c'était que dans le premier système il n'y a qu'une vérité, la vérité imposée par le pouvoir, alors que dans les pays libres chacun a le droit de défendre sa propre version des évènements.
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Il a changé de sujet. Il a raconté qu’il avait assisté, quelques jours plus tôt, à la présentation d’un nouveau roman d’un écrivain de la diaspora. C’était un emmerdeur, un indigné professionnel, qui bâtissait toute sa carrière à l’étranger, en vendant au lecteur européen l’horreur de la nation. La misère a beaucoup de succès dans les pays riches. Le modérateur, poète local, député du parti de la majorité, avait fait l’éloge du nouveau roman, en même temps qu’il fustigeait l’auteur parce qu’il trouvait que son point de vue sur l’histoire récente du pays était falsifié. Une fois le débat ouvert, tout de suite, un autre poète, lui aussi député, et plus connu pour son passé de révolutionnaire que pour son activité littéraire, a levé la main :
– Dans vos romans, vous mentez volontairement ou par ignorance ?
Il y a eu des rires. Un murmure d’approbation. L’écrivain a hésité trois secondes. Puis il a contre-attaqué :
– Je suis menteur par vocation, a-t-il hurlé. Je me régale à mentir. La littérature est le seul moyen que possède un véritable menteur pour se faire accepter socialement.
Il a ensuite ajouté, plus sobrement, en baissant la voix, que la grande différence entre les dictatures et les démocraties, c’était que dans le premier système il n’y a qu’une vérité, la vérité imposée par le pouvoir, alors que dans les pays libres chacun a le droit de défendre sa propre version des événements.La vérité, a-t-il dit, est une superstition. Louis Félix, cette idée l’a impressionné.
– Je pense que ce que je fais est une forme avancée de la littérature, m’a-t-il confié. Moi aussi je crée des intrigues, j’invente des personnages, mais au lieu de les garder prisonniers dans un livre je leur donne vie, je les jette dans la réalité.
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(Incipit)
Je suis né dans cette maison et j’y ai grandi. Je n’en suis jamais sorti. Lorsque vient le soir j’appuie mon corps contre le cristal des fenêtres et je contemple le ciel. J’aime voir les flammes hautes, les nuages au galop et, au-dessus, les anges, des légions d’ange, qui secouent les étincelles de leur chevelure, en agitant leurs grandes ailes en flammes. C’est toujours le même spectacle. Tous les soirs, pourtant je viens jusqu’ici, et je m’amuse et je m’émeus comme si je le voyais pour la première fois. La semaine dernière Félix Ventura est arrivé plus tôt et m’a surpris à rire pendant que là dehors, dans l’azur agité, un énorme nuage courait en rond, comme un chien tentant d’éteindre le feu qui lui embrasait la queue.
– Ah, c’est incroyable ! Tu ris ?
L’étonnement de cette créature m’a irrité. J’ai eu peur mais je n’ai pas bougé d’un muscle. L’albinos a ôté ses lunettes noires, les a rangées dans la poche intérieure de sa veste, puis il l’a quittée lentement, mélancoliquement, et accrochée avec soin sur le dossier d’une chaise. Il a choisi un disque de vinyle et l’a placé sur le vieil électrophone. Berceuse pour un fleuve, de Dora la Cigale, une chanteuse brésilienne qui, je pense a connu quelques notoriété dans les années 70. Ce qui m’amène à le supposer, c’est la pochette du disque. C’est le dessin d’une femme en bikini, noire, jolie, avec de larges ailes de papillons attachées dans le dos.
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Au catechisme, un vieux pretre a la voix mourante et au regard fatigue a tente, sans conviction, de m'expliquer en quoi consistait l'Eternite. Je pensais que c'etait un autre nom pour les grandes vacances. Le pretre parlait d'anges et je voyais des poules. Jusqu'a aujourd'hui, d'ailleurs, les poules sont ce que je trouve le plus semblable aux anges. Il nous parlait de la beatitude et je voyais les poules en train de gratter au soleil, de creuser des nids dans le sable, de faire rouler leurs petits yeux de verre, en une pure extase mystique. Je ne parviens pas a imaginer le paradis sans poules. Je ne parviens meme pas a imaginer le bon Dieu, allonge paresseusement sur une molle couche de nuages, sans le voir entoure d'une gentille legion de poules.
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Il aurait aimé diriger un orchestre d'oiseaux cependant que dans le ciel se déplieraient, un à un, les arcs-en-ciel.
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C'était comme s'il pleuvait de la nuit. Je m'explique mieux : c'était comme si du ciel tombaient de gros fragments de cet océan obscur et somnolent et sur lequel naviguent les étoiles. J'ai attendu de les voir tomber, et se briser ensuite, dans un grand éclat de lumière et une grande clameur contre les vitres. Ils ne sont pas tombés.
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