AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de latina


Milena Agus écrit pour raconter « la vie, pitoyable et comique, misérable et merveilleuse, sans mièvrerie et avec ironie »
C'est exactement de cela qu'il s'agit dans ce « Mal de pierres ».

La narratrice parle de sa grand-mère, la fantasque, celle qui souffre d'une étrange maladie : elle n'arrive pas à être aimée, alors qu'elle est si belle, si sensuelle, et elle en souffre. Elle se taillade les bras, s'arrache les cheveux, s'enferme dans le poulailler. Elle refuse d'être comme les autres, de réagir comme ces femmes de Sardaigne de l'après-guerre qui acceptent leur sort. Elle veut vivre, aimer, être aimée. Elle écrit des lettres enflammées à ces hommes qu'elle croise et à qui elle fait peur.
Elle se mariera à un homme qu'elle n'aime pas et qui ne l'aime pas (dit-elle) mais pour qui elle effectuera des « prestations sexuelles » telles que faisaient pour lui les prostituées d'une maison close qu'il fréquentait assidûment. Ainsi, au moins, il épargnera son argent pour acheter son tabac...
Mais cette maladie de manque d'amour n'est pas la seule maladie dont elle souffre ; son mal de pierres lui arrache des larmes et lui cisaille les reins. « Grâce » à ces impitoyables pierres aux reins, elle effectuera une cure sur « le Continent » où elle rencontrera enfin l'amour, dont peut-être son enfant est le fruit.

Enfin...c'est ce que la narratrice pense. C'est ce qu'elle a peut-être inventé. Car celle-ci aime écrire et chacun sait qu'écrire, c'est mêler le réel au fantasme...
Fraicheur, humour, pathétique se mêlent dans la narration d'une vie, ou plutôt d'une famille à travers une femme.
Mais la vie d'une Sardaigne d'après 40-45 grouille aussi dans ces pages. Ces maisons, ces rues, ces voisines qui épient, cette cuisine, ces travaux ménagers. Ces hommes qui rentrent du travail, s'asseyent et fument.
La mer, toujours là, si proche et si lointaine, calme et bleue.
La musique aussi, dite « classique », où se noient plusieurs personnages.

Poids des traditions et révolte à travers la folie ou du moins ce que les autres appellent la folie.
Milena Agus sème le doute et récolte la tendresse.
Une tendresse qui reste, longtemps après que la dernière page se soit refermée.
Oui, je souris en écrivant ces lignes.
L'auteure a donc bien réussi à atteindre son but...
« La vie, pitoyable et merveilleuse, racontée sans mièvrerie et avec ironie ». Exactement.
Commenter  J’apprécie          874



Ont apprécié cette critique (68)voir plus




{* *}