Le monde n'a qu'à bien se tenir : les musulmans débarquent !
- On est déjà là.
- Et on ne risque pas de s'en aller.
Je n’ai pas envie de passer ma vie ici. Je n’ai pas non plus envie de mourir ici, mais peut-être qu’il y a pire que la mort.
" Donnez-moi une feuille de papier et de quoi écrire et je saurai rverser le monde "
Sauf que ça ne sert à rien de se lamenter sur l’injustice de la vie. La vie a toujours été injuste pour quelqu’un, quelque part. Il se trouve simplement que, là, c’est mon tour. p. 29
Ça relève presque de l’alchimie quand un être humain en touche un autre et rend la solitude un peu moins terrifiante.
Independence, Californie. La ville où on débarque du train, en route pour notre internement s’appelle Independence. L’ironie de ce nom me révolte, tout comme le beau ciel bleu. Ce jour mériterait des nuages sombres et des orages. Une nuit permanente. Sauf que la Terre, le soleil et la lune continuent leur chemin, sans se soucier de nous.
Le camp Mobius ? C’est donc comme ça qu’ils l’appellent ? Ils lui ont donné un nom, comme si c’était une colonie de vacances et pas une prison.
Peut-être que leurs voisins sont musulmans ; peut-être qu’ils avaient des copains musulmans en cours. Peut-être qu’ils n’avaient jamais rencontré de musulmans en vrai avant d’arriver au camp et que, à force de nous regarder en face, dans les yeux, ils se sont rendu compte que nous sommes des êtres humains qui rient et qui pleurent, comme eux. Que nous sommes faits de chair et d’os, et que nous saignons.
Pour ceux d’entre nous qui sommes nés ici, les États-Unis sont l’unique patrie que nous ayons jamais connue. Les foules hystériques qu’on voit à la télé et qui nous crient de « rentrer chez nous » ne paraissent pas comprendre que c’est ici, chez nous.
On a tous besoin de ces moments où on se rappelle qu’on est des êtres humains, avec des préoccupations toutes bêtes, sinon le poids de cet endroit finirait par nous écraser. C’est comme dans Footloose.