Les aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour : Wartburg, 1210

Le duc de Nevers et Philippe Auguste ne s'aimaient pas . Nevers , feudataire téméraire et ambitieux , s'était approprié le comté par la force après avoir épousé la fille du duc légitime , une jouvencelle de huit ans . Cela contre la volonté du roi . Il avait ensuite soutenu la croisade albigeoise uniquement par intérêt , Innocent III n'ayant autorisé ses noces avec un enfant qu'à condition qu'il s'engage à combattre des infidèles . P.240

Le ciel était uniformément gris, sans lumière. Aveuglé par les flocons, engourdi par le froid et le silence, Guilhem se sentait gagné par une sourde torpeur qui émoussait ses sens.
Soudain, il vit le cheval en longe qui suivait Waldemar s'affaisser sur les genoux. Il crut un instant que l'animal avait mis une jambe dans un trou, mais la monture du chasseur tomba à son tour. Alors il entendit les sifflements des viretons.
Aussitôt il donna un coup d'éperon à sa jument afin qu'elle pénètre dans le bois, mais la bête, atteinte également par un trait, rua en hennissant.
Ne pouvant la maîtriser, Guilhem parvint à glisser de sa selle en se tenant à l'arson et roula dans la neige. Ensuite, plié en deux, le cœur battant, il se précipita contre un tronc d'arbre pour se mettre à l'abri, où il tira son épée.
De là, il découvrit l'étendue du carnage. Atteints par des carreaux, les chevaux, agonisants, se débattaient sur la neige sanglante, dans un vacarme épouvantable de hennissements, de ronflements et souffles de naseaux. Les tirs avaient cessé, l'assaut n'allait pas tarder. Étouffé par la rage, Ghilhem se sentit plus en colère contre lui-même que contre ceux qui les attaquaient. Comment avait-il pu se montrer aussi inattentif ?

- Nous allons connaître un rude et long voyage de plusieurs semaines. Nous sommes trente-trois hommes, beaucoup ont l'habitude des armes, mais d'autres pas du tout. Ceux là devront apprendre, et messire Bartolomeo et Laguépie les entraîneront dès demain avec Peyre, Alaric et Jehan le Flamand. Les dames et les enfants les plus âgés devront également s'instruire au au maniement des arbalètes.
>> Durant le trajet, chariots et charrettes seront nos logis, nos sauvegardes et nos celliers de vivres. Ils porteront nourriture, fourrage, vêtements, armes et literies, et devront être en parfait état. Maître Fabre, notre charron y veillera.