Citations sur Les enquêtes de Louis Fronsac, tome 2 : Les collèges fantômes (13)
Ils suivirent la rue allant jusqu’à Saint-Etienne-des-Grès, d’où ils guettaient l’arrivée de Paul de Gondi.
Hérisson raconta à Jehan ce qu’il avait fait et son séjour dans la famille Fronsac, provoquant une ombre d’envie chez Le Pontonnier qui, lui aussi, aurait bien aimé être invité chez le notaire.
Le mardi, quand ils arrivèrent devant la porte du collège du Mans, haute none était passée de peu car ils avaient quitté l’étude notariale dès la fin du repas, arguant avoir du travail à faire au collège. Jehan les attendait déjà. Le fils de boucher tenait un paquet à la main et leur fit de grands signes joyeux dès qu’il les aperçut.
- Alors ? S’enquit-il bruyamment, comme ils s’approchaient.
- La clef fonctionne, lui répondit Gaston à mi-voix, après avoir vérifié qu’aucun passant ne se trouvait à proximité.
Pendant ce temps, Guillaume s’était rendu à la cible posée sur une souche d’arbre. Il s’agissait d’un oiseau peint ne rouge qu’il avait taillé dans un morceau de bois. Au régiment de Picardie, on jouait au jeu du papegeai, qui consistait à tirer à l’arquebuse sur ces cibles en forme d’oiseau.
Louis rechargeait son arme avec application. Ayant serré la balle de plomb dans l’étoupe, il l’enfonça au fond du canon, dans lequel il avait mis la charge de poudre, puis il tassa l’ensemble doucement, avec la baguette, sous la surveillance de M. Charreton, qui s’assurait que l’arme était préparée correctement. En vérité une vérification inutile car, tout l’été, le jeune Fronsac avait appris à manipuler le pistolet et il possédait maintenant l’expérience d’un vieux mercenaire
Arrivé à l’octroi de la porte du Temple, Guillaume avait désigné le chemin qui montait au talus. Le fils du notaire l’avait gravi en courant, puis avait cherché un endroit favorable. C’est lui qui avait trouvé la souche, près d’un moulin abandonné.
Ce 28 septembre ressemblait à l’été, avec un ciel sans nuages et une douce chaleur. Ils avaient gagnait le futur champ d’exercices après la repue, en remontant la rue du Temple. Louis marchait en tête, se retournant sans cesse pour faire presser les frères Bouvier et son père. Mais ce dernier bavardait avec M. Charreton. Tous deux évoquaient les nouveaux hôtels que l’on construisait dans leur quartier devenu un vaste chantier.
Ce n'était pas le seul désaccord entre elle et Richelieu, car si tous deux visaient à détruire la puissance protestante Armand du Plessis voulait aussi abaisser la haute noblesse qui provoquait une anarchie perpétuelle et ruinait le royaume. Pour avoir été dans les rangs des Grands, Richelieu savait ce qu'ils valaient et il demandé au souverain que plus aucune charge d'importance ne revienne aux princes et qu'ils restent écartés du Conseil.
[...]
- Savez-vous à quoi cette attitude m'a fait penser, mon fils ? demanda M. Charreton.
- Non.
- Au temps de la Ligue. Quand une minorité, les Seize, manipulait le Parlement et obtenait de ses membres des décisions iniques en les terrorisant sous la pression d'une populace qui menait à la hart ceux qui se montraient trop frileux.
- Connaissez-vous le Petit Luxembourg, mon ami ?
- Oui, monseigneur.
- Pensez-vous pouvoir y pénétrer ?
La question était brutale, mais La Chesnay avait maintenant l'habitude des manières de l'ambassadeur de Savoie. Sous une apparence policée, c'était un homme brutale, prêt à tout pour s'emparer de ce qu'il désirait. Robert n'avait pas plus de scrupules que lui, pourtant il eut un temps d'hésitation. Non qu'il soit incapable d'entrer dans le Petit Luxembourg, mais à cause de celui qui y logeait : le cardinal de Richelieu.
- Quel serait mon avantage à les rejoindre ? Ma noblesse est plus ancienne que celle de la plupart d'entre eux.
Louis retint un sourire. Gaston était sans parents et sans argent, mais il lui restait son lignage, et s'il l'évoquait peu, il savait le rappeler à bon escient.