AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de elisecorbani


On connaît assez peu en France la littérature russe ou russophone de l'époque soviétique, aussi n'avais-je jamais entendu parler de Tchinguiz Aïtmatov. Cela avant de parcourir sur Babelio les listes de lecture composées par les véritables experts qui hantent ce site, décidément plein de surprises.
L'autre surprise du destin c'est d'avoir trouvé dans une boîte à livres deux ouvrages de cet auteur que j'ai précieusement recueillis.

Le premier d'entre eux est ce recueil de nouvelles, 5 portes pour entrer dans l'univers de Tchinguiz Aïtmatov, peuplé de travailleurs soviétiques et de plantes sauvages des steppes.
Un univers fascinant et une écriture très poétique, puissante et évocatrice. Sitôt terminé, j'ai eu aussitôt envie de relire ces textes, ce qui ne m'arrive jamais...
Les thèmes abordés dans ces récits se recoupent autour des destins de personnages ordinaires, leurs relations familiales et intimes, prises au feu de la violence de l'histoire, de la guerre lointaine mais destructrice, et dans le contexte conquérant de la colonisation agricole des steppes des républiques de l'Asie Centrale.

Tous sont de grande qualité littéraire et humaine, mais deux m'ont spécialement touchée, l'oeil de chameau, nouvelle centrale du recueil, la plus longue, et Rendez vous avec le fils, la seule traduite du kirghize, qui clôt le livre.
De celle ci je ne sais pas si il faut vraiment parler car il faut juste la lire et accueillir l'émotion profonde qui submerge le lecteur porté par la justesse de la plume de l'auteur.

L'oeil du chameau m'a passionnée sur tous les plans. Ce texte magnifique nous plonge dans l'aventure des ouvriers agricoles envoyés pour défricher les plaines fertiles du Kirghizistan. À travers le récit à la première personne d'un jeune homme d'abord chargé de la corvée d'eau, puis de conduire la charrue, l'auteur exalte la beauté de la steppe, les idéaux des rêves de fécondité, d'une vie heureuse portés par ce projet.

La problématique éthique de la colonisation de ces terres ancestrales des nomades, fertiles et sauvages, est abordée par la confrontation entre le narrateur, exalté, poète et érudit, et un des ouvriers agricoles, rustre, âpre au travail, brutal et prédateur. Tchinguiz Aïtmatov livre une profonde réflexion sur le rapport à la nature, aux humains qui ont vécu sur cette terre et ceux qui y construisent l'avenir. Un texte profondément marquant qui décrit aussi avec beaucoup de beauté le travail agricole.

L'immense talent de Tchinguiz Aïtmatov nous rend familier de ces destins humains si éloignés des nôtres dans le temps et dans l'espace, nous transporte dans l'immensité de l'horizon des steppes et le bruissement des plantes sauvages.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}