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Citations sur Jardins d'exil (106)

Jeanne est une des meilleures amies de ma sœur, qui a fait la même école de commerce qu’elle. Une grande blonde plantureuse aux yeux verts et à la peau translucide parée de multiples grains de beauté et taches de rousseur. Pourtant issue d’un milieu modeste, elle avait réussi brillamment le concours d’entrée à l’ESSEC. Elle confirmait l’exception de la théorie de Bourdieu sur la reproduction sociale. Sa mère, une infirmière férue de mots croisés et de jeux télévisés, lui avait donné le goût des études et son père – mécanicien apathique et taiseux, dont le seul divertissement connu était de tromper son épouse – le besoin impérieux de séduire. Ainsi, avec les hommes et sans en être consciente, elle usait et abusait de ses charmes, portait des talons hauts malgré sa grande taille et n’hésitait pas à suggérer par différents moyens le galbe harmonieux de son buste
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Elle vit dans un immeuble signé place Lino-Ventura, tout en haut de la rue des Martyrs, dans le 9e, à deux pas du lycée Jacques-Decour. Il est entouré de bars et de restaurants branchés de la Petite Athénée, quartier devenu le fief des bobos chics, cette catégorie de personnes, qui sans assumer leurs hauts revenus souhaitent
malgré tout se différencier du peuple
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— Et toi alors ? Marié, des enfants ?
— En Russie, my friend, on se marie comme on va acheter du
pain, ou plutôt de la vodka, sur un coup de tête.
Il cita Montesquieu qui croyait à l’existence d’un lien entre climat et tempérament. Pour lui, la femme russe était comme le sol des steppes, froide pendant les longs mois d’hiver et brûlante durant les quelques semaines d’été qu’il ne fallait pas rater. Je ne connaissais pas cette théorie, mais interprétée de cette façon, elle me paraissait empreinte de misogynie et détournée de son sens premier.
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L’être humain et la terre sont comme les deux faces d’une même pièce, my friend ! Quand l’un gagne, l’autre perd ! Nous ne faisons que nourrir la terre de nos vies. Quand je voyais la steppe à perte de vue, enfant, je savais que c’était moi que je regardais à travers elle et que si je lui donnais ce qu’elle voulait, elle me laisserait tranquille. Ma tante a souffert toute sa vie dans sa chair, parce qu’elle n’a jamais su pardonner à son mari. Fondu de nouveau dans la steppe, il nous observait, je le sais, et il ne pouvait
pas trouver la paix sans le pardon de sa femme.
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La langue, c’est le divin à la portée des bipèdes. Plus on la cherche avec sa tête, plus elle nous échappe. Plus on la vit avec son corps, plus elle s’enrichit.
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Beaucoup de femmes et d'enfants déambulent dans le service d'hématologie de l'institut du cancer. Le contact médical avec les vivants continue de me fasciner. Cette capacité admirable de pouvoir modifier de destin d'être dont le sang coule encore chaud et oxygéné.

Ce fourmillement et cette effervescence m'évoque davantage une usine qu’un lieu de soins
Ni le bruit permanent, ni les volumes contraints, ni la lumière électrique n'invitent au repos. Nous sommes dans un décor d'impatience, de temps compté, de combat contre la fatalité du sort. L'inquiétude est palpable. L'annonce est un moment étrange où d'un coup notre monde si patiemment construit s'écroule comme un château de sable.

Ce monde avec ses règles précises, incontournables, ses codes, ses principes. L'injonction quotidienne et minutée de chaque pensée, de chaque action pour nous donner l'illusion de maîtriser notre vie, de ne pas trahir la confiance accordée, de faire honneur au contrat social.

Dès notre plus jeune âge, on nous répète le fameux : « dit merci à la dame », jusqu'à créer un automatisme dans nos jeunes cortex. L’école et son long parcours. Le choix d'un métier, suffisamment aimé pour ne pas le quitter, pas tout de suite du moins, pas après tous les efforts fournis. Plus tard, consommateur malgré soi, s'attarder dans les interminables couloirs d'un centre commercial sans savoir quoi prendre, passer des heures dans des bouchons sans fin, et tant d'autres tâches futiles, d'une subsistance opaque, excessive, absurde.

Mais quand le drame surgit, la mer se retire, les nuages se dissipent, les murs s'effondrent. Ce monde rigide laisse derrière lui le goût amer d'un mensonge orchestré par nos semblables. Une vaste étendue vierge et sauvage émerge. La vie se montre à nous en son plus simple appareil. Memento Mori : « aie à l'esprit que tu meurs », phrase que les moines trappistes répétaient à diverses heures de la journée pour se saluer. N'est-elle pas la marque d'une authentique politesse, une courtoisie d'âme à âme et alors oui, oubliez qui on est, voilà la vraie trahison.
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Beaucoup pensent qu'à un certain âge la passion ne peut plus nous atteindre, qu'on en est guéri. On s'imagine qu'un soupçon de tendresse agrémenté d'un ou plusieurs coïts suffira à nous sustenter. C'est faux, m'avoue Sacha. La passion peut renaître de ses cendres et vous dévorer à tut instant. elle vous sort de votre routine, de votre zone de confort, vous déstabilise. Jeune, vous pouvez au moins espérer que le temps efface la douleur. Plus vieux, on ne peut s'empêcher de penser que ce plaisir intense, sauvage sera peut-être le dernier. Alors quand la relation se termine contre son gré, on se retrouve plus bas que terre.
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Rencontrer un archéologue ici, c’était comme trouver un ecclésiastique dans un bistrot de Trastevere à Rome, un samouraï dans un jardin de Kyoto, un marabout dans une boîte de nuit de Dakar ou une danseuse de cabaret dans un bar de la rue Mouffetard. Le destin me jouait un tour que j’aurais eu tort de refuser.
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Contrairement à ce que je pensais, l’aéroport Ben Gourion, n’était qu’une étape de mon pèlerinage vers la ville sainte. J’ai dû traverser des collines saturées de nouvelles constructions, longer de larges avenues rectilignes bordées d’édifices cubiques d’une laideur contemporaine pour découvrir enfin, au détour d’un rond-point, la pierre de taille massive et éclatante dans la rougeur du soir, qui entourait la cité multimillénaire comme une bague dorée l’annulaire.
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En tant que frère et soeur, issus du même moule, nos deux destins sont scellés, il ne peut pas en être autrement ! Que l'on vive à deux mètres l'un de l'autre ou chacun à un bout de l'univers, nos chemins, même opposés, doivent tracer des sillons ininterrompus et continus.
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