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Citations sur Jardins d'exil (106)

Voilà donc mon erreur : penser que le secret de l’intrication, ce langage intime des particules, s’éluciderait dans les laboratoires alors que la physique quantique nous précise que le phénomène ne dépend ni du temps (réversibilité) ni de l’espace (non-localité). Or, tous nos instruments actuels sont inexorablement liés au temps et à l’espace. Au mieux, grâce à eux, il serait possible de montrer l’indépendance des phénomènes quantiques à l’espace-temps comme dans les expériences d’Alain Aspect, mais aller au-delà du constat, comprendre le langage de l’intrication, le décoder demanderait sans aucun doute des méthodes révolutionnaires, paradigmatiques, pour atteindre cet espace où l’espace n’existe plus, ce temps qui ne se compte plus. La physique quantique, cette porte entrouverte par la science continuera donc d’alimenter bien des fantasmes et d’inspirer bon nombre de charlatans.
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Le lien morbide entre ma sœur et Aemilia, qui m’a tant troublé au point d’émettre une hypothèse extravagante – la généralisation de la théorie quantique au corps humain – se transforme à présent en une dépendance plus mystérieuse, moins évidente. Si jamais nos lointains descendants découvrent – comme j’ai eu l’audace de penser – une transposition réaliste du phénomène d’intrication quantique à nos vies et à nos corps, il est fort à parier qu’elle ne se limitera pas à la comparaison triviale d’une série d’évènements – historiographie morne et superficielle. Au même titre que deux particules intriquées sautent chacune librement d’un niveau d’énergie à un autre (notion de quantum d’énergie), deux êtres se lieraient psychiquement sans nécessairement suivre la même ligne de vie.
Autrement dit, les affinités psychologiques de Laura et d’Aemilia, leurs blessures secrètes – une grande sensibilité, une soif de vivre et d’apprendre jusqu’à s’oublier soi-même, un sens aigu de la justice, un esprit perfectionniste – les uniraient bien plus que d’autres points en commun, plus évidents mais moins profonds, plus contextuels : leur maladie, leur longue chevelure noire, leur goût pour le dessin, leur féminisme.
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Sans le vouloir, j’ai abordé l’épineuse question de l’identité en lui rappelant que le jazz était une musique de l’exil. Est-ce un chemin obligé qu’on finit par rejoindre malgré nous ? La nier nous amène à la subir comme si elle-même, plutôt que d’être figée tel un trophée dans une armoire ou une photo compromettante dans un coffre scellé, se mouvait, ballerine infatigable des mythes et des groupes humains, anticipant le moindre de nos gestes et pensées, pour nous prendre à contre-pied et nous montrer que la réalité est toujours plus complexe que les quelques mots qu’on utilise pour l’appréhender. Mais Azadeh, sans s’étonner de ce rapprochement entre son histoire personnelle et une musique créée par les descendants d’anciens esclaves venus d’Afrique, ne se formalisa pas.
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— Le rite de l’ouverture de la porte du Saint-Sépulcre, là, juste à cinquante mètres d’ici, tu connais ? 
— Oui, depuis hier, grâce à mon guide, répondis-je en lui montrant la couverture : une photo pleine page de la mosquée d’Omar et son toit doré dans la lumière du soir.
— Ah, ces guides, si tu savais le nombre de conneries qu’on écrit dedans ! Dans ton guide, j’imagine qu’on parle d’une vieille tradition interreligieuse pour ouvrir la porte ?
— Oui, ça me dit quelque chose !
— Deux vieilles familles musulmanes détiennent les clés. Mais est-ce que ton guide en précise la raison ?
— Non, ils le citent simplement comme un exemple de paix entre communautés.
— Voilà, j’en étais sûr !
Sacha détestait cette mauvaise littérature qui édulcorait le passé pour ne pas faire de vague.
— La vraie raison, c’est que ces imbéciles de chrétiens n’ont pas réussi à se mettre d’accord entre eux.
Ce rite était né d’une discorde et non pas d’une entente. Par la suite, les chrétiens finirent par confier les clés aux musulmans, qui étaient neutres.
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Selon Sacha, l’Occident n’a rien compris. Cette révolution s’éteindra comme elle a débuté, dans l’ignorance totale. On remplacera la momie téléguidée par une autre, un peu mieux faite que la précédente, et tout le monde vivra comme avant dans la corruption, la dévotion plus ou moins violente et la peur. Il évoque aussi le pillage du musée du Caire, survenu trois jours auparavant.
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Le monde semblait tour à tour ennuyeux, injuste, fastidieux, compliqué, révoltant, insipide, léger ou pesant, mais globalement il restait abordable, souvent laid, quelquefois d’une rare beauté, inquiétant mais toujours plus ou moins intelligible, probable, d’une logique qu’on aurait aimé changer, certes, mais qu’on acceptait bon gré mal gré.
Mais que dire d’un monde qui vous plonge dans le plus odieux des cauchemars ? On le rejette, on le fustige, on a honte d’en faire partie, d’avoir consenti à y jouer un rôle, même mineur, même anecdotique. On a honte des efforts réalisés pour paraître crédible, pour rester digne. Pire encore, on s’en veut de ne pas s’être résigné, de ne pas avoir succombé au cynisme le plus abject peut-être, mais le plus délectable, le plus vrai, le plus égotiste. Au fond… le plus réaliste ?
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«  De même que dans l’amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne Jamais oublier , de même j’ai eu l’illusion devant Hiroshima que jamais je n’oublierai .
MARGUERITE DURAS .
HIROSHIMA , mon amour .
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«  Au fur et à mesure que je retrouve mes esprits , ces multiples rêves enchevêtrés, intriqués et parfois même simultanés , dont je conserve pourtant une impression vivace , finissent par s’envoler .

Il ne me reste plus que cette image sordide à l’esprit : ma sœur Laura qui se bat dans les flammes !
Elle semble se confondre un instant avec l’actualité et m’évoque la photo du marchand tunisien Mohamed Bouazizi , Flou , l’arrière - plan se fige en mer grise de l’indifférence, cette mer du milieu des terres , la mer Méditerranée qui nous unit autant qu’elle nous sépare. »
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Je la laisse sereine, dans la solitude peuplée de l’art.
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Ô rose vacillante sous le vent des plaines
quand seras-tu mienne,
quand jaillira des puits et des fontaines
l’eau ruisselante de notre étreinte ?
De tout amour, ne nous reste que la braise écarlate
qui chauffe encore la lame de nos épées
pour verser le sang rouge comme tes joues
sur ton visage de jacinthe.
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