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Critique de Radiophogeek


Déposée encore bébé par la police et une employée des services sociaux dans les bras de sa grand-mère maternelle par une nuit glaçante, Angelika est la rescapée d'un tragique accident qui coûta la vie à sa mère, une danseuse alcoolique et dévergondée qui avait quitté le giron familial depuis deux ans déjà. La vieille Malicia devient dès lors la seule famille restante pour ce petit ange, et tâchera de l'élever de son mieux dans la tradition Tzigane dont est issue sa lignée.


Les années passent, et Angelika est maintenant une jeune fille de neuf ans, chère à sa grand-mère et connaissant les bois environnants comme sa poche. Mais Malicia lui dissimule un terrible secret... elle a fait enquêter sur la mort de sa fille, et a fini par découvrir que ça n'avait rien d'un accident, bien au contraire. Les responsables de ce meurtre déguisé sont d'ailleurs en chemin à l'instant même pour supprimer Malicia également, ainsi que toute trace de ses proches. La grand-mère résignée parvient à faire sortir sa petite-fille dans les bois et lui interdit de revenir avant la tombée de la nuit, pensant lui obtenir ainsi plusieurs heures d'avance et de répit.


Les hommes s'en viennent, assassinent Malicia d'une façon brutale et sauvage, et lâchent des chiens aux trousses d'Angelika dans la forêt, qui ne doit alors sa survie qu'à l'intervention de son loup fétiche avec lequel elle a grandi et au fruit du hasard. Recueillie plusieurs jours plus tard, anémiée et gravement affaiblie, la petite est transportée d'urgence dans un centre hospitalier pour y recouvrer des forces, avant d'entrer dans le cercle infernal des placements en famille d'accueil et toutes les maltraitances que l'on peut y imaginer, jusqu'à ses dix-huit ans.


A ce moment, Angelika est devenue une jeune femme pleine de colère et de chagrin, cachant ses émotions sous une attitude rebelle et provocatrice. Contactée dès sa sortie du refuge pour jeunes désoeuvrés, elle se rend chez un avocat qui connaissait très bien sa grand-mère et lui remet quelques documents lui ayant appartenu et qui retracent toutes les étapes de l'enquête qu'elle menait contre le réseau responsable de la mort de sa fille, la mère d'Angelika. L'amnésie dont souffrait la pauvre enfant jusque là s'efface alors, lui révélant tous les détails de son sordide passé depuis cette nuit fatidique dans la forêt, et tout ce qu'elle a du faire pour y survivre.


Dès lors, Angelika disparaît totalement des radars, préparant dans le plus grand secret sa vengeance si longtemps désirée. Trois ans plus tard, une femme à la beauté ravageuse et au charme indécent fait sa place au sein d'une suite d'escort-girls qui accompagnent les déplacements de très influents hommes d'affaires de la Belle Province, chargées d'accomplir et d'assouvir le moindre de leurs désirs et fantasmes. Cette femme est aisément reconnaissable par la longue cape rouge qu'elle arbore en permanence, un détail parmi d'autres dans sa tenue savamment étudiée pour un effet ravageur chez la gente masculine. Simplement connue sous le nom de la Louve, la fille de compagnie semble prendre son mal en patience, attendant le moment propice pour abattre ses cartes et semer la mort et l'horreur dans son sillage.


Le sergent Olivier enquête depuis des années sur un atroce réseau de pédopornographie et autres immondes supplices du même genre, sans toutefois parvenir à glaner des preuves solides pour mettre la main sur les dirigeants supposés de cette organisation aux méthodes inhumaines, malgré quelques indics bien placés à l'intérieur. Sa meilleure chance sera lors d'un petit séminaire réunissant tout ce beau monde dans une propriété isolée, dans lequel il a pu se faire engager incognito comme agent de sécurité privé. Mais alors qu'il commence doucement à enquêter sur place, les cadavres se mettent à pleuvoir et les allers et venues d'une escort-girl en particulier finissent par lourdement attirer son attention. Il ne lui faut pas bien longtemps pour faire le rapprochement avec cette autre affaire, une jeune femme de dix-huit ans disparue subitement des années plus tôt alors que le chef du cartel semblait s'intéresser de très près à ses agissements.


Olivier sait qu'il vient de mettre les pieds de plein fouet dans une sombre histoire de vengeance, dans laquelle tous les coups ou presque sont permis et où les cibles clairement identifiées auront très peu de chances de s'en sortir indemnes. Dans ce sinistre jeu du chat et des souris, ou plutôt du loup et des agneaux, il ne fait vraiment pas bon être du mauvais côté de la Justice, pas celle des hommes, mais celle réclamée par les esprits courroucés de trop nombreuses victimes sacrifiées sur l'autel de la fortune facile... Oui, les hommes vont payer en ces quelques jours impitoyables. Oui, une série de crimes odieux sera perpétrée pour venger d'autres crimes plus anciens, plus nombreux encore. A Olivier de décider de quel camp il souhaite rejoindre, en son âme et conscience, parce que les cibles, elles, n'auront pas cette chance...


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C'est je crois le second Conte Interdit que je lis qui soit écrit par une femme, et ça change pas mal de choses je trouve, à commencer par le style qui est plus posé, moins outrancièrement vulgaire, moins gratuit aussi et surtout malgré quelques scènes très osées qui peuvent choquer un public sensible. J'ai eu un peu de mal à croire que c'était écrit par une Québecoise, car il n'y avait pas ce vocabulaire propre à la Belle Province, ce mélange d'anglais et de français et ces termes religieux utilisés comme insultes ou jurons, ici les gros mots sont bien français de souche, et étrangement c'est assez dépaysant.


Le Petit Chaperon rouge a été, de ce que j'ai retenu de la préface, rédigé en deux mois à peine pour répondre à la demande du collectif des auteurs participants aux Contes Interdits chez ADA, par Sonia Alain une femme de lettres spécialisée durant une partie de sa vie dans le milieu éducatif et la gestion de l'enfance. On ressent une certaine passion à travers les pages et les scènes qu'elle décrit, une envie de rendre justice pour tous ces crimes bien trop réels dont nos quotidiens nous abreuvent jusqu'à la lie, nous rendant parfois par trop insensibles au malheur de ces pauvres victimes qui n'ont rien demandé. L'intervention d'une bonne dose de surnaturel, à travers les us et coutumes Tziganes souvent évoqués, nous permet de trouver un exutoire assez simple qui défoule bien c'est vrai et apporte sa pierre à l'édifice tout en laissant les personnages principaux mener leurs actions dans le monde tangible.


Le fait que ce roman ait été écrit en deux mois se ressent aussi, malheureusement, dans quelques fautes et erreurs de style que l'on observera ici et là, comme la répétition du terme ''inusité'' par exemple de chapitre en chapitre, ou encore quelques erreurs de frappe qui n'entament pas la qualité du récit mais auraient pu être évitées avec une solide relecture avant ou après impression. On sent une certaine précipitation à l'oeuvre, il fallait sans doute que ce soit bouclé rapidement, mais l'attention et l'application portées aux détails réellement importants du récit et de son intrigue sont bien présentes et nous rassurent quant à la qualité de cette histoire.


Ça fait du bien je dois dire également d'avoir, pour une fois, un personnage féminin assez fort et solide pour encaisser tout ce qui lui arrive et faire payer au centuple les enfoirés responsables de son tourment. Les scènes où se déroulent des sévices sexuels sont rapidement transformées de sorte que la femme prédatrice en tire pleine satisfaction et que les bourreaux d'hier deviennent les victimes impuissantes d'aujourd'hui, avec la pleine approbation du lectorat. Vus les précédents Contes Interdits que j'ai pu me mettre sous la dent, j'avais assez peur que cette relecture du Petit Chaperon rouge ne tombe encore une fois bien trop gratuitement dans le voyeurisme, mais c'est tout l'inverse au final et ce n'est pas plus mal !
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