Si l'on fait abstraction de ce qui m'a semblé être quelques erreurs ou maladresses de traduction, et d'un vocabulaire pas toujours utilisé à bonne escient ("abhorrer la coriandre" ou encore "manger une pastèque vivifiante" - là encore, un loupé au niveau de la traduction peut-être ?); j'ai passé un très bon moment de lecture.
Le rythme est lent, et l'on peut parfois avoir l'impression "qu'il ne se passe rien"; mais ce livre m'a véritablement tenu en haleine du début à la fin.
Le récit s'ouvre sur une situation plutôt sympathique (une jolie petite famille new-yorkaise qui a décidé de prendre le vert à la campagne), puis passe d'une étape (surprenante / atypique) à une autre (toute aussi atypique, voire anormale); conduisant indéniablement, inévitablement et irrémédiablement vers le point de bascule qui fera que rien ne sera plus jamais comme avant.
Le passage d'une strate à une autre est clairement identifiable.
En 1 phrase, l'atmosphère change totalement, et à partir de ce point de basculement l'auteur n'aura de cesse de faire monter la tension de manière très habile, jusqu'à la dernière ligne de son livre.
Le stress s'installe.
On sait qu'une chose s'est passé, sans que l'on sache quoi : accident nucléaire, bombe, conflit mondial...?
Le lecteur ne connaîtra jamais le fin mot de l'histoire ce qui a ,semble-t-il, gêné de nombreux babélionautes.
Personnellement, cela ne m'a pas dérangé car finalement, peut importe la nature de l'évènement en question. En effet, ce qui importe c'est le questionnement de chaque protagoniste sur l'individu qu'il doit être, ou qu'il peut parvenir à être, face à l'adversité : quelles décisions prendre ? Comment protéger les siens ?
Car, comme l'écrit très justement
Rumaan Alam (page 234) :"l'unique tâche d'un parent est de protéger son enfant".
A partir de là, chaque personnage entre dans une profonde introspection sur "ce que c'est que d'être humain" : humain en société, vis-à-vis des autres, mais également (et surtout) humain sur une terre qui reprendra ses droits face à nos modes de vie et de consommation.
Ce qui arrive est-il une punition divine ???
La foi est une thématique qui revient de manière récurrente et amène le lecteur à se questionner sur ses croyances.
Au final, un constat s'impose : la famille est ce qu'il y a de plus important. La famille, c'est ce qu'il reste lorsque tout s'effondre. La famille, c'est ce qu'il faut protéger, préserver avant tout le reste.
Même si beaucoup de lecteurs qualifient cet ouvrage de récit apocalyptique, pour ma part, je ne trouve pas que la fin soit si horrible que ça : l'image du noyau de nectarine jeté au sol par Rose, l'adolescente qui espère que "dans quelques années, il (le noyau) donnerait naissance à un arbre" (page 293) laisse percevoir, me semble-t-il, une lueur d'espoir.
Donc, je choisis de me dire que la famille créée par
Rumaan Alam s'en sortira,
et je termine ma critique en vous disant que je vous recommande ++++ cette haletante lecture 😉