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Critique de irisrivaldi


Le coeur a ses raisons que la raison ignore

Dans la matinée du 17 juin 2013, Louise Andrieu est retrouvée morte à son domicile. Quels secrets dissimule le décès de celle qui, il y a quelques minutes à peine, arborait l'allure discrète d'une vieille dame coquette ?
Ce roman va répondre à cette question en reconstituant le parcours de vie de cette septuagénaire depuis sa rencontre avec son mari, dans les années 60, lors de la fête de la Saint-Jean, jusqu'à ce funeste matin de printemps.

Quand elle se marie, en 1963, au tout début de la vingtaine, Louise est une jeune femme au coeur simple et à l'âme pure. Dans sa candeur juvénile, elle n'a pas son pareil pour cueillir le bonheur de l'instant dans les petits riens de l'existence. Quand René lui demande de devenir sa femme, elle entrevoit la vie à ses côtés comme la promesse d'un bonheur sans nuages. Même si, à cette époque, un vent de liberté souffle sur un monde en pleine mutation et qu'Yves Saint Laurent emploie son talent à « donner le pouvoir aux femmes » – en tout cas côté chiffons – la société ne réserve pas le meilleur rôle au deuxième sexe… Sur le front de la libération des moeurs, René saura, quant à lui, tirer le meilleur parti des circonstances… Séducteur sûr de son charme, le bourreau des coeurs multipliera les liaisons extraconjugales tandis que Louise, non seulement muette, fermera aussi les yeux sur les écarts de conduite de son conjoint.
Lentement le monde change mais certains schémas perdurent. de l'extérieur, René se présente comme le parangon du bon père de famille, de surcroît honnête travailleur. Même s'il est le Mal incarné, les apparences sont toujours de son côté.

Ce récit poignant qui traverse plusieurs décennies décrypte les méandres d'une passion paroxystique ayant emprisonné une femme amoureuse de son mari, lequel, très vite, n'éprouve plus rien pour elle.
L'amour ne se résume pas à une rencontre riche en présages à l'aube du solstice d'été, il est ce qu'on en fait chaque jour. Au fil des pages qui se tournent toutes seules, on comprend que si Louise a dit oui à René pour le meilleur et pour le pire ; dans son rôle d'époux, ce dernier honorera la seconde partie de l'adage sans faillir. René, mirage de prince charmant mais authentique monstre de cynisme et d'égoïsme, a trouvé sa moitié, cette femme qui ne dit rien même si elle est bafouée et qui, jusqu'à son dernier souffle, fera preuve d'une abnégation effarante.

Dans la construction de l'intrigue, l'auteur capte à merveille l'air du temps en faisant coïncider l'actualité, en France et dans le reste du monde, avec les chapitres de toutes ces années qui s'égrènent dans les silences de Louise.
Avec des mots sobres et percutants, cette histoire autopsie un amour non partagé qu'on peut sans exagération qualifier de fou ; car René, ce mari en désamour, est incapable de rendre à Louise une once des sentiments qu'elle lui manifeste avec dédition. Il ne va pas seulement se montrer indifférent envers elle mais il n'exprimera en retour que mépris et cruauté.
Pour s'évader de la forteresse invisible et silencieuse qu'elle a, en un sens, construite de ses propres mains et qui sert de théâtre à son enfer domestique, Louise bâtit un monde rien qu'à elle, un univers parallèle où elle vide l'abcès de ses blessures. Ainsi, les rimes de ses poèmes qui ponctuent ce livre font écho à sa souffrance comme la voix d'une femme que personne ne pouvait entendre et dont le seul crime a été d'aimer à la folie.
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