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Critique de Autobiosphere


La collection « Traits et portraits », dirigée par Colette Fellous, n'est pas avare en merveilles et le livre de Laura Alcoba, Les Rives de la mer douce, le prouve une fois de plus. Ce sont les mots, les premiers héros de ce livre : ceux que l'écrivain Hector Bianciotti, compatriote de l'autrice, a perdus suite à une maladie de la mémoire ; ceux qu'il a écrits, posés dans ses livres sur un douloureux souvenir enfantin, accompagné du « désarroi de nommer en ignorant et d'éprouver la sensation panique d'être, faute de mots, prisonnier en [s]oi-même ». On pense d'abord que cette citation reflète l'envie de décrire un rapport au langage, celui d'une traductrice et écrivaine argentine arrivée en France à l'âge de dix ans ; d'une locutrice qui a dû acquérir une langue étrangère, apprendre à la manier et à la chérir. Et on est d'autant plus enclin à le penser que le livre médite ensuite sur les paysages de plaine et le Río de la Plata, des souvenirs qu'Alcoba et Bianciotti ont en commun et qui « parlent à [l]a mémoire »; s'enchevêtrant à ceux de l'Aven, en Bretagne, lieu où vit maintenant celle qui a rédigé ce récit.

C'est l'eau qui fait le lien, mer, fleuve, rivière et mascaret. Les pages superbes, qui racontent comment l'eau douce des fleuves recouvre celle de la mer, dans l'estuaire du Río de la Plata (qu'on surnomme « La mer Douce »), ne sont pourtant que le prélude à une autre histoire : celle qui fait que Laura Alcoba n'a pu revenir dans son pays natal que douze ans après son départ d'Argentine. Eaux mêlées, celles du Parana « couleur de lion » qui recouvre la salinité de l'Atlantique ; mais aussi métaphore des couches d'oubli qui ont enfoui loin au-dessous du verbe les eaux de l'enfance, rendues amères et muettes par l'Histoire. Et ce n'est pas par hasard qu'on évoque, au fil d'un récit ancien, un Espagnol épargné par les Indiens qui l'ont recueilli, qu'apparaît un homme qui a perdu sa langue quand il est retrouvé par les siens dix ans plus tard.

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