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Critique de ibidou


De nombreux auteurs donnent la part belle aux femmes depuis quelques temps, surtout dans les romans fantastiques, dystopiques ou encore dans la science-fiction. Ici, Naomi Alderman leur donne littéralement LE pouvoir. On découvre peu à peu que les jeunes filles « produisent » de l'électricité grâce à une déformation génétique, qu'elles peuvent tuer par un simple contact et, bien évidemment, cela va changer le monde…

Mon avis concernant le Pouvoir est assez partagé. J'ai trouvé l'histoire très prenante. Enfin.. Fascinante serait un adjectif plus adéquat. En effet, si le roman est très intéressant, on ne peut pas dire qu'il est particulièrement haletant. J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, je ne voyais pas où l'auteure allait avec tout ça. Il s'agit d'un roman polyphonique et j'ai trouvé l'ensemble un peu confus, surtout au niveau des cent premières pages. Il y a beaucoup de personnages et Naomi Alderman nous perd rapidement. En tout cas, elle m'a perdu rapidement. Cela dit, au bout d'un certain temps ça se débloque et la lecture est plus fluide, plus agréable. Malheureusement, si le roman est plus plaisant à lire, il n'en est pas plus dynamique. Il y a beaucoup de longueurs. Je pense que c'est ce que je lui reproche le plus. Pourtant les rebondissements ne manquent pas ! Je crois que c'est l'écriture de l'auteure qui pose problème. Elle ne fait pas suffisamment ressortir les choses, on ne distingue pas ce qui est déterminant à l'évolution du roman du reste, on ne ressent pas les émotions. C'est trop lisse. Par ailleurs, la construction du roman me laisse un peu sceptique, toujours maintenant. Il est divisé en plusieurs parties qui forment une sorte de décompte (« plus que.. Huit ans/Cinq ans/Six mois » – par exemple). J'attendais donc quelque chose de phénoménal. Un truc qui allait tout bouleverser, tout changer. Et en fait non. C'est plat de bout en bout. Petite déception de ce côté là. Surtout que la fin arrive comme un cheveu sur la soupe au moment où on s'attend à quelque chose de dingue, et l'ensemble apparaît donc comme bâclé.

Bien qu'elle m'ait perdue au début, je trouve que Naomi Alderman a fait le bon choix en écrivant son histoire du point de vue de plusieurs personnages. La polyphonie permet de voir les choses de plusieurs manières et d'explorer différents types (d'abus) de pouvoir. On nous plonge donc dans le quotidien de plusieurs femmes et d'un homme. Avec Allie nous explorons l'aspect religieux, avec Margot l'aspect politique, avec Roxy nous explorons le monde de la drogue et de l'illégalité. Tunde, journaliste de sexe masculin, est celui qui nous permettra de découvrir l'évolution de la situation dans le monde. Il documente la manière dont les femmes prennent progressivement le pouvoir. Dans l'ensemble, j'ai trouvé les personnages bien construits. On arrive assez rapidement à les cerner, à mieux comprendre les choix qu'ils effectuent tout au long du roman. J'admets avoir eu un peu de mal à suivre Allie/Mère Ève, dont le délire part quand même très très loin. J'ai détesté Margot, je l'ai trouvé calculatrice et égoïste. Par contre, je me suis très rapidement attachée à Tunde et à Roxy. Ce sont les deux personnages que j'ai pris le plus de plaisir à suivre tout au long de ce roman. Ils ont une évolution vraiment intéressante et, à mes yeux, c'est de leur côté que l'on trouve le plus de rebondissements.

Il serait peut-être temps de parler de l'histoire en elle-même. On a déjà conclu que l'écriture de l'auteure la rendait terne, mais ça ne la rend pas moins intéressante. Originale également. On voit progressivement les femmes prendre le pouvoir, se libérer de la patriarchie, établir de nouvelles règles, réinterpréter la religion puis instaurer la peur, la crainte, la méfiance. Après avoir été oppressées pendant des années, des siècles, les femmes deviennent l'oppresseur. Il y a de nombreux passages qui sont violents, d'une violence effarante (des sacrifices, des viols, de la torture, etc). On ne peut s'empêcher de penser à ce que nous ferions si une telle situation/opportunité (?) se présentait réellement à nous. le roman a été qualifié de roman « féministe ». Mais reprendre tous les torts masculins, les amplifier, est-ce vraiment du féminisme ? Juste parce que les femmes sont au pouvoir ne veut pas dire qu'elles font les choses bien. Cela dit, il faudrait peut-être mettre l'ouvrage dans les mains de certains hommes, pour leur montrer que certaines injustices peuvent avoir des conséquences désastreuses au moment où la tendance s'inverse. Dans ce roman, finalement, Naomi Alderman nous parle surtout de vengeance. Les femmes font payer aux hommes tout ce qu'elles ont subi au fil des années (que ça aille de la simple déambulation dans la rue une fois la nuit tombée à l'esclavagisme sexuel). Finalement, l'auteure met surtout en lumière le fait que pour avancer, pour que tout aille bien dans le meilleur des mondes, les hommes et les femmes doivent être sur un pied d'égalité, travailler ensemble main dans la main. A partir du moment où il y a un sexe fort et un sexe faible, rien ne va plus.

En résumé.. malgré une écriture décevante, l'auteure délivre un message intéressant qui pousse à la réflexion. le livre m'a clairement laissé sur ma faim et j'en suis ressortie déçue mais je pense qu'il vaut la peine d'être lu car il amène des questionnements importants.
Lien : https://ibidouu.wordpress.co..
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