Citations sur Ne la quitte pas du regard (77)
Elle baissa les yeux à son tour, et je décelai alors ce que je n’avais jamais pensé voir chez elle : de l’amour maternel. Malgré la fatigue, malgré sa grossesse difficile, on voyait qu’elle avait le désir d’être une bonne mère.
.....quand j'aperçois la boulangerie Kitty's Kitchen, dont la gérante est une ancienne camarade de classe.
Je réalise alors que je ne l'ai pas vue depuis une éternité. Elle me manque beaucoup. Inséparables durant toute notre adolescence, nous ne pensions pas nous éloigner un jour l'une de l'autre. Contrairement à ceux qui pensent que Facebook permet aux gens de rester en contact, je considère que ce n'est qu'une illusion, entretenue par le fait que le réseau nous donne un aperçu furtif de la vie des autres.
En réalité, ce n'est pas d'une mère dont a besoin un bébé. Une fois mis au monde, tout ce qu'il lui faut, c'est quelqu'un qui subvienne à ses moindres besoins. Quelqu'un qui le nourrisse, qui le change, qui lui tapote délicatement le dos après le biberon pour lui faire faire son rot. Quelqu'un qui lui donne le bain, l'habille, le berce tout doucement pour le faire s'endormir.
D'autres pouvaient très bien s'en charger.
Comme moi.
Aimer.
Aimer à en avoir le coeur qui déborde.
C'était terrifiant comme expérience.
Je me sentais tellement vulnérable.
Dire "je t'aime", aimer pour de vrai, sentir que c'est la chose la plus intense qui vous soit donnée de vivre, c'est aussi s'abandonner. Se rendre vulnérable.
Je t'aime. La phrase la plus simple du monde. Combien de fois l'ai-je dite au cours de ma vie ? À mes parents. À mes grands-parents. À mes amants. Au petit corps froid et silencieux du bébé reposant dans mes bras.
Je me demande combien de fois j'ai prononcé ces mots en les pensant. En les pensant pour de vrai. Combien de fois les ai-je dits en pesant chacun d'entre eux, en ayant l'impression que les dire ne suffisait pas car ils ne parviendraient pas à décrire mon sentiment profond ? Je les avais si souvent prononcés machinalement. Sans y songer.
— Je te l’ai déjà dit, maman, il n’y a rien de particulier. C’est juste que Martin s’est absenté pour le travail, et la naissance du bébé approche, et tout et tout…
— Tu es sûre qu’il n’y a rien d’autre ?
Je fais oui de la tête. Décidément, il est facile de mentir ou de ne pas dire toute la vérité. Beaucoup trop facile.
Moi, j’avais accueilli avec joie tous les symptômes de ma grossesse, sans exception. Les nausées. Les seins douloureux et gonflés. Les saignements de gencives. Les chevilles gonflées. Le mal de dos. Et même les reflux gastriques. Ils étaient la preuve qu’en moi se produisait un miracle. J’allais mettre au monde une vie nouvelle, une âme de plus sur cette terre.
Il faut parfois s'en inventer une soi-même, de fin heureuse. Quitte à forcer le destin par des moyens détournés.
Pour moi, "je t'aime" voulait aussi dire "je te vois tel que tu es vraiment". Et j'aime ce que je vois. J'aime passer du temps avec toi. Tu me rends heureuse. Je veux que tu partages ma vie.
Une mère ne peut se contenter de manger, ou de faire ce qui lui fait plaisir, sans prendre en compte le petit être qui croît dans son ventre.
Chaque bébé mérite le meilleur départ dans la vie.