>
Critique de julianletutour
Un court été agréable en eaux troubles
Un été, le deuxième roman de Vincent Almendros, est un thriller haletant et hâlé, écrit avec soin et sobriété.
Dans ce roman publié en janvier 2015 chez Minuit et réédité cet hiver en poche, nous sommes sur une croisière estivale intime, sur un petit voilier en Méditerranée. L'épigraphe, citation du vers de Valéry «Le vent se lève, il faut tenter de vivre.» est ici tronquée, défaite de ses points de suspension et d'exclamation, comme si l'auteur s'apprêtait à décrire un cimetière marin avec retenue, dans l'acceptation inerte de la vie ou de la mort. Néanmoins il annonce une couleur, une touche presque inconscientes d'été, et en effet l'écrivain parvient à peindre des impressions qui serviront de décor à son roman.
Quatre protagonistes se rejoignent à Naples pour les vacances. Pierre, le narrateur, est accompagné de Lone, une étudiante suédoise. Ils sont invités sur le bateau de son frère, Jean, avec Jeanne, son actuelle compagne. Assez vite, l'on comprend que cette dernière a un passé commun avec le narrateur. La tension, semblable à la chaleur lourde sous le soleil ou dans la cabine, de plus en plus sexuelle, éclatera dans un acte inéluctable, avant de revenir sous une autre forme, comme une tension de la culpabilité, jusqu'à la dernière page et son dénouement.
Les dialogues sont épurés. le discours indirect libre et tantôt direct, parait naturel : «Elle s'excusa de s'avoir endormie. T'être, rectifia Jeanne. T'être endormie.» (p. 19). Cependant, quelques tautologies ou lieux communs affaiblissent cette belle prose, peut-être trop simple : «L'air devenait de plus en plus marin» (p. 22) ; «Attends, lui dis-je. / Quoi ? / Non, rien.» (p. 51).
Vincent Almendros nous tient en haleine du début à la fin, mais dans un roman très court comme un simple épisode. Il est néanmoins préférable de lire un bon roman trop court qu'un vain pavé.
Julian le Tutour
Vincent Almendros, Un été, 2018, Les Éditions de Minuit, coll. « Double », 96 pp., 6,50€
Lien : http://julianletutour.com/po..
Un été, le deuxième roman de Vincent Almendros, est un thriller haletant et hâlé, écrit avec soin et sobriété.
Dans ce roman publié en janvier 2015 chez Minuit et réédité cet hiver en poche, nous sommes sur une croisière estivale intime, sur un petit voilier en Méditerranée. L'épigraphe, citation du vers de Valéry «Le vent se lève, il faut tenter de vivre.» est ici tronquée, défaite de ses points de suspension et d'exclamation, comme si l'auteur s'apprêtait à décrire un cimetière marin avec retenue, dans l'acceptation inerte de la vie ou de la mort. Néanmoins il annonce une couleur, une touche presque inconscientes d'été, et en effet l'écrivain parvient à peindre des impressions qui serviront de décor à son roman.
Quatre protagonistes se rejoignent à Naples pour les vacances. Pierre, le narrateur, est accompagné de Lone, une étudiante suédoise. Ils sont invités sur le bateau de son frère, Jean, avec Jeanne, son actuelle compagne. Assez vite, l'on comprend que cette dernière a un passé commun avec le narrateur. La tension, semblable à la chaleur lourde sous le soleil ou dans la cabine, de plus en plus sexuelle, éclatera dans un acte inéluctable, avant de revenir sous une autre forme, comme une tension de la culpabilité, jusqu'à la dernière page et son dénouement.
Les dialogues sont épurés. le discours indirect libre et tantôt direct, parait naturel : «Elle s'excusa de s'avoir endormie. T'être, rectifia Jeanne. T'être endormie.» (p. 19). Cependant, quelques tautologies ou lieux communs affaiblissent cette belle prose, peut-être trop simple : «L'air devenait de plus en plus marin» (p. 22) ; «Attends, lui dis-je. / Quoi ? / Non, rien.» (p. 51).
Vincent Almendros nous tient en haleine du début à la fin, mais dans un roman très court comme un simple épisode. Il est néanmoins préférable de lire un bon roman trop court qu'un vain pavé.
Julian le Tutour
Vincent Almendros, Un été, 2018, Les Éditions de Minuit, coll. « Double », 96 pp., 6,50€
Lien : http://julianletutour.com/po..
