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Critique de Cronos


J'ai toujours aimé les romans policiers mais depuis quelques années, je m'intéresse beaucoup plus aux réalités du terrain qu'aux romans. Flic c'est pas du cinoche m'avais beaucoup plu avec la pluralité de ses points de vues, d'âges, genres et carrières. Ici qu'une seule vision, toute aussi intéressante, et surtout avoir un retour actuel sur les coulisses des forces de l'ordre, qui plus est d'une femme, rend ce témoignage d'une qualité rare.
Son souhait était de faire comprendre aux lecteurs la diversité de son métier, pari réussi pour ce premier livre. Je n'ai jamais eu de parti pris pro ou anti police, je sais pertinemment qu'il y a de tout, des bons comme des mauvais et ce sont souvent de ces derniers dont on parle le plus, peu importe le métier.


« J'ai l'impression d'avoir vécu un film de guerre, je n'ai pas la sensation que c'était la réalité, comme si la vie s'était coupée ce matin à 10 heures et commençait petit à petit à reprendre son cours. Je suis épuisée, physiquement et mentalement. Je finis par trouver le sommeil vers 1 heure du matin, mais le réveil va sonner à 6 heures : et oui, je bosse dimanche »
(Page 16, elle y raconte sa journée du 1er décembre 2018)


Riche de cinq ans d'expérience, elle explique le changement qu'il y a eu dans sa profession suite aux attentats, passant de la protection des civils à celle de la protection du territoire. Police secours, une branche méconnue est pourtant la première à intervenir dans diverses situations, allant du tapage nocturne aux violences conjugale en passant par la découverte de cadavre, ou être détachée avec la Bac pour faire du maintien de l'ordre lors de manifs, tout y passe. On lui demande d'être prête pour faire face à ses situations très jeune, même si elle semble avoir eu une bonne formation, j'ai senti un manque d'encadrement après l'école de police et de formations complémentaires. Pour avoir zieuté sur des forums de gardien de la paix, je savais qu'il n'est pas rare pour eux de devoir payer pour réparer voitures ou matériels de fonction, son témoignage me le confirme une fois de plus.


« le reste de la journée fut consacré à de la paperasse en tout genre, comme une grande partie de la première semaine en fait. […] Et pourtant, les prémices de cette scolarité étaient prometteurs, les jours se suivaient et je devenais l'élève gardien de la paix Alpha Juliette »


Devoir de réserve respecté mais sans langue de bois. La maison d'édition a eu la bonne idée d'aider Juliette Alpha, par le biais de Mathieu Zagrodski, à rédiger ce livre, il m'a paru clair et bien construit.
Elle recadre la vision souvent erronée que l'on peut avoir du travail de la police, à cause des reportages à sensation, des séries télés et même des romans aussi bien documenté soit ils. J'ai appris et c'est exactement ce que je cherchais, avoir le quotidien et connaître les émotions que ces humains traversent pour que je n'ai pas moi, à les traverser. Pour m'être déjà fait interpeller parce que je ressemblais vaguement à une personne recherchée, c'est aussi assez violent en tant qu'innocent d'être plongé directement dans cette violence, pas physique mais moral. Pour mon cas c'est temporaire, mais eux y sont chaque jour et continuent.


« Au cours de cette première semaine, notre matricule nous a été communiqué. […] Alors oui, c'est très perturbant de n'être « qu'un numéro ». Mais très vite, j'ai compris que c'était une manière d'effacer notre identité personnelle, d'origine, pour laisser place à notre identité police, afin de nous apprendre à jongler entre les deux et à ne pas les mélanger. »


Même s'il y a de gros blocs de lecture, les chapitres sont courts donc le livre garde une bonne dynamique, l'écriture fait un peu « parlée » donc se lit, selon moi, plus rapidement, ça compense. Merci à France Culture pour la découverte, il est parti directement dans ma liste de souhait dont il est rapidement sorti grâce à Babelio et sa Masse Critique. Merci également aux éditions Hugo document pour s'être prêté au jeu.

Pour faire court ce que j'en retiens, et un manque de considération pour ce métier « couteau-suisse » qu'est Police secours, le manque de moyen humain et matériel pour qu'elles et ils puissent faire leur travail dans des conditions au moins correctes, et que flic c'est aussi un des rares métiers où, pour protéger sa famille, il vaut mieux écrire sous pseudonyme.

Je lui souhaite de s'épanouir dans son poste à la PJ et pourquoi pas une suite dans quelques années.
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