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Critique de Lililaluize


Peut-on s'emparer de textes comme ceux là ?
Peut-on juste oser la maladresse d'émettre une critique ?
Peut-on imaginer être calife à la place du calife en superposant nos mots aux siens ?
Mais avant tout, pouvons nous discerner les épreuves endurées par l'auteur ?
Y-a-il quelqu'un à convaincre ? La profondeur de ces pages doit-elle être soumise à une quelconque recommandation ? Une agitation enthousiaste ?
Doit-on commenter la forme ? La stylistique ? le vocabulaire ?

Je vais m'abstenir de tout ça, me retirer humblement, rester dans cette profonde admiration et un absolu respect,
économiser mes mots qui n'auraient pas leur place dans cette chronique et propager uniquement cette parole. La sienne. Celle d'Ahmet Altan.
.
***
"comme tous les opposants de ce pays, chaque soir je m'endormais imaginant qu'à l'aube, on frapperait à ma porte.
Je savais qu'ils viendraient.
Ils sont venus."


"J'étais dans une cage.
Mû par par une sorte d'effort instinctif, j'ai réussi à ne pas lâcher cette idée de mort. Horizon infini dont la puissance rend dérisoires jusqu'aux pires moments d'une vie.
Un jour, j'allais mourir.
Étrangement, penser à ma mort m' a tranquillisé.
J'allais mourir un jour.
Et quelqu'un qui va mourir ne saurait ce que la vie lui réserve. Vivant, comme chaque être humain, dans l'ombre des ailes noires de la mort, j'étais promis à retrouver un jour l'insignifiance du néant, et j'étais moi-même insignifiant, ce que j'avais vécu aussi, cette cellule aussi était insignifiante, mes soucis étaient insignifiants, insignifiant le mal qu'on m'avait fait"


" comme tous les écrivains, je veux oublier le monde et que le monde se souvienne de moi. Pour ce qui est du besoin d'oublier, disons-le sans crainte il relève d'un désir innocent partout bien vu toujours bien accueilli . Quant à celui de rester dans les mémoires il a moins bonne presse on le qualifie de vaniteux, il irrite vos contemporains. C'est l'image d'un mortel qui envie les pouvoirs des dieux. Et c'est vrai...
Mais quel mal y a-t-il à vouloir dérober le feu divin ? le sens de l'aventure humaine n'est-il pas d'égaler les dieux ?
Ne vit-on pas perpétuellement pris entre ce mouvement qui nous élève vers Dieu et c'est autre qui nous abaisse en l'homme, éclairant d'un côté le monde par des créations lumineuses qui veulent vaincre la mort, et nous roulant de l'autre dans la fange d'ambitions misérables qui visent à l'oublier ?
Pourquoi devrions-nous renoncer à ce que cette aventure a de déifiant ?"


" les combles de notre esprit grouillent d'un tas d'êtres que nous ignorons, inconnus, invisibles, ce sont eux qui viennent la nuit mettre sens dessus dessous tout ce que nous avons réussi à mettre en ordre dans la journée. Il se promènent tranquillement en nous, tellement à l'aise qu'on ne sait plus très bien si c'est nous ou bien eux les propriétaires des lieux.
De la baraque, en tout cas, nous ne sommes pas tout à fait maîtres, les rêves en sont la preuve. Chaque nuit nos visions nous transforment, chaque matin nous nous réveillons un peu nous mêmes, un peu quelqu'un d'autre. Mais malgré l'étrangeté glaçante d'une telle fêlure par où régulièrement s'engouffrent en nous les dieux comme les fous, c'est une réalité que nous acceptons naturellement à la force d'habitude et sans qu'elle de nous aliène.
Familier, je le suis moi aussi, comme chacun, tant des cauchemars que de l'extase, des envolés , de la peur et du désir. "


" j'ai écrit il y a des années ce que je vis maintenant. Je deviens le personnage d'un roman que j'ai moi-même écrit.
Un romancier qui vit dans son roman.
je me sens entraîné dans la spirale hurlante d'un tourbillon qui brasse dans un infini vertige, le roman et la vie, le réel et l'écrit, tour à tour et sans cesse emmêlés échangés, confondus.
Et si je suis l'oracle, je suis sa prophétie, et sa victime aussi.
Mes phrases peuvent tuer les vivants, elles peuvent ressusciter les morts.
Est-ce parce que je possède ce pouvoir commun à tous les écrivains que les dieux ont décidé de me châtier ?
Est-ce pourquoi je suis maudit, pour quoi on est en train de statuer sur mon sort ? "


" je suis au coeur d'une tempête.
Je rendrai coup pour coup.
Je serai courageux et me mépriserai de l'être.
Mes propres contradictions me déchireront.
Dans un trou j'écrirai, avec ma vie, ma propre odyssée.
Comme celle d'Ulysse, elle contiendra autant d'héroïsme que de lâcheté, de vertu que de ruse, de défaites que de victoires, mais ce sera mon aventure qui ne cessera qu'avec ma mort"

"J'écris cela dans une cellule de prison.
Mais je ne suis pas en prison.
Je suis écrivain.
Je ne suis ni là où je suis, ni là où je je suis pas.
Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'enfermerez jamais.
Car comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : Je passe sans encombre les murailles. "





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