Citations sur La vie de merde de mon père, la vie de merde de ma mère e.. (12)
Je suis venu au monde dans un cri de désespoir. Celui de ma mère. C’est en découvrant mon sexe que ce sanglot hystérique lui est sorti de la gorge. Signe d’une déception cruelle. Pour elle, tout ce qui était masculin – et quoi de plus masculin qu’un zob – était un symbole de bassesse et d’oppression, l’annonce d’un désenchantement sans fin. Le sexe n’avait jamais pu susciter son enthousiasme, la transporter dans un état de béatitude hébétée.
Parmi les rangées de livres, j’ai tout de suite repéré un espace vide. Le seul. Le Mein Kampf d’Adolf Hitler avait disparu. Une édition de 1939, signée par l’auteur. Linda n’en pinçait évidemment pas pour les nazis. Mais, comme tous les junkies, elle avait besoin d’argent. C’est ainsi qu’avec l’aplomb de ceux qui restent toujours à l’affût d’une occasion d’engranger des sous, elle avait su dénicher le seul ouvrage qui pouvait rapporter plus de 50 centimes au marché aux puces. Sur le marché noir, on en donnait à l’époque environ 4 000 marks. Ce qui suffisait pour lui payer au moins quarante shoots.