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Critique de Mermed


Mermed
03 décembre 2022
Il y a quelque chose de mystérieux dans les livres qui ont été brûlés sous les dictatures.

Savoir qu'un livre a été interdit nous incite toujours davantage à le découvrir. Capitaines des Sables est un roman écrit par Jorge Amado en 1937. Il n'avait que 25 ans lorsqu'il a publié pour la première fois l'histoire des enfants abandonnés dans les rues de Salvador, l'ancienne capitale brésilienne. En cette même année, plus de 800 exemplaires du livre ont été brûlés sur la place de Salvador par les autorités brésiliennes sous l'un des régimes les plus totalitaires du Brésil, sous prétexte que l'histoire présentait un danger pour la société. Et en effet, Amado (son nom de famille signifie littéralement "un être cher" en portugais !) a écrit une histoire impliquant des crimes commis par de jeunes enfants abandonnés, tels que le vol, le viol et la violence. Ce qui a agacé les autorités, c'est la cruelle vérité contenue dans le roman d'Amado sur la société brésilienne inégalitaire et ravagée.

Dès les premières lignes, nous sommes témoins de la pauvreté, du racisme, de la misogynie et de toutes sortes de discriminations. Capitaines des Sables n'est pas qu'une fiction, c'est également une représentation du Brésil au début du XXe siècle. Jorge Amado a décrit la réalité, celle qu'il connaissait le mieux, à Bahia où il est né et a grandi.

On commence par des lettres écrites par des personnes de différentes couches sociales, de la classe la plus basse des travailleurs analphabètes qui défendent les orphelins jusqu'à la classe la plus élevée des prêtres et des cadres. Ce qui différencie tous ces gens, c'est leur langue.

Ce qui nous captive dans Capitaines des Sables , c'est le langage riche, presque poétique, d'Amado. Ses descriptions font ressentir l'été doux et chaud de Bahia et ses nuits pluvieuses et sombres. Les références culturelles du livre ne vous décevront pas : capoeira, candomblé, feijoada, samba, mélange de cultures africaines et européennes, architecture portugaise et rues de pierre nous transportent immédiatement ..

Les derniers mots d'Amado ne sont que remarques ironiques et amères sur notre idée de la liberté.

Les Capitaines des Sables sont vraiment libres car "qui ne possède rien n'a rien à perdre".
Lien : http://holophernes.over-blog..
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