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Critique de gerardmuller


Les impatientes /Djaïli Amadou Amal / Prix Goncourt des lycéens 2020
C'est tout au nord du Cameroun, à Maroua, non loin de la frontière du Tchad, que se passe l'histoire sujet de ce roman, basée dur des faits réels.
Au sein des riches familles peules musulmanes, la patience est la vertu cardinale enseignée aux futures épouses. « Munyal » !, la patience, la seule valeur du mariage et de la vie ! Et malheur à celle qui osera aller contre le destin c'est-à-dire la volonté d'Allah ! Entre les hauts murs des concessions, ces grandes propriétés où règne rivalité polygames et violences conjugales, les femmes camerounaises, mères et filles sont condamnées au silence. Depuis leur naissance, et tout au long de leur vie, la coutume leur impose la retenue dans les relations avec leurs parents, au point qu'il est impossible de manifester une émotion, des sentiments.
L'histoire du mariage de Ramla marque le début des trois confessions de ces femmes soumises à leur mari et contraintes de subir les vexations et hypocrisies constantes des coépouses. Ramla est issue d'une famille nombreuse tenue d'une main de fer par le père qui a quatre épouses qui lui ont donné trente enfants dont nombre sont déjà mariés.
Pour sa mère, Ramla qui a dix-sept ans, est comme une extra-terrestre, car elle veut poursuivre des études après sa terminale scientifique, alors que ses soeurs ne pensent qu'aux robes de mariage. Tout au long de la préparation du mariage lui est ressassé comme toujours que le meilleur époux n'est pas celui qui chérit mais celui qui protège et qui est généreux. L'amour n'a pas sa place. Et elle découvrira bientôt avec désolation et horreur que son choix n'est pas celui de son père. Sa tante pour la consoler lui glisse : « N'épouse pas qui tu aimes. Épouse celui qui t'aime si tu veux être heureuse. »
Il est à remarquer que pourtant un des préceptes édictés par le Prophète stipule que le consentement d'une fille à son mariage est obligatoire. » Une fois encore le sens des sourates a été dévoyé.
La deuxième jeune femme à se confier n'est autre que la soeur de Ramla. Elle a nom Hindou et est mariée de force à son cousin, le fils du frère de son père qui devient donc son beau-père. Elle va sombrer dans la dépression et la folie, contrainte de piétiner ses rêves pour mieux embrasser ses devoirs conjugaux et pour subir la violence et la tyrannie d'un homme indigne.
C'est l'histoire de la coépouse, épouse principale du mari de Ramla qui clôt ce roman hallucinant. Elle s'appelle Safira, a trente-cinq ans, et raconte l'arrivée de Ramla comme deuxième épouse après vingt années de mariage avec son mari comme unique épouse. Il n'est pas question pour elle de partager son mari et elle va tout mettre en oeuvre pour éliminer Ramla sans jamais montrer qu'elle la déteste en tant que coépouse de son mari, allant pour ce faire recourir à toutes les superstitions et savoir des marabouts. Telle une araignée, elle va tisser inexorablement sa toile autour de l'innocente coépouse.
Ces trois femmes soumises à une obéissance absolue à leur mari rêvent toutes trois de s'affranchir de leur condition. Jusqu'où pourront-elles aller pour se libérer ?
Il faut noter la construction habile de ce roman au style simple et précis, avec l'évocation de la vie de chacune des trois femmes et notamment de Ramla racontant son ressenti dans la première partie, que l'on retrouve en troisième partie dans un face à face féroce et impitoyable avec Safira.
Quand on pense que ce sont des faits réels qui ont inspiré l'auteure, on ne peut qu'être au minimum abasourdi par ce que je considère comme un document, un témoignage qui ne peut que susciter colère, indignation et navrement. Quand je pense qu'il y a des lecteurs qui ont osé dire que ce livre ne fait que dénigrer une culture !!
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