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Critique de bousann


Douze heures avant est un véritable compte à rebours, au fil des heures, des tic-tacs, menant à l'acte de Dima; un attentat suicide proféré au nom de la vengeance d'humiliations et de blessures d'un peuple. Il s'inspire librement de l'histoire vraie de Rachel Levy et d'Ayat Al-Akhras. On suit Myriam, israélienne, et Dima, palestinienne, le temps d'une journée, leur dernière journée, rythmée de passages rétrospectifs et introspectifs. D'une part, l'érudit palestinienne essuyant avilissements et étant en quête de justice et d'autre part, l'israélienne en deuil de son ami et portant un véritable intérêt aux arbres et à leur photographie. Toutes deux vivent au sein du conflit israélo-arabe, toutes deux en sont marquées d'une façon ou d'une autre.

Certaines descriptions sont si frappantes; je pense notamment à la mort de Marwad et à ses petits pataugeant inconsciemment dans son sang, à la vie dans le camp de Deisha sans électricité et eau courante, à ces maisons détruites à coups de bulldozer, ce couvre-feu et ses règles douteuses par exemple ne pas prévenir les habitants qu'ils ont le droit d'aller faire leur course mais le leur dire quelques minutes avant l'autorisation, les enfants jouant dans les rues du camp se faisant interrompre par des soldats armés, les enfants imitant des rites funéraires et jouant à la guerre qui préoccupe les plus grands.

L'alternance des différents points de vue des personnages est intéressante dans la mesure où l'on comprend leurs ressentis, leurs opinions, leur révolte, leur haine et leurs peines. Même si je ne partageais par leurs pensées, j'ai fini par les comprendre en prenant en compte l'environnement dans lequel ils évoluaient.

La lecture est fluide mais l'écriture est simple, peut-être un peu trop simple, à mon goût. J'avais une impression de superficialité dans la description de moments où j'aurais voulu plus d'approfondissement.

L'auteur nous fait comprendre qu'un lien s'était créée entre Leila, la journaliste, et Dima qui suivait les informations mais qu'il se soit rompu après la tragique décision de cette dernière. C'est pourquoi j'ai trouvé très symbolique que cela soit Leila qui ait présenté le flash spécial concernant l'acte de Dima et qu'il ait été écrit qu'elle ne cherchait plus le regard de personne dans les foyers.

Le moment où Said racontait avoir vu la plus ancienne camarade de Dima pleurer et pensait qu'elle était la seule à avoir de la pitié pour la folie de l'acte de sa fille tandis que tous fêtaient ce martyr m'a marquée ; c'était comme si on sentait la réalité de la situation dans laquelle elle l'a désormais laissé, son incompréhension, sa douleur, ce pêle-mêle indescriptible. La réaction de Faris, le cousin et fiancé de Dima, m'a également touchée. le brouillon tourbillon dans lequel il se trouve, cette remise en question soudaine et ce regard lucide sur Deisha; ils célèbrent le suicide d'un membre de leur fratrie.

La dernière partie du roman avec Ghassan me parait floue, du moins ce qui est narré à ce moment-là. J'aime beaucoup la façon dont l'auteur a fait une sorte de métaphore sur les éclats de grenade qu'il a dans la tête à la suite d'un précédent accident de manipulation. Je trouve ce personnage intriguant, j'aimerais en comprendre davantage ; je sens qu'il y a quelque chose qui se cache derrière. Sa personne est réduite à son expertise en explosif bien qu'on sache à partir de quand et comment il a appris à manipuler et qu'on ait été pris dans ses doutes avant de lancer l'opération. C'est dommage. Il y a un brouillard qui me dérange et que j'aimerais éclaircir.

J'apprécie la réflexion d'Abraham sur les mots et les langages ; sa façon d'analyser les regards, l'idée que les mots ne soient pas assez forts pour permettre la compréhension mais qu'il faille plutôt prêter attention aux regards, aux gestes et aux expressions. >

En lisant, j'ai pensé qu'ils explosaient leur corps dans l'attente d'un coeur étouffé. Ils portent tous des plaies encore fraîches, non guéries, à la profondeur de plusieurs générations. Accumulation de haine, de vengeance.

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