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Critique de Yassleo


Quand Gallimard refuse la publication de la zone d'intérêt de son bad boy Martin Amis en prétextant un roman choquant et pas à la hauteur du sujet traité (l'Holocauste), große Schock et große Interrogazions se profilent dans le milieu littéraire. Mais le bon chevalier blanc, Calmann-Lévy, qui a flairé le buzz et le bon coup, s'empresse de consoler Amis et s'empare du bébé.
Cucul et naïve comme je suis, il n'en fallait alors pas plus pour attiser ma curiosité et me jeter sur ce livre polémique.
Allez, je vous épargne le suspens, mon verdict après lecture : encore une jolie tempête dans un verre d'eau. Ratage de Amis, point.

Avant tout, on plante le décor: retour donc en seconde Guerre mondiale dans un camp d'extermination double d'Auschwitz, avec trois personnages principaux et une cohorte sans fin de personnages secondaires, tertiaires et x-iaires.
Martin Amis choisit d'alterner les points de vue de ses trois protagonistes: un commandant de camp double de Rudolph Höss, un fonctionnaire allemand double de ces milliers d'officiers juste serviles et obéissants au petit taré moustachu et à ses sbires, et un détenu juif double de ces millions de malheureuses victimes de cette haine sans limite (Szmul pour être précis, et seul personnage qui mérite qu'on retienne son nom, humble hommage de ma part).
L'auteur nous présente la vie du camp dans une écriture cacophonique à la limite du supportable. Pour commencer, il nous noie en permanence sous du vocable allemand qu'on cherche à comprendre au début, puis qu'on zappe très vite, le sens important peu finalement puisqu'il s'agit davantage d'imprégner le lecteur de la deutsche rigueur que de lui faire réviser son lexique (Tiens, je serais curieuse de connaitre ce que donne la version allemande du bouquin du coup..). Ensuite, on passe régulièrement du coq-à-l'âne, et toute concentrée que j'étais pourtant, quantités de lignes me sont restées bien énigmatiques.
On est donc dans un inconfort de lecture permanent. Mais lorsqu'on choisit comme Martin Amis de traiter de l'Holocauste sous un angle satirique et provocateur, c'est fort regrettable: il serait plutôt souhaitable de ne pas perdre son lecteur sous peine de groß mécontentement, nicht? Toutefois, soyons juste, son humour grinçant pour ridiculiser l'idéologie nazie ne m'a pas incommodée pour autant connaissant la réputation sulfureuse de Amis qui n'en est pas à son coup d'essai.
Bon, finalement seuls les trop maigres chapitres consacrés à Szmul méritent un réel intérêt à mes yeux car sans ironie et emplis d'humanité dans ce ramassis de frivolités.

Malgré la postface dans laquelle l'auteur semble vouloir se justifier (on le ferait à moins) ou s'excuser (pourquoi pas, un moment de lucidité est toujours le bienvenu), je ne parviens toujours pas à élucider les intentions de Martin Amis sur ce choix thématique. Tout comme je ne comprends pas pourquoi ce roman est considéré comme chef-d'oeuvre outre-Manche, récompensé me semble-t-il qui plus est.

Pour moi donc: Gallimard 1 / Calmann-Lévy 0
Pfiou, ça fait du bien de jouer les arbitres, et ça console d'être cucul et naïve.
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