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Critique de gatsbi


Voici un petit post-apo assez récent dont je n'avais jamais entendu parler.
Le contexte : dans un avenir très proche, un virus frappe mortellement l'humanité, n'épargnant que les enfants. L'histoire se déroule en Sicile, quelques années seulement après l'apparition de ce fléau, qui est toujours une réalité. Quelques années, c'est à la fois peu et beaucoup. Ainsi, les orphelins ont pu survivre sans trop de peine en glanant les ressources alimentaires encore récupérables dans les villes et les champs laissés à l'abandon. D'un autre côté, la disparition des adultes (les Grands) a rapidement entrainé la chute de la civilisation, et l'émergence de comportements primitifs.


Dans ce cadre au périmètre bien défini (on ne s'intéressera pas aux causes du virus), nous suivons Anna et son jeune frère, depuis leur maison du domaine familial jusque sur le continent. Leur périple est pour eux une quête du sens de la vie et pour nous l'occasion de plonger dans ce monde moribond imaginé par l'auteur.

C'est un petit roman qui se lit facilement, en dépit de ses descriptions omniprésentes et de phrases parfois longuettes.


Tout paraît très classique dans ce roman (pour du post-apo) : le contexte et le cadre, la structure narrative, la trame construite autour de la quête personnelle, l'errance et les rencontres.

Le style m'a furieusement rappelé celui de Barjavel dans Ravage (un vieux classique du post-apo justement). On retrouve le poids des descriptions, le ton mélancolique, l'empreinte de la nature, la recherche de l'évocation avec l'omniprésence des métaphores. Malheureusement, le résultat est loin d'être aussi convaincant : là où Barjavel excelle avec son écriture légère et poétique, celle d'Ammaniti donne l'impression de sonner légèrement faux, et ce de manière récurrente. Un défaut qui pourrait passer inaperçu si une bonne part du roman n'était pas consacrée à la description des lieux et des personnages. J'imagine tout à fait un défaut de traduction (d'ailleurs, je commence à percevoir que les auteurs à métaphores sont probablement désavantagés quand vient le moment de traduire leurs textes).

Le déroulement de l'histoire est linéaire, simple et logique. Il est entrecoupé de nombreuses séquences de type flashbacks apportant parfois des éléments de contexte sur l'univers ou certains personnages. Ces séquences participent souvent à la mise en relief ou à l'explication d'un évènement particulier de la trame principale, et c'est assez réussi. En revanche, elles sont souvent un peu longues par rapport à l'effet recherché et se perdent parfois en digressions.


J'ai trouvé les personnages plutôt réussis. Avec une ado fille pour personnage principal, j'avais de grosses craintes. L'auteur a façonné des personnages très crédibles et agréables à suivre. Ainsi Anna est plutôt forte physiquement et de caractère (on ne s'attend pas à moins pour survivre aux épreuves qu'elle va traverser), et pour autant on voit bien comment, sous le coup de l'épuisement, ses forces l'abandonnent et sa volonté vacille. Aussi, elle est plutôt mature et futée, mais commet parfois des erreurs.

Autre réussite liée à celle des personnages, ce monde d'après est montré à travers les yeux d'enfants. On y voit leur naïveté, leur spontanéité, leur capacité d'adaptation, mais aussi leur cruauté et leur propension à se laisser influencer.


Je reste déçu de cette lecture. D'une part, les légers défauts d'écriture ne m'ont pas permis de m'immerger dans ce monde ou d'en ressentir l'atmosphère. Même les lieux, pourtant décrits longuement et systématiquement, je n'arrivais pas toujours à me les représenter précisément. D'autre part, à aucun moment l'émotion n'a décollé chez moi, malgré des personnages attachants et des scènes fortes. Quant au dénouement, ce n'en est pas vraiment un, ce qui m'a aussi agacé, même si je m'y attendais depuis un moment.

Les amoureux de la Sicile apprécieront spécialement ce roman qui fait la part belle à cette grande île.
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